Plus de quarante années au sein du Théâtre-Français, soit vous aigrissent pour le restant de votre existence, soit vous permet de publier le témoignage le plus original, le plus sincère, le plus salé-sucré sur la vie de la Maison de Molière. Ses hauts, ses bas, ses luttes intestines, ses bons mots, ses petits maux, ses succès, ses échecs (relatifs), ses admirations sincères et ses vérités à la petite semaine sans lesquelles la première scène de l’Hexagone ne serait pas ce qu’elle est.
Simon Eine fait partie de la cohorte prestigieuse des artisans du spectacle de la Comédie-Française. Entré dans la Maison en 1960, voilà une carrière exemplaire, discrète, d’une honnêteté sans tâche ni sans faille, droite comme une rapière d’un Cadet de Gascogne avec sa cohorte de rôles, petits ou grands, de mises en scène (on préfèrera pour toujours le mot régie) diversement accueillies mais qui aujourd’hui (quand on voit ce qu’on voit et qu’on entend ce que l’on entend) restent d’une approche, d’un classicisme inaltéré.
Avec la bonne foi d’un acteur de Marivaux, ce beau sociétaire, aujourd’hui honoraire, nous confie sa vie, ses fêlures, ses secrets. Ce fils de déportée ira lors d’une tournée, au milieu des années soixante-dix se recueillir, seul, dans la plus célèbre des sanguinaires poubelles concentrationnaires de Pologne. Sur les lieux où sa maman fut déportée, gazée et brûlée dès son arrivée. Voilà sans doute les pages les plus simples, les plus émouvantes jamais écrites sur l’affection et le souvenir. La postface se lit comme un atroce et déchirant cri d’amour. Inoubliable confession, grandiose déclaration.
Destiné un temps à la confection par son géniteur (qui parlait le yiddisch comme plus personne ne parle ni le nissard, ni le provençal aujourd’hui), Simon Eine a drôlement bien fait de se tourner vers le théâtre et suivre son instinct artistique.
Voyez un peu. Une voix haute, bien placée, bien timbrée, claire de diction, un port altier, une noblesse de ton et d’accent indéniables, ne pouvaient que le prédestiner, on s’en doute un peu, à la tragédie. Il jouera presque tout le répertoire, classique et moderne.
La comédie? A dose homéopathique. Maître Simon y fera merveille dans la racée, la précieuse, l’intelligente, celle qui fait pleureur parfois mais aussi beaucoup sourire l’âme et le cœur. Marivaux bien sûr, presque au-dessus de tous, puis Molière (les vingt-six pages consacrées au Misanthrope devraient être étudiées dans tous les conservatoires) et Musset. On peut retrouver sa délicate et intelligente approche de "Badine" en DVD aux Éditions Montparnasse.
Dès lors, le Français sera naturellement sa seconde famille, avec comme partout, ses gentils et mauvais membres (enfin, ceux que l’on aime le plus ou le moins).
Plaisir de savourer les nombreuses anecdotes qui parsèment ce témoignage unique. On ne s’en lasse pas. Jetez-vous sur les adieux de Maurice Escande dans Cinna! Tranche de rire garantie.
Larmes amères par contre en apprenant l’homophobie notoire d’un Doyen (moyen et oublié) qui devait quand même trouver certains avantages à travailler dans la Maison "d’Homolière" comme le clamaient certains chansonniers.
Surprise par contre d’apprendre le silence d’un Jean Vilar. Simon Eine au T.N.P. (il y fut très tôt un admirateur inconditionnel), cela aurait eu de la "gueule"…
Hommages sincères enfin à ses collègues où passe l’ombre des Charron, Deiber, Gence, Boutté… On ne peut tous les citer.
Respect et adoration à une troupe passée et future, une époque, une certaine manière du goût du travail bien fait, du respect du public. De l’amour des planches et des grands textes. Où l’on apprend avec stupéfaction qu’il est souvent plus difficile qu’on ne le croit de monter une pièce en un acte qu’une tragédie en cinq. Des étoiles plein les poches? Et le soleil au cœur…
DES ÉTOILES PLEIN LES POCHES…
SIMON EINE (Riveneuve Éditions - Archimbaud Éditeur)
Simon Eine fait partie de la cohorte prestigieuse des artisans du spectacle de la Comédie-Française. Entré dans la Maison en 1960, voilà une carrière exemplaire, discrète, d’une honnêteté sans tâche ni sans faille, droite comme une rapière d’un Cadet de Gascogne avec sa cohorte de rôles, petits ou grands, de mises en scène (on préfèrera pour toujours le mot régie) diversement accueillies mais qui aujourd’hui (quand on voit ce qu’on voit et qu’on entend ce que l’on entend) restent d’une approche, d’un classicisme inaltéré.
Avec la bonne foi d’un acteur de Marivaux, ce beau sociétaire, aujourd’hui honoraire, nous confie sa vie, ses fêlures, ses secrets. Ce fils de déportée ira lors d’une tournée, au milieu des années soixante-dix se recueillir, seul, dans la plus célèbre des sanguinaires poubelles concentrationnaires de Pologne. Sur les lieux où sa maman fut déportée, gazée et brûlée dès son arrivée. Voilà sans doute les pages les plus simples, les plus émouvantes jamais écrites sur l’affection et le souvenir. La postface se lit comme un atroce et déchirant cri d’amour. Inoubliable confession, grandiose déclaration.
Destiné un temps à la confection par son géniteur (qui parlait le yiddisch comme plus personne ne parle ni le nissard, ni le provençal aujourd’hui), Simon Eine a drôlement bien fait de se tourner vers le théâtre et suivre son instinct artistique.
Voyez un peu. Une voix haute, bien placée, bien timbrée, claire de diction, un port altier, une noblesse de ton et d’accent indéniables, ne pouvaient que le prédestiner, on s’en doute un peu, à la tragédie. Il jouera presque tout le répertoire, classique et moderne.
La comédie? A dose homéopathique. Maître Simon y fera merveille dans la racée, la précieuse, l’intelligente, celle qui fait pleureur parfois mais aussi beaucoup sourire l’âme et le cœur. Marivaux bien sûr, presque au-dessus de tous, puis Molière (les vingt-six pages consacrées au Misanthrope devraient être étudiées dans tous les conservatoires) et Musset. On peut retrouver sa délicate et intelligente approche de "Badine" en DVD aux Éditions Montparnasse.
Dès lors, le Français sera naturellement sa seconde famille, avec comme partout, ses gentils et mauvais membres (enfin, ceux que l’on aime le plus ou le moins).
Plaisir de savourer les nombreuses anecdotes qui parsèment ce témoignage unique. On ne s’en lasse pas. Jetez-vous sur les adieux de Maurice Escande dans Cinna! Tranche de rire garantie.
Larmes amères par contre en apprenant l’homophobie notoire d’un Doyen (moyen et oublié) qui devait quand même trouver certains avantages à travailler dans la Maison "d’Homolière" comme le clamaient certains chansonniers.
Surprise par contre d’apprendre le silence d’un Jean Vilar. Simon Eine au T.N.P. (il y fut très tôt un admirateur inconditionnel), cela aurait eu de la "gueule"…
Hommages sincères enfin à ses collègues où passe l’ombre des Charron, Deiber, Gence, Boutté… On ne peut tous les citer.
Respect et adoration à une troupe passée et future, une époque, une certaine manière du goût du travail bien fait, du respect du public. De l’amour des planches et des grands textes. Où l’on apprend avec stupéfaction qu’il est souvent plus difficile qu’on ne le croit de monter une pièce en un acte qu’une tragédie en cinq. Des étoiles plein les poches? Et le soleil au cœur…
DES ÉTOILES PLEIN LES POCHES…
SIMON EINE (Riveneuve Éditions - Archimbaud Éditeur)