SIEL-SATIS-RADIO 2008, UN NOUVEL ÉVÉNEMENT EST NÉ

En tant qu’intermittent (il est vrai en difficulté) je suis moi-même devenu membre de kinorezo. A...  

En tant qu’intermittent (il est vrai en difficulté) je suis moi-même devenu membre de kinorezo. Après plusieurs mois d'inscription, mon sentiment est le suivant : je m'interroge sur le modèle économique de cette initiative. En effet, passé le premier mois qui est gratuit, les accès aux offres d'emploi ne sont permis que si on s'acquitte d'un abonnement (22,50 euro pour 3 mois, 40 euro pour six mois et 70 euro pour un an). Ce n’est pas donné les montants, surtout quand on est demandeur d'emploi ! Mais que dire de la tarification du côté des entreprises ? Entre 500 euros d'entrée de gamme, jusqu'à 1800 euros pour toutes les options ! Et ce, juste pour un réseau qui n'atteint pas pour l'instant les cinq mille membres ? C'est largement plus onéreux qu'un Viadéo (7 millions de membres, dont beaucoup de gens du spectacle par conséquent). Et, petit détail qui a son importance, les offres d'emploi proposées sur Kinorezo ne sont ni plus ni moins qu'un copié/coller des parutions gratuites sur le web (genre Bourse à l'Emploi, etc.). Le modèle économique de Kinorezo semble tout azimut : de l'argent public, des abonnements pour les demandeurs d'emploi, des annonceurs, et même des demandes de dons. Bref, le beurre et l'argent du beurre...

Kinorezo affirme avoir été financé par le Fond de professionnalisation et de solidarité des métiers du spectacle. Malgré mes nombreuses demandes, je n’ai jamais réussi à savoir le montant exact. Il paraîtrait que le montant serait de 70.000 euros. Je tiens cette somme d'un responsable de communication à l'INA. Si ce n'est pas une erreur, il faudrait m’expliquer pourquoi Kinorezo est ensuite payant pour les demandeurs d'emploi, les intermittents fragilisés, puisque par le simple fait que cette prébende publique a été versé c'est que cette entité était sensée avoir un rôle vis à vis de cette population dont le statut spécifique a été, cela va sans dires, largement fragilisé ces dernières années.

Face à ces différentes questions, Kinorezo m’a répondu qu’il n’était pas un site d’emploi, et d’annonce, que son offre était globale. Mais cette réponse joue sur les mots et reste insatisfaisante. Kinorezo affirme pourtant que sa mission première est de fluidifier, dynamiser, le secteur de l'emploi. Pour ce faire, il me semble que le concept de son site est bien celui du networking, non ? Peut-être que je me trompe ? Il faudrait alors m'expliquer quel est le rôle de Kinorezo si rien de cette entreprise ne vise à l'emploi, d'une manière ou d'une autre. Autant être transparent alors, ne serait-ce pour les Fonds que Kinorezo a perçu.

Kinorezo dit que l’inscription sur son site est gratuite. En tant que membre, je confirme que oui, Kinorezo est gratuit pendant un mois. Et ensuite, non, Kinorezo ne l’est plus. Soyons concret. Je tape l’url de Kinorezo dans mon navigateur. Je renseigne mes login et mot de passe. Ma page s'ouvre. J'ai dépassé effectivement le mois de gratuité et je vais concrètement vous dire ce qui est resté « gratuit » pour moi actuellement.

Je clique sur « Les offres (d'emploi) », et là, pour chaque annonce il est écrit comme message : « Pour accéder à cette offre vous devez être membre actif ! Cliquez ici pour devenir membre actif ! ». Je clique donc, et il m'est proposé de souscrire (22,50 euro pour 3 mois, 40 euro pour six mois et 70 euro pour un an). Je reviens sur la page d'accueil, je vois un membre qui m'intéresse, je clique dessus : je ne peux ni l'ajouter à mes contacts, ni lui envoyer un message, ni lui demander une recommandation. Je suis juste redirigé sur la page tarif citée plus haut. Je retourne à la page d'accueil, et je clique cette fois sur la rubrique actualité. Et là, pareil : « Pour accéder à cette actu vous devez être membre actif ! ». Même pour lire une actu il faut passer à la caisse. J'espère que les actualités de Kinorezo sont de première main (Kinorezo a un service de presse ? Des journalistes ?). Car si c'est comme la rubrique emploi : payante pour des offres que Kinorezo reprend à d'autres sites (qui eux sont vraiment gratuits), je suis alors en droit de concevoir de sérieux doutes sur l'honnêteté de cette entité privée subventionnée par nos deniers sociaux (oui, avec notre argent !).

Mais je vais allez dans le sens de Kinorezo : oui, je conserve en tant que membre ayant dépassé la gracieuse gratuité du premier mois d'usage une gratuité je dirais « relative », puisque je peux effectivement éditer mon profil, changer mes infos personnelles, etc. Oui, heureusement que Kinorezo ne fait pas payer ce qui tombe sous le sens. Par les temps qui courent, que restera t-il de gratuit à l'avenir pour nous autres laborieux des métiers du spectacle ?

J'ai une autre question à poser à Kinorezo. J'ai reçu cette semaine un courrier du Fond de professionnalisation et de solidarité (notez bien ce mot : « solidarité »). Je leur avais demandé un soutien pour une association qui oeuvre pour la solidarité dans l'intermittence. Hé bien cette demande a été rejetée. Je vous lis exactement ce qui est stipulé pour percevoir quelque chose du Fond de professionnalisation (dont la gestion a été confiée à Audiens) : « Les aides professionnelle sont par nature liées à un objectif de faciliter le retour à l'emploi des artistes et techniciens en situation difficile et pour qui ces aides sont indispensables. Elle ne peuvent être attribuées qu'à des personnes physiques, sont donc exclus les structures associatives, les groupes et les troupes. ». Vous avez bien lu : « Elle ne peuvent être attribuées qu'à des personnes physiques, sont donc exclus les structures associatives, les groupes et les troupes. » ! Donc, ce qui est refusé au titre d’une entité associative, expliquez-moi pourquoi cela ne s'est pas appliqué à vous, Kinorezo, qui êtes une entreprise avec une logique d'entreprise, de rendement, de chiffre d'affaire, etc. ?

Au final, vous avez touché une enveloppe provenant de subsides sociaux alors que vous ne faites pas montre d'une logique sociale, solidaire. Vous ne remplissez aucunement une mission d'accompagnement à l'emploi, de résolution de la situation des intermittents, en échange de la subvention que vous avez perçue, puisque vous faites payer les intermittents. Bref, vous encaissez indûment des deux côtés. Expliquez-moi en quoi il n’y a pas quelque chose de profondément choquant, malhonnête, dans votre logique ?