Aux origines du projet
La Vallée des Saints n'offre pas d'ordre préconçu de visite. Chacun est libre d'y déambuler comme bon lui semble tout en invitant à la contemplation et à la remémoration des légendes bretonnes. / © E.V
Un jour Sébastien Minguy, cadre du secteur bancaire, rencontra Phillipe Abjean, philosophe et enseignant. Ce dernier lui raconta une histoire très claire mais peu conventionnelle. Afin de redonner un souffle à la culture régionale bretonne, il s’agissait d’ériger 7 statues monumentales des saints fondateurs de la région: Saint-Pol, Saint-Brieuc, Saint-Malo, Saint-Samson, Saint-Corentin, Saint-Tugdual et Saint-Paterne. Ceux-ci sont également célébrés lors du pèlerinage annuel du Tro Breiz, ou "tour de Bretagne".
Après la création d’une association dédiée au projet en 2008, pour laquelle Sébastien Minguy entreprend un "bénévolat actif", le projet voit le jour en 2009 avec le lancement d’un premier chantier de sculptures à Saint-Pol-de-Léon (Finistère Nord). Sept sculpteurs se chargent de la représentation desdits saints.
Le projet enthousiasme plusieurs communes bretonnes, qui se proposent d’accueillir les œuvres produites. Après plusieurs visites, Carnoët est choisie en raison du panorama à 360° qu’elle offre sur les environs. Le caractère historique du lieu retient également l’attention des instigateurs du projet. Une motte féodale surplombant le site (233m de hauteur) signale la présence d’un village de garde gallo-romain, surmonté d’une tour de guet en bois, datée du XIe siècle. En contrebas, la chapelle de Saint-Gildas, classée monument historique, comporte une fontaine où venaient se faire bénir les chevaux.
"Il y avait ici de grands rassemblements druidiques à la fin XIXe siècle et au début du XXe siècle. Des fouilles archéologiques ont mis à jour un grand nombre de vestiges romains. C’est un site riche d’une histoire que l’on peut raconter en dehors de l’épopée des saints bretons. De plus, le maire de l’époque, Rémi Lorinquer, avait préservé le terrain et était détenteur de précieuses informations sur la mémoire du lieu", expose Sébastien Minguy, co-fondateur de la Vallée des Saints.
Après la création d’une association dédiée au projet en 2008, pour laquelle Sébastien Minguy entreprend un "bénévolat actif", le projet voit le jour en 2009 avec le lancement d’un premier chantier de sculptures à Saint-Pol-de-Léon (Finistère Nord). Sept sculpteurs se chargent de la représentation desdits saints.
Le projet enthousiasme plusieurs communes bretonnes, qui se proposent d’accueillir les œuvres produites. Après plusieurs visites, Carnoët est choisie en raison du panorama à 360° qu’elle offre sur les environs. Le caractère historique du lieu retient également l’attention des instigateurs du projet. Une motte féodale surplombant le site (233m de hauteur) signale la présence d’un village de garde gallo-romain, surmonté d’une tour de guet en bois, datée du XIe siècle. En contrebas, la chapelle de Saint-Gildas, classée monument historique, comporte une fontaine où venaient se faire bénir les chevaux.
"Il y avait ici de grands rassemblements druidiques à la fin XIXe siècle et au début du XXe siècle. Des fouilles archéologiques ont mis à jour un grand nombre de vestiges romains. C’est un site riche d’une histoire que l’on peut raconter en dehors de l’épopée des saints bretons. De plus, le maire de l’époque, Rémi Lorinquer, avait préservé le terrain et était détenteur de précieuses informations sur la mémoire du lieu", expose Sébastien Minguy, co-fondateur de la Vallée des Saints.
Une courbe exponentielle
Chantier de sculpture 2047. Les blocs dans lesquels sont taillés les sculptures nécessitent la mise en place d'échafaudages car ils mesurent en moyenne entre 3 et 5 mètres pour un poids final entre 10 et 15 tonnes / © Sébastien Minguy
Petit à petit, le projet a pris de l’ampleur, les chantiers de sculptures sont passés de 1 à 2, 3, 4 par an, avec pour objectif de réinterpréter les légendes bretonnes à partir de l’histoire personnelles des sculpteurs. Plus de 130 sculptures ont ainsi vu le jour en 11 ans. Le granit local, de rigueur, offre plusieurs teintes : Bleu de Lanhélin, Rose de la Clarté, Gris de Louvigné… Seule la plus haute sculpture de la Vallée des Saints fait exception à la règle. "Notre sculpteur indien Seenu Shanmugam l’a conçue en grès d’Erquy, une autre matière emblématique de la Bretagne. Il existait cet unique bloc dans une carrière et l’un de nos mécènes souhaitait raconter une histoire particulière. C’est ainsi qu’est né saint Denoual, haut de 7m ! ", raconte Sébastien Minguy.
Si ce projet un peu fou vise à peupler la vallée de près de 1000 sculptures d’ici 50, 100 ans ou plus, les œuvres ne sont pas l’apanage d’une seule personne. Chaque chantier voit la création de 5 à 6 sculptures par des artistes venus du monde entier : Asturies, Inde, Syrie, Portugal, France. "1 sculpture, 1 sculpteur, 30 jours. L’objectif est le même pour tous, avec la difficulté de travailler le granit, qui est loin d’être une matière tendre. Logés en résidence pendant un mois, ils s’entraident les uns les autres en cas de difficulté technique, ou de baisse de moral ", souligne le directeur des lieux.
Mais encore ? Le système des chantiers de sculpture de la Vallée des Saints se veut inclusif et forme de nouveaux talents chaque année. "Les sculpteurs déjà représentés sur les lieux repèrent des artistes extérieurs, engagés sur du monumental. Ils les font venir avec eux pendant un chantier ou deux. Le sculpteur référent nous informe au bout d’un certain temps que son "apprenti " est prêt et qu’il peut à son tour créer une sculpture. Les mécènes sont en effet plus favorables au financement d’une seconde sculpture, s’ils peuvent observer une première réalisation du sculpteur".
Si ce projet un peu fou vise à peupler la vallée de près de 1000 sculptures d’ici 50, 100 ans ou plus, les œuvres ne sont pas l’apanage d’une seule personne. Chaque chantier voit la création de 5 à 6 sculptures par des artistes venus du monde entier : Asturies, Inde, Syrie, Portugal, France. "1 sculpture, 1 sculpteur, 30 jours. L’objectif est le même pour tous, avec la difficulté de travailler le granit, qui est loin d’être une matière tendre. Logés en résidence pendant un mois, ils s’entraident les uns les autres en cas de difficulté technique, ou de baisse de moral ", souligne le directeur des lieux.
Mais encore ? Le système des chantiers de sculpture de la Vallée des Saints se veut inclusif et forme de nouveaux talents chaque année. "Les sculpteurs déjà représentés sur les lieux repèrent des artistes extérieurs, engagés sur du monumental. Ils les font venir avec eux pendant un chantier ou deux. Le sculpteur référent nous informe au bout d’un certain temps que son "apprenti " est prêt et qu’il peut à son tour créer une sculpture. Les mécènes sont en effet plus favorables au financement d’une seconde sculpture, s’ils peuvent observer une première réalisation du sculpteur".
Diversité et créativité
Entre le IVe siècle et le VIIIe siècle, de grandes vagues de migration de Gallois, d’Écossais et de Cornouaillais ont eu lieu vers l’Armorique, qui n’était pas encore appelée "Bretagne". Ces nouveaux arrivants, porteurs d’une fervente foi catholique, ont créé des ermitages autour desquels s’est développée leur communauté. L’appellation de "saint" leur était délivrée par cette communauté, révérant son fondateur. Un peu partout dans la région, on observe donc une toponymie commune des lieux: tous les noms de ville qui commencent par "an" attestent de l’existence d’un ermitage à cet endroit, "lan" signifiant "ermitage de".
Le cahier des charges des sculpteurs est simple, l’identité du saint doit être matérialisée par un visage, et un de ses attributs, au minimum. Tout le reste laisse libre cours à l’imagination du sculpteur : style, forme et finition. "La Vallée des Saints encourage la création, nous ne faisons pas de reproduction d’éléments préexistants ailleurs. Nous souhaitons que l’artiste tout autant que les visiteurs se réapproprient les légendes, tout en respectant les faits historiques réunis au préalable" , commente Sébastien Minguy.
On ne s’étonne donc pas de tomber sur saint Komgall, double de la mascotte du club de foot "En avant" de Guingamp, doté d’un filet de pêche étonnamment rond ; de déceler des clins d’œil à la culture des festivals de musique de la région (bottes montantes et bague tête de mort pour saint Roch). La tradition des saints, elle-même très diverse, favorise la figuration d’éléments intrigants et amusants : saint Nikodem, prié pour la protection des porcelets, tient dans ses mains une tête de petit cochon, sainte Gwenn, priée pour favoriser les naissances, se voit dotée de trois seins nourrissant ses triplés, les saints céphalophores tels sainte Trifin ou saint Treveur déambulent en portant leur tête…
Grâce aux quelques 4500 mécènes du projet de la Vallée des Saints, la pérennité financière est assurée. « Nos financeurs comptent 85 % de familles et 15 % d’entreprise, désireuses de financer une œuvre... Souvent, plusieurs membres d’une famille se réunissent et portent leur choix sur tel ou tel saint, parce que son histoire leur parle, ou parce que c’est le saint patron de leur village. Ils choisissent ensuite un sculpteur du site qu’ils rencontrent, et avec lequel ils échangent. Si tout le monde est d’accord, on signe une convention et une nouvelle sculpture voit le jour", conclut avec enthousiasme Sébastien Minguy.
Alors, à quand la vôtre ?
Le cahier des charges des sculpteurs est simple, l’identité du saint doit être matérialisée par un visage, et un de ses attributs, au minimum. Tout le reste laisse libre cours à l’imagination du sculpteur : style, forme et finition. "La Vallée des Saints encourage la création, nous ne faisons pas de reproduction d’éléments préexistants ailleurs. Nous souhaitons que l’artiste tout autant que les visiteurs se réapproprient les légendes, tout en respectant les faits historiques réunis au préalable" , commente Sébastien Minguy.
On ne s’étonne donc pas de tomber sur saint Komgall, double de la mascotte du club de foot "En avant" de Guingamp, doté d’un filet de pêche étonnamment rond ; de déceler des clins d’œil à la culture des festivals de musique de la région (bottes montantes et bague tête de mort pour saint Roch). La tradition des saints, elle-même très diverse, favorise la figuration d’éléments intrigants et amusants : saint Nikodem, prié pour la protection des porcelets, tient dans ses mains une tête de petit cochon, sainte Gwenn, priée pour favoriser les naissances, se voit dotée de trois seins nourrissant ses triplés, les saints céphalophores tels sainte Trifin ou saint Treveur déambulent en portant leur tête…
Grâce aux quelques 4500 mécènes du projet de la Vallée des Saints, la pérennité financière est assurée. « Nos financeurs comptent 85 % de familles et 15 % d’entreprise, désireuses de financer une œuvre... Souvent, plusieurs membres d’une famille se réunissent et portent leur choix sur tel ou tel saint, parce que son histoire leur parle, ou parce que c’est le saint patron de leur village. Ils choisissent ensuite un sculpteur du site qu’ils rencontrent, et avec lequel ils échangent. Si tout le monde est d’accord, on signe une convention et une nouvelle sculpture voit le jour", conclut avec enthousiasme Sébastien Minguy.
Alors, à quand la vôtre ?
Les Saints de Bretagne retrouvés.mp3 (526.48 Ko)