Photo courtoisie (c) DR
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Opéras de poche? Opéras minute? Jeux de miroirs? Clins d’œil? Farces sauce italo-américaine? Un peu tout cela les deux opéras de Menotti présentés ce mois-ci à Garnier...
Avec "Amelia au Bal" et le "Téléphone", on ne peut pas dire qu’on sort de la soirée avec une migraine. Et pourtant. Voilà bel et bien l’exemple de petits bijoux surréalistes très représentatifs du talent du compositeur.
Car on rit souvent et c’est tant mieux, avec cette Amelia qui va faire des pieds et des mains pour aller au bal, et ce, à tout prix, même s’il faut pour arriver au but se débarrasser de son amant et de son mari, pour finalement partir au bras d’un commissaire de police, initialement chargé de démêler l’imbroglio dans lequel les protagonistes se sont englués.
La musique piquante comme une mouche virevolte, délibérément inspirée des archétypes de l’opéra-comique italien, de Rossini à Wolf-Ferrari. Y voir surtout un arrangement théâtral qui fonctionne. Ne cherchons donc pas midi à quatorze heures et laissons-nous entraîner dans ce tourbillon qui renvoie aux meilleures bandes de films comiques du cinéma muet ou parlant.
Avec le "Téléphone" (moins de trente minutes de musique), Menotti, bien avant Poulenc et sa "Voix Humaine" place son héroïne Lucy devant un dilemme: choisir entre son téléphone et son amant.
Gag: ce dernier trouvera la solution en lui demandant sa main par téléphone! Fallait y penser, tout simplement.
Ici, la partition lorgne vers Cimarosa, Pergolèse, Stravinsky et Prokofiev. Plutôt qu’un simple copier-coller, un fritto misto du meilleur goût pour des pages délectables. C’est fin, c’est très fin, ça se consomme sans faim pour reprendre une réplique célèbre…
On peut imaginer le plaisir et la complicité de Jean-Louis Grinda et Placido Domingo (oui LUI, le seul, le vrai, l’unique ténor-baryton aux 150 rôles) pour monter et diriger ces deux mini comédies-musicales où sont, mine de rien, égratignés sans griffer les défauts d’une certaine société.
Dans un écrin luxueux, lumineux mélange d’art déco et design, simple comme un bonjour, Jean-Louis Grinda sait trouver pour ses chanteurs un naturel, une liberté de jeu pour que tous habitent leur personnage dans un tourbillon de réjouissante complicité.
Les décors de Manuel Zuriaga et les costumes de José Maria Adame sont un régal pour l’œil et l’esprit (la production vient du Palau de les Arts "Reine Sofia" de Valence).
Placido Domingo démontre son intime connaissance avec ces opérettes. Plein de prévenance pour les chanteurs, ne cherchant jamais à couvrir les voix, tenant fosse et plateau dans un gant de velours, notre monstre sacré du lyrique revivifie ces pages délectables pour trouver çà et là ce côté "american musical" sans lequel la soirée tombe dans l’ennui.
Au final Menotti est apparu sous un jour nouveau qui a de quoi faire réfléchir ceux qui le tiennent en piètre estime.
Norah Amsellem (au grand soprano lyrique et bien en place) campe une garce drolatique et têtue comme une mule. Javier Arrey son mari, Ioan Hotea son acrobatique amant se tirent avec tous les honneurs de leurs grands "airs" à la redoutable facilité. Imposant également le flic de Giovanni Furlanetto. Tous s’entendent fort bien à coups de malices réglées avec une précision d’horlogerie helvétique. Petit chœur rigolo comme pas deux, efficace, concerné.
Du trio moderne (la femme, son téléphone, son prétendant), c’est quand même Micaëla Oeste et Aldo Heo qui en sortent vainqueur…
Bon sang ne saurait mentir. Au risque de radoter, Monte-Carlo prouve encore une fois, de belle manière, qu’avec une mise en scène spirituelle, des décors astucieux et une distribution homogène, constituée, non de stars hyper médiatisées, mais de chanteurs simplement talentueux et fort bons comédiens, il est possible de réussir une soirée idéale.
Avec "Amelia au Bal" et le "Téléphone", on ne peut pas dire qu’on sort de la soirée avec une migraine. Et pourtant. Voilà bel et bien l’exemple de petits bijoux surréalistes très représentatifs du talent du compositeur.
Car on rit souvent et c’est tant mieux, avec cette Amelia qui va faire des pieds et des mains pour aller au bal, et ce, à tout prix, même s’il faut pour arriver au but se débarrasser de son amant et de son mari, pour finalement partir au bras d’un commissaire de police, initialement chargé de démêler l’imbroglio dans lequel les protagonistes se sont englués.
La musique piquante comme une mouche virevolte, délibérément inspirée des archétypes de l’opéra-comique italien, de Rossini à Wolf-Ferrari. Y voir surtout un arrangement théâtral qui fonctionne. Ne cherchons donc pas midi à quatorze heures et laissons-nous entraîner dans ce tourbillon qui renvoie aux meilleures bandes de films comiques du cinéma muet ou parlant.
Avec le "Téléphone" (moins de trente minutes de musique), Menotti, bien avant Poulenc et sa "Voix Humaine" place son héroïne Lucy devant un dilemme: choisir entre son téléphone et son amant.
Gag: ce dernier trouvera la solution en lui demandant sa main par téléphone! Fallait y penser, tout simplement.
Ici, la partition lorgne vers Cimarosa, Pergolèse, Stravinsky et Prokofiev. Plutôt qu’un simple copier-coller, un fritto misto du meilleur goût pour des pages délectables. C’est fin, c’est très fin, ça se consomme sans faim pour reprendre une réplique célèbre…
On peut imaginer le plaisir et la complicité de Jean-Louis Grinda et Placido Domingo (oui LUI, le seul, le vrai, l’unique ténor-baryton aux 150 rôles) pour monter et diriger ces deux mini comédies-musicales où sont, mine de rien, égratignés sans griffer les défauts d’une certaine société.
Dans un écrin luxueux, lumineux mélange d’art déco et design, simple comme un bonjour, Jean-Louis Grinda sait trouver pour ses chanteurs un naturel, une liberté de jeu pour que tous habitent leur personnage dans un tourbillon de réjouissante complicité.
Les décors de Manuel Zuriaga et les costumes de José Maria Adame sont un régal pour l’œil et l’esprit (la production vient du Palau de les Arts "Reine Sofia" de Valence).
Placido Domingo démontre son intime connaissance avec ces opérettes. Plein de prévenance pour les chanteurs, ne cherchant jamais à couvrir les voix, tenant fosse et plateau dans un gant de velours, notre monstre sacré du lyrique revivifie ces pages délectables pour trouver çà et là ce côté "american musical" sans lequel la soirée tombe dans l’ennui.
Au final Menotti est apparu sous un jour nouveau qui a de quoi faire réfléchir ceux qui le tiennent en piètre estime.
Norah Amsellem (au grand soprano lyrique et bien en place) campe une garce drolatique et têtue comme une mule. Javier Arrey son mari, Ioan Hotea son acrobatique amant se tirent avec tous les honneurs de leurs grands "airs" à la redoutable facilité. Imposant également le flic de Giovanni Furlanetto. Tous s’entendent fort bien à coups de malices réglées avec une précision d’horlogerie helvétique. Petit chœur rigolo comme pas deux, efficace, concerné.
Du trio moderne (la femme, son téléphone, son prétendant), c’est quand même Micaëla Oeste et Aldo Heo qui en sortent vainqueur…
Bon sang ne saurait mentir. Au risque de radoter, Monte-Carlo prouve encore une fois, de belle manière, qu’avec une mise en scène spirituelle, des décors astucieux et une distribution homogène, constituée, non de stars hyper médiatisées, mais de chanteurs simplement talentueux et fort bons comédiens, il est possible de réussir une soirée idéale.