Du 18 au 28 juillet, la réalisatrice Auréla Mengin représentera la France et La Réunion au Festival International du film de Durban en Afrique du Sud. © Aurélia Mengin
Votre film "Fornacis" comment le définiriez-vous, expérimental, fantastique, intello ?
"FORNACIS" est un film métis qui mélange la romance, la poésie, le fantastique, l'esthétisme et l’expérimental. C’est d’abord un film sur l'émotion, sur le deuil. Il n'est pas intellectuel. Il n'essaie pas de matérialiser ni d'intellectualiser la mort, la solitude et l’abandon. J’invite juste à vivre une expérience sensorielle et un voyage en émotion sur la perte d’un être aimé.
Vous accompagnez le spectateur dans une histoire dramatique tout en le plongeant dans un univers onirique, c’est un mélange saisissant et plutôt réussi.
Plus le message est violent et plus je veux qu'il soit beau à l'image. J’ai ce besoin là parce que j'aime l'esthétisme. J’hypnotise les gens par ce biais pour que la douleur soit moins forte. Je ne fais pas dans le minimaliste mais dans le rêve, le surréalisme.
Dans le milieu du cinéma on ne cesse de faire des comparaisons, à quelle réalisatrice ou quel réalisateur vous compare-t-on?
On me compare à Alejandro Jodorowsky, c'est le pape de l’audace, du surréalisme, du cinéma visionnaire. C'est un réalisateur multitâche et hors cases. Certains trouvent aussi que mes films se rapprochent des univers de Nicolas Winding Refn.
Parmi les artistes contemporains qui vous ont influencé, votre père Vincent Mengin est premier sur la liste, non ?
(Avant de répondre, elle sourit) Il m’a nourrie et m’a construite toute mon enfance à travers son travail. J'ai eu la chance de côtoyer beaucoup d'artistes dans la galerie d'art contemporain de mes parents qu’ils ont bâti il y a presque 40 ans à l’Île de La Réunion. Nous recevions 9 mois par an des artistes du monde entier comme Erro, Sabine Weiss, Hervé Dirosa, Peter Klasen, Vladimir Velickovic, Rancillac, toute la nouvelle figuration narrative. Cela m’a forcément influencée.
"FORNACIS" est un film métis qui mélange la romance, la poésie, le fantastique, l'esthétisme et l’expérimental. C’est d’abord un film sur l'émotion, sur le deuil. Il n'est pas intellectuel. Il n'essaie pas de matérialiser ni d'intellectualiser la mort, la solitude et l’abandon. J’invite juste à vivre une expérience sensorielle et un voyage en émotion sur la perte d’un être aimé.
Vous accompagnez le spectateur dans une histoire dramatique tout en le plongeant dans un univers onirique, c’est un mélange saisissant et plutôt réussi.
Plus le message est violent et plus je veux qu'il soit beau à l'image. J’ai ce besoin là parce que j'aime l'esthétisme. J’hypnotise les gens par ce biais pour que la douleur soit moins forte. Je ne fais pas dans le minimaliste mais dans le rêve, le surréalisme.
Dans le milieu du cinéma on ne cesse de faire des comparaisons, à quelle réalisatrice ou quel réalisateur vous compare-t-on?
On me compare à Alejandro Jodorowsky, c'est le pape de l’audace, du surréalisme, du cinéma visionnaire. C'est un réalisateur multitâche et hors cases. Certains trouvent aussi que mes films se rapprochent des univers de Nicolas Winding Refn.
Parmi les artistes contemporains qui vous ont influencé, votre père Vincent Mengin est premier sur la liste, non ?
(Avant de répondre, elle sourit) Il m’a nourrie et m’a construite toute mon enfance à travers son travail. J'ai eu la chance de côtoyer beaucoup d'artistes dans la galerie d'art contemporain de mes parents qu’ils ont bâti il y a presque 40 ans à l’Île de La Réunion. Nous recevions 9 mois par an des artistes du monde entier comme Erro, Sabine Weiss, Hervé Dirosa, Peter Klasen, Vladimir Velickovic, Rancillac, toute la nouvelle figuration narrative. Cela m’a forcément influencée.
"J’ai réalisé le film pratiquement sans aides"
Quand on est une femme dans le cinéma, porte-t-on une responsabilité comme celle de défendre la condition féminine?
On a le sentiment que le cinéma féminin doit se cantonner à défendre la cause des femmes. Je revendique le désir et le droit de faire des films libres. Je prends la liberté de créer ce que je veux et avec la fantaisie que je veux.
C’est difficile de s’imposer dans le fantastique, quand on est une femme et originaire des Outre-mer ?
Être une nana dans le fantastique ça n'aide pas. Pourquoi quand une femme touche au fantastique elle n’est pas légitime et quand c’est David Lynch on crie au génie. Comme je ne suis pas du milieu, il faut faire ses preuves et doublement parce que je viens des Îles. Je dois toujours me défendre, on me demande si j’arriverai à diriger une équipe, mais ça fait 10 ans que je réalise des films, 8 courts métrages. J’ai même fondé à La Réunion, le Festival International du Film Fantastique "MÊME PAS PEUR' qui fêtera ses 10 ans en février l'année prochaine. Et moi je n'ai pas de crédibilité, on en est là quand même !
Pourtant "Fornacis" a vu le jour, vous avez créé votre film envers et contre tout ?
J’ai réalisé le film pratiquement sans aides. J’ai pu compter uniquement en toute fin de l’étape de post production de "FORNACIS" sur une petit apport des collectivités locales, de La Réunion, de la ville de Saint-Denis et du département. Ça en dit long sur la place que l’on attribue aux réalisatrices et aux originaires des Outre-mer dans le monde du cinéma.
Votre film terminé depuis 10 mois écume les festivals du monde entier pourtant il ne trouve toujours pas de distributeur.
Mon équipe technique et mes comédiens m’ont suivi avec une générosité exceptionnelle et sans jamais s’économiser. Si le renouveau passe par des plateformes comme "NETFLIX" j'en serai, parce qu’au bout d'un moment, il faut réussir à faire exister des films indépendants et sortir du carcan qu'on que l’on nous impose.
Comment l’expliquez-vous ?
D’abord mon univers n'est pas facile, il est assez exigeant. Je ne fais pas de compromis. Je veux défendre un art authentique. Des distributeurs me disent que mon univers est fort. Ils vont jusqu’ à me confier qu’ils n’ont vu pareil film dans leur carrière depuis des lustres. Mais ils s’empressent d’ajouter qu’il n’est pas commercial. Or dans les festivals, les salles sont pleines. Mon film est super bien accueilli. C’est donc qu’il y a bien un public demandeur et avide d’un nouveau cinéma.
On a le sentiment que le cinéma féminin doit se cantonner à défendre la cause des femmes. Je revendique le désir et le droit de faire des films libres. Je prends la liberté de créer ce que je veux et avec la fantaisie que je veux.
C’est difficile de s’imposer dans le fantastique, quand on est une femme et originaire des Outre-mer ?
Être une nana dans le fantastique ça n'aide pas. Pourquoi quand une femme touche au fantastique elle n’est pas légitime et quand c’est David Lynch on crie au génie. Comme je ne suis pas du milieu, il faut faire ses preuves et doublement parce que je viens des Îles. Je dois toujours me défendre, on me demande si j’arriverai à diriger une équipe, mais ça fait 10 ans que je réalise des films, 8 courts métrages. J’ai même fondé à La Réunion, le Festival International du Film Fantastique "MÊME PAS PEUR' qui fêtera ses 10 ans en février l'année prochaine. Et moi je n'ai pas de crédibilité, on en est là quand même !
Pourtant "Fornacis" a vu le jour, vous avez créé votre film envers et contre tout ?
J’ai réalisé le film pratiquement sans aides. J’ai pu compter uniquement en toute fin de l’étape de post production de "FORNACIS" sur une petit apport des collectivités locales, de La Réunion, de la ville de Saint-Denis et du département. Ça en dit long sur la place que l’on attribue aux réalisatrices et aux originaires des Outre-mer dans le monde du cinéma.
Votre film terminé depuis 10 mois écume les festivals du monde entier pourtant il ne trouve toujours pas de distributeur.
Mon équipe technique et mes comédiens m’ont suivi avec une générosité exceptionnelle et sans jamais s’économiser. Si le renouveau passe par des plateformes comme "NETFLIX" j'en serai, parce qu’au bout d'un moment, il faut réussir à faire exister des films indépendants et sortir du carcan qu'on que l’on nous impose.
Comment l’expliquez-vous ?
D’abord mon univers n'est pas facile, il est assez exigeant. Je ne fais pas de compromis. Je veux défendre un art authentique. Des distributeurs me disent que mon univers est fort. Ils vont jusqu’ à me confier qu’ils n’ont vu pareil film dans leur carrière depuis des lustres. Mais ils s’empressent d’ajouter qu’il n’est pas commercial. Or dans les festivals, les salles sont pleines. Mon film est super bien accueilli. C’est donc qu’il y a bien un public demandeur et avide d’un nouveau cinéma.
" La profession doit enfin intégrer que le cinéma doit se renouveler"
Vous ne baisser jamais les bras ?
Si je n'avais pas cette naïveté un peu solaire des Îles, j'aurais arrêté. Mais je m’accroche à l’idée que le cinéma est le champ des possibles. C'est comme ça que j'emmène mon public, mes acteurs, mes équipes avec moi.
Au Festival International de Films de Femmes de Créteil, un des plus grands festivals du cinéma français, votre film a créé la surprise ?
C’est hyper important pour une jeune réalisatrice comme moi de recevoir un tel enthousiasme. C’est la première fois qu’un film fantastique y était sélectionné et de surcroît réalisé par une ultramarine. Jackie Buet, la directrice du Festival s’est battue pour mettre mon film en compétition. Depuis plus de 40 ans elle découvre et met en lumière beaucoup de réalisatrices. Elle croit que je vais ouvrir la voie d’un nouveau genre de cinéma aux femmes.
Le cinéma aujourd’hui n’est pas assez audacieux, inventif, en phase avec les choix du public ?
Il y a plein de jeunes comme moi qui testent des choses mais on les musèle. La profession doit enfin intégrer que le cinéma doit se renouveler. Il y a de la place pour tout le monde et donc aussi pour cette nouvelle vague d’artistes dont je fais partie. Elle le doit aux spectateurs amateurs de films insolites et nouveaux.
Après l’Inde, l’Espagne, la Roumanie, l’Italie, le Pérou, l’Angleterre, la France,
quelle sera sa prochaine étape ?
Trouver un distributeur à Durban ! Mon film est sélectionné pour la 40ème édition du Festival International de Films de Durban en Afrique du Sud. J’espérai l’Afrique, c’est important pour moi par rapport à mes origines. La Réunion est très proche de ce continent. J’ai hâte de m’y rendre et de rencontrer le public. Je suis curieuse de découvrir comment le spectateur va ressentir mon film sur la liberté sexuelle des femmes et sur le rapport homme femme. A l’occasion de cet événement, j’espère trouver un distributeur pour "FORNACIS" et un producteur pour mon deuxième projet de long métrage "Soupir de papillon".
Si je n'avais pas cette naïveté un peu solaire des Îles, j'aurais arrêté. Mais je m’accroche à l’idée que le cinéma est le champ des possibles. C'est comme ça que j'emmène mon public, mes acteurs, mes équipes avec moi.
Au Festival International de Films de Femmes de Créteil, un des plus grands festivals du cinéma français, votre film a créé la surprise ?
C’est hyper important pour une jeune réalisatrice comme moi de recevoir un tel enthousiasme. C’est la première fois qu’un film fantastique y était sélectionné et de surcroît réalisé par une ultramarine. Jackie Buet, la directrice du Festival s’est battue pour mettre mon film en compétition. Depuis plus de 40 ans elle découvre et met en lumière beaucoup de réalisatrices. Elle croit que je vais ouvrir la voie d’un nouveau genre de cinéma aux femmes.
Le cinéma aujourd’hui n’est pas assez audacieux, inventif, en phase avec les choix du public ?
Il y a plein de jeunes comme moi qui testent des choses mais on les musèle. La profession doit enfin intégrer que le cinéma doit se renouveler. Il y a de la place pour tout le monde et donc aussi pour cette nouvelle vague d’artistes dont je fais partie. Elle le doit aux spectateurs amateurs de films insolites et nouveaux.
Après l’Inde, l’Espagne, la Roumanie, l’Italie, le Pérou, l’Angleterre, la France,
quelle sera sa prochaine étape ?
Trouver un distributeur à Durban ! Mon film est sélectionné pour la 40ème édition du Festival International de Films de Durban en Afrique du Sud. J’espérai l’Afrique, c’est important pour moi par rapport à mes origines. La Réunion est très proche de ce continent. J’ai hâte de m’y rendre et de rencontrer le public. Je suis curieuse de découvrir comment le spectateur va ressentir mon film sur la liberté sexuelle des femmes et sur le rapport homme femme. A l’occasion de cet événement, j’espère trouver un distributeur pour "FORNACIS" et un producteur pour mon deuxième projet de long métrage "Soupir de papillon".
"Fornacis" en Sélection Officielle sur deux continents
Interview d'Aurélia Mengin (2.25 Mo)
- Une première pour "Fornacis" en Afrique
"Fornacis" en Sélection Officielle représentera la France et La Réunion à la 40ème édition du Festival International de Films de Durban, le plus important Festival de cinéma d’Afrique. Il se tiendra du 18 au 28 juillet.
2 projections de "FORNACIS" en présence de la réalisatrice Aurélia Mengin
- samedi 20 juillet à 12h15 au cinéma Musgrave 3
- samedi 27 juillet à 18h30 au cinéma Musgrave 1
- Une première pour "Fornacis" en Amérique
Sur plus de 3 000 films postulants, "Fornacis" a été sélectionné à la 23ème édition du Festival International LGBT de Houston aux USA. Il se déroulera du 24 au 30 juillet.
"Fornacis" en Sélection Officielle représentera la France et La Réunion à la 40ème édition du Festival International de Films de Durban, le plus important Festival de cinéma d’Afrique. Il se tiendra du 18 au 28 juillet.
2 projections de "FORNACIS" en présence de la réalisatrice Aurélia Mengin
- samedi 20 juillet à 12h15 au cinéma Musgrave 3
- samedi 27 juillet à 18h30 au cinéma Musgrave 1
- Une première pour "Fornacis" en Amérique
Sur plus de 3 000 films postulants, "Fornacis" a été sélectionné à la 23ème édition du Festival International LGBT de Houston aux USA. Il se déroulera du 24 au 30 juillet.