Les femmes ont leur dictionnaire

Le vendredi 22 novembre dernier, était lancé au siège de l'Unesco à Paris, un ouvrage consacré à la créativité féminine. Il a été présenté en librairie à l'occasion de la Journée internationale de la violence faite aux femmes quelques jours plus tard. Cet ouvrage se compose de trois tomes de quelque 5.000 pages. Ce "Dictionnaire universel des Créatrices" paru aux éditions Des femmes - Antoinette Fouque, comporte 10.000 entrées entièrement consacrées aux femmes dites créatrices. Celles qui ont marqué leur époque au cours des siècles, dans tous les domaines possibles, sciences, arts, lettres, techniques, politique, sports, secteur social. En un mot, il s'agit de rendre hommage à ce qu'a apporté une moitié de l'humanité. Lors de cette cérémonie de lancement à l'Unesco était présente une pléiade de femmes qui se sont illustrées dans divers domaines, Catherine Deneuve aussi bien qu’Édith Cresson, Nicole Garcia ou encore Sonia Rykiel qui a réalisé l'illustration de couverture. Elles voisinaient avec celles qui ont à l'origine de cet immense somme, Béatrice Didier, professeur émérite à l’École normale supérieure, Antoinette Fouque, infatigable féministe et Mireille Calle-Gruber, professeur de littérature à la Sorbonne Nouvelle-Paris 3 où elle dirige le Centre de recherches en études féminines et genres. Sans compter, et c'était bien la moindre des choses, la directrice générale de l'Unesco Irina Bokova qui préface ce dictionnaire et par ailleurs la romancière Irène Frain. Une version numérique est prévue.
Ces dix mille articles qui concernent plus de quinze mille femmes qui se sont illustrées au cours d'une quarantaine de siècles, ont été mis en chantier en 2006 et auront nécessité le concours d'au moins 1.600 auteurs de tous les continents qui ont travaillé pendant six ans. Un "projet monstrueux", selon Mireille Calle-Gruber. Laquelle précisait à l'Unesco "Nous vivons dans une société qui ne serait pas ce qu'elle est si il n'y avait pas tout l'apport de ces femmes".
"Dictionnaire universel des Créatrices
" sous la direction de Béatrice Didier, Antoinette Fouque, Mireille Calle-Gruber
. Préfacé par Irina Bokova, directrice générale de l’UNESCO et illustré par Sonia Rykiel.

Il n'est pas possible d'évoquer cet ouvrage sans revenir sur l'une de ses conceptrices, Antoinette Fouque. Celle dont l'existence se confond avec la cause féministe, est décédée à Paris le 20 février dernier et a été inhumée le 26 au cimetière du Montparnasse. Elle aura cependant eu la satisfaction de voir paraître en librairie l'ouvrage dont elle a si longtemps porté le projet. Elle était née le 1er octobre 1936 à Marseille. Après des études de lettres, elle enseigne puis a une activité de critique littéraire et de traductrice. En 1968, elle participe à la fondation du MLF au sein duquel elle anime le groupe "Psychanalyse et Politique" et en 1972, crée les éditions des Femmes. Elle dirige aussi Le Quotidien des femmes. On la retrouve également présidente de l’Alliance française de San Diego en Californie. En 1990, elle rejoint le cabinet de Michèle André, secrétaire d'État chargée des droits des femmes et de l'égalité des chances entre les hommes et les femmes dans le gouvernement de Michel Rocard. Elle sera même élue au Parlement européen en 1994, sur la liste "Énergie radicale" conduite par Bernard Tapie. Elle sera vice-présidente de la commission des Droits de la femme à Strasbourg et déléguée de l’UE à la 4e conférence mondiale des femmes qui s'est tenue à Pékin en septembre 1995. Et ce ne sont que quelques aspects de son intense activité.

Tel est l'intitulé de l'exposition que présente le musée marseillais Regards de Provence. Elle met elle aussi, la femme à l'honneur grâce à des dessins, des peintures, des sculptures et des photographies provenant de la collection de la Fondation Regards de Provence. On y trouve des femmes des deux rives de la Méditerranée dans leur vie quotidienne. Lavandières, femmes puisant de l'eau au puits, vendangeuses, marchandes, poissonnières, œuvres exécutées par des peintres plus ou oins connus. A côté figurent quelques portraits de femmes anonymes.
Cette intéressante exposition est visible jusqu'au 4 mai prochain. Le musée, ouvert en mars 2013, a été installé dans la station sanitaire maritime construite par l’architecte Fernand Pouillon en 1948. L'endroit, ouvert tous les jours de 10 à 18h
, est situé dans le voisinage immédiat du Mucem. C'est un lieu particulièrement agréable.

Musée Regards de Provence­,
Allée Regards de Provence 

Avenue Vaudoyer 

13002 Marseille 

Tél: 04 96 17 40 40