photo: Max Dominique AYISSI
Où avez-vous trouvé les fonds pour cet investissement ?
Nous avons procéder à une collecte, selon les instructions du ministère. C’est ainsi que nous avons pu réunir la somme de 9 685 000 Fcfa. Mais les dépenses, à ce jour, sont de 14 140 525 Fcfa. Le reste ayant été pourvu par l’APE (Association des Parents d’Elèves). Toute la communauté s’est vraiment impliquée financièrement, pour doter les apprenants de cette salle d’informatique.
Comme il s’agissait de la gestion des deniers publics, il fallait également l’autorisation du Conseil d’Etablissement, qui est l’organe de gestion des établissements publics au Cameroun. C’est lui qui donne le quitus au financement de projets, sur des fonds propres de l’établissement. Je crois que j’ai eu suffisamment d’arguments pour que le Conseil admette que cet achat soit fait.
Comment vous êtes-vous procurez les machines ?
J’ai un peu hors la loi. Car une circulaire du ministre demandait que l’on prenne des prestataires agréés. Ce qui est bonne chose. Mais pour moi, c’est un peu compliqué, puisque j’aurais souhaité avoir devant moi un ingénieur qui soit capable de nous offrir un service après vente. Or, avec ces prestataires, il s’agit d’une location. Et vous vous imaginez que, pendant trois ou quatre ans, vous louez des machines à 9 000 000 Fcfa, l’an. J’ai juste fait de l’arithmétique, cela faisait entre 27 et 36 millions de franc Cfa. Même s’il est vrai que les machines, au bout de ce contrat, reviennent à l’établissement, nous les recevrons en fin de vie. Puisqu’il est avéré que la vie d’un ordinateur est de trois ans, quatre au maximum.
J’ai été révolté par cette idée et je me suis dit que nous pouvions acheter une vingtaine de machines neuves, gagner du temps et de l’argent. Je suis sûre que les collègues, qui ont initié ce texte, n’y ont pas pensé et ça peut arriver. Ils ont certainement plus tenu compte des effectifs. Si vous avez un effectif de 200 élèves, vous êtes obligés de louer, puisque l’argent collecté ne peut pas vous permettre d’en acheter, en nombre suffisant. Ce qui n’était pas le pour le Lytek. J’ai donc trouvé qu’il nous était plus profitable d’acheter et démarrer avec un nombre acceptable de machines. Surtout qu’aucun établissement, qui soit passé par la location, n’a un parc de plus de 25 machines. Nous en avons 20 et nous allons certainement en ajouter dans l’avenir.
Cette salle, à elle seule, résout-elle tous les problèmes liés à l’enseignement de l’informatique dans votre établissement ?
Ce serait très prétentieux de le croire ! On a certainement résolu le problème technique. Nous avons des machines neuves et de très bonnes capacité et qualité. Sur le plan de l’enseignement, nous avons décidé de parer au plus pressé, en privilégiant ceux des élèves qui vont faire face à l’épreuve d’informatique, au cours d’examens officiels. De la classe de 4e année en terminale, ils font cours tel qu’il est exigé par le programme officiel. Les autres ne sont pas lésés, puisque leurs parents ont payés et qu’ils ont les mêmes droits. Ils passent donc par classe, une trentaine de minutes la semaine, pour prendre connaissance avec les machines, puisqu’ils n’ont pas la contrainte de l’examen.
Nous avons procéder à une collecte, selon les instructions du ministère. C’est ainsi que nous avons pu réunir la somme de 9 685 000 Fcfa. Mais les dépenses, à ce jour, sont de 14 140 525 Fcfa. Le reste ayant été pourvu par l’APE (Association des Parents d’Elèves). Toute la communauté s’est vraiment impliquée financièrement, pour doter les apprenants de cette salle d’informatique.
Comme il s’agissait de la gestion des deniers publics, il fallait également l’autorisation du Conseil d’Etablissement, qui est l’organe de gestion des établissements publics au Cameroun. C’est lui qui donne le quitus au financement de projets, sur des fonds propres de l’établissement. Je crois que j’ai eu suffisamment d’arguments pour que le Conseil admette que cet achat soit fait.
Comment vous êtes-vous procurez les machines ?
J’ai un peu hors la loi. Car une circulaire du ministre demandait que l’on prenne des prestataires agréés. Ce qui est bonne chose. Mais pour moi, c’est un peu compliqué, puisque j’aurais souhaité avoir devant moi un ingénieur qui soit capable de nous offrir un service après vente. Or, avec ces prestataires, il s’agit d’une location. Et vous vous imaginez que, pendant trois ou quatre ans, vous louez des machines à 9 000 000 Fcfa, l’an. J’ai juste fait de l’arithmétique, cela faisait entre 27 et 36 millions de franc Cfa. Même s’il est vrai que les machines, au bout de ce contrat, reviennent à l’établissement, nous les recevrons en fin de vie. Puisqu’il est avéré que la vie d’un ordinateur est de trois ans, quatre au maximum.
J’ai été révolté par cette idée et je me suis dit que nous pouvions acheter une vingtaine de machines neuves, gagner du temps et de l’argent. Je suis sûre que les collègues, qui ont initié ce texte, n’y ont pas pensé et ça peut arriver. Ils ont certainement plus tenu compte des effectifs. Si vous avez un effectif de 200 élèves, vous êtes obligés de louer, puisque l’argent collecté ne peut pas vous permettre d’en acheter, en nombre suffisant. Ce qui n’était pas le pour le Lytek. J’ai donc trouvé qu’il nous était plus profitable d’acheter et démarrer avec un nombre acceptable de machines. Surtout qu’aucun établissement, qui soit passé par la location, n’a un parc de plus de 25 machines. Nous en avons 20 et nous allons certainement en ajouter dans l’avenir.
Cette salle, à elle seule, résout-elle tous les problèmes liés à l’enseignement de l’informatique dans votre établissement ?
Ce serait très prétentieux de le croire ! On a certainement résolu le problème technique. Nous avons des machines neuves et de très bonnes capacité et qualité. Sur le plan de l’enseignement, nous avons décidé de parer au plus pressé, en privilégiant ceux des élèves qui vont faire face à l’épreuve d’informatique, au cours d’examens officiels. De la classe de 4e année en terminale, ils font cours tel qu’il est exigé par le programme officiel. Les autres ne sont pas lésés, puisque leurs parents ont payés et qu’ils ont les mêmes droits. Ils passent donc par classe, une trentaine de minutes la semaine, pour prendre connaissance avec les machines, puisqu’ils n’ont pas la contrainte de l’examen.
photo: Max Dominique AYISSI
Du coup, l’informatique dans le système éducatif camerounais n’est-elle pas une pure formalité, un luxe qu’on se permet, quand on en a les moyens ?
Non ! L’enseignement de l’informatique n’est pas un luxe, c’est une nécessité. Parce que, dans notre monde arrimé à la toile, comme ils aiment à le dire, ne pas maîtriser l’outil informatique c’est faire office d’illettré. L’élève aurait avantage à comparer son cours à celui qu’on donne ailleurs, où les cours son déjà sur la toile. Ce qu’il s’agit de faire ici, c’est initier les enfants à l’utilisation d’un ordinateur et, pour moi, c’est très important. Je peux dire que j’en suis très heureuse, puisque que, quand vous regardez le fichier de nos élèves, ils sont entre 80 et 90 % issus de familles très pauvres, souvent des familles monoparentales où le parent n’a pas les moyens de s’acheter un ordinateur. Il y en a dont les mamans sont à peine plus âgées et vendent des arachides au bord de la route, pour les faire vivre. Je ne pense pas que ces parents là ont les moyens de s’acheter un ordinateur. C’est pour eux que je suis particulièrement fière de la mise sur pied de cette salle d’informatique.
Vous semblez très préoccupée par le quotidien particulièrement précaire de la plus part de vos élèves, comment gérez-vous les contingences y afférentes ?
Nous n’avons pas d’organisation pour ça. Mais j’ai constaté qu’il y a des enseignants qui prennent des enfants en charge, parce qu’ils n’ont même pas un crayon pour écrire. L’aspect physique en dit d’ailleurs long sur la situation des enfants. Ma secrétaire est venue m’en présenter un. Il trainait devant le babillard et disait vouloir fréquenter mais n’en avait pas les moyens. Elle a pris sur elle de s’occuper des uniformes et des fournitures scolaires. Souvent, nous sommes obligées de piétiner les instructions qui veulent qu’on arrête les inscriptions, un mois après la rentrée scolaire. Nous allons jusqu’au mois de janvier. Pour ceux qui sont dans les classes d’examens, nous privilégions les frais d’examen et prenons la scolarité après. Ce n’est que comme cela que nous pouvons les aider, puisque les frais de scolarité représentent un impôt que l’Etat doit collecter et ce n’est pas à nous d’en juger.
Est-ce facile de gérer un lycée technique en création dans une banlieue pauvre de Yaoundé ?
Je peux vous dire que c’est très difficile. En plus des établissements déjà créés, l’Etat continue à en implanter d’autres. Je pense que le dilemme est à leur niveau. Quoi qu’il en soit, le budget d’un établissement devrait évoluer avec les effectifs. Ce qui n’est pas le cas au lycée d’Ekounou. L’enseignement technique est très couteux et on se retrouve entre le marteau et l’enclume. Faut-il le faire payer ? Le même problème des couches défavorisées va se poser. Se retrouver au milieu de tous ces défavorisés de la société, je vous assure que c’est très difficile ! L’Etat donne ce qu’il peut ; nous récoltons ce qui est exigé. Mais ça ne suffit pas, dans la mesure où nous devons développer le social. Nous n’avons même pas de bibliothèque. Pourtant nous avons une dotation de livre, mais faute de salle, ils moisissent dans un magasin. Ici l’Etat n’a pu mettre à disposition que 15 salles de classe, pour trente divisions. Or, il est question que chaque division ait sa salle de classe. Il faut donc construire chaque année. Mais le lycée n’a pas eu de dotation BIP (budget d’investissement public) depuis 5 ans.
Le plus grave c’est que, pour l’opinion publique, un lycée technique, un Ceti, c’est un vulgaire atelier d’apprentissage. Pourquoi acheter un livre de mathématiques ? L’enfant n’est pas allé là-bas pour les mathématiques, il est venu pour apprendre la maçonnerie, à faire une installation d’électricité, etc. La majorité des élèves viennent donc bras ballants et c’est très difficile de gérer tout cela.
Faut-il continuer avec une politique volontariste, sans moyens ou plutôt faire la politique de ses moyens ?
C’est difficile ! Là, ils sont en train d’implanter des Ceti dans touts les chefs-lieux d’arrondissement. Il y a même des arrondissements qui ont déjà leur lycée technique. A ce niveau, c’est chaque région qui veut tirer la couverture de son côté. C’est donc devenu un problème politique. Comment dire non à des populations qui demandent qu’on leur crée des lycées techniques ? Tout le monde sait qu’un diplôme de l’enseignement technique donne directement accès à un métier et ce n’est pas évident de leur expliquer que cet ordre d’enseignement coûte très cher.
Non ! L’enseignement de l’informatique n’est pas un luxe, c’est une nécessité. Parce que, dans notre monde arrimé à la toile, comme ils aiment à le dire, ne pas maîtriser l’outil informatique c’est faire office d’illettré. L’élève aurait avantage à comparer son cours à celui qu’on donne ailleurs, où les cours son déjà sur la toile. Ce qu’il s’agit de faire ici, c’est initier les enfants à l’utilisation d’un ordinateur et, pour moi, c’est très important. Je peux dire que j’en suis très heureuse, puisque que, quand vous regardez le fichier de nos élèves, ils sont entre 80 et 90 % issus de familles très pauvres, souvent des familles monoparentales où le parent n’a pas les moyens de s’acheter un ordinateur. Il y en a dont les mamans sont à peine plus âgées et vendent des arachides au bord de la route, pour les faire vivre. Je ne pense pas que ces parents là ont les moyens de s’acheter un ordinateur. C’est pour eux que je suis particulièrement fière de la mise sur pied de cette salle d’informatique.
Vous semblez très préoccupée par le quotidien particulièrement précaire de la plus part de vos élèves, comment gérez-vous les contingences y afférentes ?
Nous n’avons pas d’organisation pour ça. Mais j’ai constaté qu’il y a des enseignants qui prennent des enfants en charge, parce qu’ils n’ont même pas un crayon pour écrire. L’aspect physique en dit d’ailleurs long sur la situation des enfants. Ma secrétaire est venue m’en présenter un. Il trainait devant le babillard et disait vouloir fréquenter mais n’en avait pas les moyens. Elle a pris sur elle de s’occuper des uniformes et des fournitures scolaires. Souvent, nous sommes obligées de piétiner les instructions qui veulent qu’on arrête les inscriptions, un mois après la rentrée scolaire. Nous allons jusqu’au mois de janvier. Pour ceux qui sont dans les classes d’examens, nous privilégions les frais d’examen et prenons la scolarité après. Ce n’est que comme cela que nous pouvons les aider, puisque les frais de scolarité représentent un impôt que l’Etat doit collecter et ce n’est pas à nous d’en juger.
Est-ce facile de gérer un lycée technique en création dans une banlieue pauvre de Yaoundé ?
Je peux vous dire que c’est très difficile. En plus des établissements déjà créés, l’Etat continue à en implanter d’autres. Je pense que le dilemme est à leur niveau. Quoi qu’il en soit, le budget d’un établissement devrait évoluer avec les effectifs. Ce qui n’est pas le cas au lycée d’Ekounou. L’enseignement technique est très couteux et on se retrouve entre le marteau et l’enclume. Faut-il le faire payer ? Le même problème des couches défavorisées va se poser. Se retrouver au milieu de tous ces défavorisés de la société, je vous assure que c’est très difficile ! L’Etat donne ce qu’il peut ; nous récoltons ce qui est exigé. Mais ça ne suffit pas, dans la mesure où nous devons développer le social. Nous n’avons même pas de bibliothèque. Pourtant nous avons une dotation de livre, mais faute de salle, ils moisissent dans un magasin. Ici l’Etat n’a pu mettre à disposition que 15 salles de classe, pour trente divisions. Or, il est question que chaque division ait sa salle de classe. Il faut donc construire chaque année. Mais le lycée n’a pas eu de dotation BIP (budget d’investissement public) depuis 5 ans.
Le plus grave c’est que, pour l’opinion publique, un lycée technique, un Ceti, c’est un vulgaire atelier d’apprentissage. Pourquoi acheter un livre de mathématiques ? L’enfant n’est pas allé là-bas pour les mathématiques, il est venu pour apprendre la maçonnerie, à faire une installation d’électricité, etc. La majorité des élèves viennent donc bras ballants et c’est très difficile de gérer tout cela.
Faut-il continuer avec une politique volontariste, sans moyens ou plutôt faire la politique de ses moyens ?
C’est difficile ! Là, ils sont en train d’implanter des Ceti dans touts les chefs-lieux d’arrondissement. Il y a même des arrondissements qui ont déjà leur lycée technique. A ce niveau, c’est chaque région qui veut tirer la couverture de son côté. C’est donc devenu un problème politique. Comment dire non à des populations qui demandent qu’on leur crée des lycées techniques ? Tout le monde sait qu’un diplôme de l’enseignement technique donne directement accès à un métier et ce n’est pas évident de leur expliquer que cet ordre d’enseignement coûte très cher.