Un spectacle qui enchantera les uns, irritera les autres
Puccini Opéra Avignon.mp3 (106.56 Ko)
Il est clair que Claire Servais et Frédéric Roels ont fait leur production "maison" de cette Bohème de Puccini avec les moyens du bord.
Réaliste, brechtienne dans son approche, rigoureuse parfois, faite de mille petits gestes et de dialogues, de rêves et d'innombrables petites choses qui font la vie de tous les jours, leur mise en scène enchantera les uns, irritera les autres.
Disons, pour faire simple, que dans la beauté épurée des décors chichiteux, simplets, parfois poétiques (au IIIe acte surtout car glacial à souhait) de Lionel Lesire, leur réalisation timidement fouillée jusqu'à l'os, d'une gentille vérité crue et nue, sans vérisme outrancier, n'apporte que rarement à l'oeuvre de Puccini un éclairage inconnu ou mordant.
On cherchera en vain à l'acte II, dont le lever de rideau ressemble à du Ponnelle avec ses choristes en rang d'oignons face au public, tous tentant tant bien que mal de donner vie à une improbable agitation gouailleuse parisienne, ce tourbillon de couleurs, de débauche, de sons, d'animation. Le binôme semble finalement plus intéressé par le reste de la partition, les conflits, les rires, les malheurs intimes du quarteron d'artistes et leurs dulcinées.
Pourtant, dans son dénuement, jamais Bohème n'aura parfois paru plus universelle dans son désespoir, humaine également, car la mort surprendra naturellement nos éternels héros qui ne découvriront l'harmonie que bien plus tard.
Toute de tendresse, de vulnérabilité, Ludivine Gombert (déguisée comme la Somnambula de Bellini) chante une bouleversante Mimi. La jeune et jolie soprano a su faire ressortir avec une délicatesse toute mélancolique, l'humanité, la vérité du personnage. Sa voix, agile, lumineuse dans l'aigu, accroche, comme accroche un timbre suffisamment charnu pour exprimer les sentiments profonds qui sont les siens.
Olivia Doray déborde d'énergie vocale et scénique dans le personnage de Musetta. La voix est chaude, vibrante, bien projetée (les si ont du chien!) et le jeu parfois acrobatique de la comédienne d'une élégance rarement de mise dans ce rôle.
Bonne participation de Philippe-Nicolas Martin. Son Marcello, d'une solide dimension dramatique, très musical, très précis, est fort sympathique.
Complice comme pas deux avec le Schaunard long comme un jour sans pain de Boris Grappe, David Ireland (Colline) apporta à la "Vecchia Zimarra" une émotion dépourvue de tout débordement sentimental.
Reste le cas de Davide Giusti. Sans projection, sans demi-teinte, sans aigu, sans charisme (une annonce, que beaucoup ont taxé de complaisance, nous présenta l'artiste comme souffrant ou grippé) son poète, aussi chaleureux qu'un tranche napolitaine, ne restera pas dans les annales lyriques de la Cité des Papes. Le ténor ne semble d'ailleurs plus avoir la voix de Rodolfo que celle d'Alfredo dans la Traviata du regretté Verdi. Rideau.
Par bonheur, la direction de Samuel Jean privilégie l'élégance du phrasé, la poésie lunaire de la mélodie, l'abandon élégiaque de la sensualité à fleur de peau des amours exprimées. Elle ne laisse jamais dans l'ombre l'aspect tragique de la partition, couvre parfois les voix, tant le chef se montre très soucieux des épanchements érotiques des protagonistes.
Pour finir, clamons le haut et fort: l'Orchestre Régional Avignon-Provence, Chœur et Maîtrise de l'Opéra Grand Avignon comme toujours impeccables!
Réaliste, brechtienne dans son approche, rigoureuse parfois, faite de mille petits gestes et de dialogues, de rêves et d'innombrables petites choses qui font la vie de tous les jours, leur mise en scène enchantera les uns, irritera les autres.
Disons, pour faire simple, que dans la beauté épurée des décors chichiteux, simplets, parfois poétiques (au IIIe acte surtout car glacial à souhait) de Lionel Lesire, leur réalisation timidement fouillée jusqu'à l'os, d'une gentille vérité crue et nue, sans vérisme outrancier, n'apporte que rarement à l'oeuvre de Puccini un éclairage inconnu ou mordant.
On cherchera en vain à l'acte II, dont le lever de rideau ressemble à du Ponnelle avec ses choristes en rang d'oignons face au public, tous tentant tant bien que mal de donner vie à une improbable agitation gouailleuse parisienne, ce tourbillon de couleurs, de débauche, de sons, d'animation. Le binôme semble finalement plus intéressé par le reste de la partition, les conflits, les rires, les malheurs intimes du quarteron d'artistes et leurs dulcinées.
Pourtant, dans son dénuement, jamais Bohème n'aura parfois paru plus universelle dans son désespoir, humaine également, car la mort surprendra naturellement nos éternels héros qui ne découvriront l'harmonie que bien plus tard.
Toute de tendresse, de vulnérabilité, Ludivine Gombert (déguisée comme la Somnambula de Bellini) chante une bouleversante Mimi. La jeune et jolie soprano a su faire ressortir avec une délicatesse toute mélancolique, l'humanité, la vérité du personnage. Sa voix, agile, lumineuse dans l'aigu, accroche, comme accroche un timbre suffisamment charnu pour exprimer les sentiments profonds qui sont les siens.
Olivia Doray déborde d'énergie vocale et scénique dans le personnage de Musetta. La voix est chaude, vibrante, bien projetée (les si ont du chien!) et le jeu parfois acrobatique de la comédienne d'une élégance rarement de mise dans ce rôle.
Bonne participation de Philippe-Nicolas Martin. Son Marcello, d'une solide dimension dramatique, très musical, très précis, est fort sympathique.
Complice comme pas deux avec le Schaunard long comme un jour sans pain de Boris Grappe, David Ireland (Colline) apporta à la "Vecchia Zimarra" une émotion dépourvue de tout débordement sentimental.
Reste le cas de Davide Giusti. Sans projection, sans demi-teinte, sans aigu, sans charisme (une annonce, que beaucoup ont taxé de complaisance, nous présenta l'artiste comme souffrant ou grippé) son poète, aussi chaleureux qu'un tranche napolitaine, ne restera pas dans les annales lyriques de la Cité des Papes. Le ténor ne semble d'ailleurs plus avoir la voix de Rodolfo que celle d'Alfredo dans la Traviata du regretté Verdi. Rideau.
Par bonheur, la direction de Samuel Jean privilégie l'élégance du phrasé, la poésie lunaire de la mélodie, l'abandon élégiaque de la sensualité à fleur de peau des amours exprimées. Elle ne laisse jamais dans l'ombre l'aspect tragique de la partition, couvre parfois les voix, tant le chef se montre très soucieux des épanchements érotiques des protagonistes.
Pour finir, clamons le haut et fort: l'Orchestre Régional Avignon-Provence, Chœur et Maîtrise de l'Opéra Grand Avignon comme toujours impeccables!