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Chanson à la une - Le possédé du percepteur, par Raymond Devos (sketch)


Par Rédigé le 09/11/2013 (dernière modification le 09/11/2013)

Humoriste, musicien et acteur français, Raymond Devos aurait aujourd'hui 91 ans. Ce virtuose jongleur des mots, excellait dans l'art de la dérision mené au paradoxe du non sens.


Le possédé du percepteur. Sketch: Raymond Devos. Interprète: Raymond Devos. (1992)

raymond_devos.mp3 Raymond_Devos.mp3  (394 Ko)

"Je suis né avec un pied en Belgique et un pied en France, c’est pour cela que je marche les pieds écartés", ainsi se présentait ce personnage haut en couleur, poète hurluberlu et étonnant disaient certains. Beaucoup copié, jamais égalé, le talent de Raymond Devos sera couronné tout au long de sa carrière par de nombreuses récompenses et celle dont il sera sans doute le plus fier, sera celle de 2003 où le ministère de la Culture et de la Communication français crée le prix Raymond Devos, destiné à récompenser un travail d’excellence autour de la langue française.

Notre chanson à la une, transformée en sketch "Le possédé du percepteur", vous pouvez le retrouver sur un album numérisé en 1992 intitulé "A tort ou à raison", avec d'autres pépites intemporelles signées Raymond Devos, comme"Parler pour ne rien dire" de 1986, dont voici un extrait, pour le plaisir du verbe qui frise la métaphysique, voire la mathématique fondamentale: "Une fois rien, c'est rien; deux fois rien, ce n'est pas beaucoup, mais pour trois fois rien, on peut déjà s'acheter quelque chose, et pour pas cher. Alors maintenant si vous multipliez trois fois rien par trois fois rien, rien multiplié par rien égale rien, trois multiplié par trois égale neuf, ça fait rien de neuf!".

Je ne sais pas si vous croyez à la sorcellerie. Moi, je ne voulais pas y croire jusqu'au jour où je me suis aperçu que j'étais possédé du percepteur. Oui! Possédé! Envoûté par mon percepteur!
Depuis quelque temps, déjà, je le voyais qui rôdait autour de ma maison. Il allait et venait... Il semblait dessiner tout en marchant des figures géométriques. En fait, il prenait des mesures fiscales!
Et puis il disparaissait, et puis il revenait. J'avais observé aussi que chaque fois qu'il revenait, je payais un nouvel impôt sur le revenu!
C'est d'ailleurs en faisant mes comptes que je me suis rendu compte qu'il revenait souvent!
Et un soir, en rentrant chez moi, je découvre une feuille d'impôt clouée sur ma porte.
C'était un premier avertissement! Je dois dire que je ne l'ai pas pris au sérieux. Je me suis simplement un peu étonné.
J'ai dit: - Tiens? Au lieu de glisser la feuille sous la porte, ils la clouent? Méthode moderne! Bon!
Quelque temps plus tard, en faisant le tour du propriétaire, je découvre, à chaque angle de ma propriété, tracées sur le sol, des lettres cabalistiques. Il y avait un T, un V et un A. A vol d'oiseau, ça fait T.V.A.
Qui avait pu poser ces marques de terreur, sinon mon percepteur? Ce n'était pas sorcier à comprendre!
Non content de me faire payer l'impôt direct, il essayait encore de me le faire payer indirectement! Par le truchement de la T.V.A.!
J'étais cerné par la T.V.A.! Vous connaissez le sens secret et fiscal de ces trois lettres? T.V.A. Si vous prenez les deux premières lettres T.V., cela veut dire en clair: - As-tu payé la taxe sur la T.V.? Les lettres V.A. veulent dire: - Va! Va payer la taxe sur la T.V.! Puis T.A.: TA. Traduire: T'as payé la taxe sur la T.V.?... Ah... Alors VA la payer! C'est un rappel à l'ordre constant. Même si vous lisez les lettres à l'envers, elles vous rappellent encore quelque chose. A.V. - Avez-vous payé...? A.T. - Hâtez-vous de payer!... V.T. - Vêtez-vous et hâtez-vous de payer la taxe sur la T.V.!
Là, j'ai manqué de sens civique! J'aurais dû me vêtir et me hâter d'aller payer la taxe sur la valeur ajoutée.
Au lieu de quoi, je me suis rendu au siège de la Sécurité sociale pour me faire rembourser une somme importante qui m'était due depuis fort longtemps. Naturellement, on m'a répondu que mon dossier s'était égaré... Je dois dire que j'en fus presque soulagé.
Enfin, une chose qui se déroulait normalement, comme prévu! J'en avais presque oublié mon percepteur...
Lorsque, dans la nuit qui suivit, je suis réveillé par un ululement de percepteur. Je ne sais pas si vous avez déjà entendu ululer un percepteur dans la nuit? C'est sinistre! Inhumain!
Je me précipite à la fenêtre et je vois sous la lune argentée - car, dès que la lune est argentée, mon percepteur rapplique -, je vois mon percepteur qui se livrait, à un étrange cérémonial. Il ouvrait les bras, les fermait, les rouvrait. Je me dis: Il doit chercher à voler.
Et, tout à coup, je distingue dans le reflet de la vitre quelque chose qui bougeait derrière moi. Je me retourne et je vois ma rente Pinay que j'avais posée sur mon bureau se plier, se replier, et, par un sortilège, se transformer en une cocotte en papier.
Laquelle cocotte a pris son envol et, à l'appel du percepteur, est allée se poser sur son épaule. Mon percepteur s'en est saisi... l'a dépliée, l'a repliée et en a fait un petit avion qu'il a lancé comme ça, en l'air, comme on lance un emprunt!
Je me dis: "C'est un mirage ou quoi?" Et le petit avion est venu se reposer sur mon bureau en se dépliant.
Ah! dis donc! Ce n'était plus la même rente! Il avait changé ma rente Pinay en rente Giscard!
Ah! il est diablement fort! Pour échapper à son emprise, j'ai tout essayé. Je suis même allé voir un prêtre.
C'est vous dire à quel point j'étais désespéré! Je lui ai dit: - Mon père, je suis possédé du percepteur. Pouvez-vous pratiquer l'exorcisme?
Il m'a dit: - Mon fils... vous m'auriez parlé du Démon... J'aurais pu tenter quelque chose... Mais contre les puissances de l'argent... Je lui dis: - Qu'est-ce que je peux faire? Il m'a dit: - Payez!... Payez!... Payez pour nous! Alors, je paye!
Et plus je paye mon percepteur, plus il me le fait payer!
Il met ma faiblesse à contribution. Il me taxe sur ma valeur personnelle. Il m'impose sa volonté. Il me tourmente. Il me traque!
Tout ça parce que j'ai eu la faiblesse de montrer des signes extérieurs de richesse, alors que ma richesse est tout intérieure!



Les paroles des chansons sont la propriété de leurs auteurs. Leur commercialisation est interdite.

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