Tombe de Srefan Zweig et de son épouse au cimetière de Petrópolis
Ils avaient embarqué à New York le 15 août 1941 sur le paquebot Uruguay et étaient arrivés à Rio le 27. Début septembre, ils prennent le train pour Petrópolis à une cinquantaine de km, et s'installent dans la maison de trois pièces, sise 34 rue Gonçalves Dias que leur loue Margarida Blanfield, leur propriétaire anglaise, avec un bail de six mois. Stuée en altitude, entourée de forêts, Petrópolis fut fondée le 16 mars 1843 par l'empereur Piedro II et fut capitale de l'État de Rio au début du XXe siècle. L'ancien palais d'été est actuellement le musée impérial de Petrópolis.
C'était le troisième voyage au Brésil de l'écrivain autrichien, il était venu la première fois en 1936 et avait logé au Copacabana palace, cet extraordinaire établissement construit en 1923 sur la plage éponyme. Le pays lui avait fait une si vive impression qu'il lui consacra un ouvrage "Brésil, terre d'avenir" paru en 1941. Il y retourna cette année-là avant de repartir pour New York où il ne réussit pas à se fixer. Puis le 27 août. Il était accompagné de Lotte Altmann, originaire de Silésie, qu'il avait rencontrée à Londres quand il s'y était installé fuyant son domicile du Kapuzinerberg de Salzbourg le 29 août 1934, quelques mois après l'arrivée d'Hitler au pouvoir. Elle avait été sa secrétaire pour les recherches qu'il menait en prévision de la biographie de Marie Stuart qu'il écrivait. 27 ans les séparaient. A cette époque-là, il était encore marié avec Friederike Maria von Winternitz qu'il avait épousée en 1915 et dont il divorcera en décembre 1938 pour épouser Lotte. En mars 1940, Stefan Zweig avait acquis la nationalité anglaise.
C'était le troisième voyage au Brésil de l'écrivain autrichien, il était venu la première fois en 1936 et avait logé au Copacabana palace, cet extraordinaire établissement construit en 1923 sur la plage éponyme. Le pays lui avait fait une si vive impression qu'il lui consacra un ouvrage "Brésil, terre d'avenir" paru en 1941. Il y retourna cette année-là avant de repartir pour New York où il ne réussit pas à se fixer. Puis le 27 août. Il était accompagné de Lotte Altmann, originaire de Silésie, qu'il avait rencontrée à Londres quand il s'y était installé fuyant son domicile du Kapuzinerberg de Salzbourg le 29 août 1934, quelques mois après l'arrivée d'Hitler au pouvoir. Elle avait été sa secrétaire pour les recherches qu'il menait en prévision de la biographie de Marie Stuart qu'il écrivait. 27 ans les séparaient. A cette époque-là, il était encore marié avec Friederike Maria von Winternitz qu'il avait épousée en 1915 et dont il divorcera en décembre 1938 pour épouser Lotte. En mars 1940, Stefan Zweig avait acquis la nationalité anglaise.
Un esprit cosmopolite
Stefan Zweig
Il était né le 28 novembre 1881 à Vienne dans une famille de la grande bourgeoisie juive, fit des études de lettres et de philosophie, s'essayant très tôt à l'écriture. Il voyage dans toute l'Europe et se consacre au roman, à la biographie et au théâtre ainsi qu'à la traduction, il y réussira parfaitement. Il écrit même un livret pour un opéra de Richard Strauss "La femme silencieuse". De toute cette volumineuse production, on peut retenir de nombreuses biographies, Marie-Antoinette, Marie-Stuart, Fouché, Bonaparte, Calvin, Erasme, Magellan, des pièces de théâtre toujours jouées, Vingt-quatre heures de la vie d'une femme, Le joueur d'échecs, des romans, Amok, La pitié dangereuse, Lettre d'une inconnue. Il fut l'ami de Freud et de Romain Rolland. Le Monde d'hier, Souvenirs d'un européen, est une sorte d'autobiographie parue un peu avant sa mort, on s'y plonge dans l'Europe d'avant la Première guerre et on y retrouve les conséquence qu'eut celle-ci sur tout le continent. On comprend pourquoi cet Européen avant l'heure ne pouvait supporter d'avoir été obligé de quitter l'Autriche qui alors, n'était plus maîtresse d'elle-même.
La lettre qu'il a laissée avant de se donner la mort, nous renseigne sur son profond désarroi :
"Avant de quitter la vie de ma propre volonté et avec lucidité, j'éprouve le besoin de remplir un dernier devoir : adresser de profonds remerciements au Brésil, e merveilleux pays qui m'a procuré ainsi qu'à mon travail, un repos si amical e si hospitalier. De jour en jour, j'ai appris à l'aimer davantage et nulle part ailleurs je n'aurais préféré édifier une nouvelle existence, maintenant que le monde de mon langage a disparu pour moi et que ma patrie spirituelle, l'Europe, s'est détruite elle-même. Mais à soixante ans passés il faudrait avoir des forces particulières pour recommencer sa vie de fond en comble. Et les miennes sont épuisées par les longues années d'errance. Aussi, je pense qu'il vaut mieux mettre fin à temps, et la tête haute, à une existence où le travail intellectuel a toujours été la joie la plus pure et la liberté individuelle le bien suprême de ce monde. Je salue tous mes amis. Puissent-ils voir encore l'aurore après la longue nuit ! Moi je suis trop impatient, je pars avant eux."
Il y a quelques semaines, Laurent Seksik faisait paraître chez Flammarion "Derniers jours de Stefan Zweig", un ouvrage qui rend compte des derniers six mois de l'écrivain.
La lettre qu'il a laissée avant de se donner la mort, nous renseigne sur son profond désarroi :
"Avant de quitter la vie de ma propre volonté et avec lucidité, j'éprouve le besoin de remplir un dernier devoir : adresser de profonds remerciements au Brésil, e merveilleux pays qui m'a procuré ainsi qu'à mon travail, un repos si amical e si hospitalier. De jour en jour, j'ai appris à l'aimer davantage et nulle part ailleurs je n'aurais préféré édifier une nouvelle existence, maintenant que le monde de mon langage a disparu pour moi et que ma patrie spirituelle, l'Europe, s'est détruite elle-même. Mais à soixante ans passés il faudrait avoir des forces particulières pour recommencer sa vie de fond en comble. Et les miennes sont épuisées par les longues années d'errance. Aussi, je pense qu'il vaut mieux mettre fin à temps, et la tête haute, à une existence où le travail intellectuel a toujours été la joie la plus pure et la liberté individuelle le bien suprême de ce monde. Je salue tous mes amis. Puissent-ils voir encore l'aurore après la longue nuit ! Moi je suis trop impatient, je pars avant eux."
Il y a quelques semaines, Laurent Seksik faisait paraître chez Flammarion "Derniers jours de Stefan Zweig", un ouvrage qui rend compte des derniers six mois de l'écrivain.