Un grand éditeur
Chronique culturelle 110118.mp3 (1.12 Mo)
Bernard de Fallois est décédé à Paris à l’âge de 91 ans. Il était né le 9 mai 1926 à Neuilly-sur-Seine. Agrégé de lettres classiques en 1948, il enseigne une quinzaine d'années puis se lance dans l’édition, d’abord chez Gallimard où il fait publier en 1952 et 1954 deux inédits de Marcel Proust, "Jean Santeuil" et "Contre Sainte-Beuve". Plus tard, il entre au groupe Hachette et contribue au développement du Livre de poche. Il a publié les œuvres complètes de Marcel Pagnol, celles de Raymond Aron, Alain Peyrefitte, Robert Merle, Jacques Perret aussi bien que Jacqueline de Romilly ou Françoise Chandernagor entre autres. PDG des Presses de la Cité, il édite notamment les collections de Presses Pocket ou des Éditions Julliard.
En 1987, il fonde les Éditions de Fallois où plus de 800 titres seront publiés, tant français qu’étrangers, des romans mais aussi des essais, des ouvrages philosophiques et historiques. Y paraît dès le début "Le choix de Dieu", du cardinal Lustiger.
En 2012, les Éditions de Fallois ont publié "La vérité sur l’affaire Harry Quebert", le 2e roman du Genevois Joël Dicker, un succès éclatant vendu à 3 millions d’exemplaires et couronné par de nombreux prix, Grand prix du roman de l'Académie française, Prix Goncourt des lycéens, Prix Tulipe dont il est premier lauréat aux Pays-Bas, Prix Segalen, Prix de la Vocation, Prix Audiolib...
A l’annonce de la mort de l’éditeur, Joël Dicker a d’ailleurs tweeté: "La tristesse d’avoir perdu mon ami, mon maître et mon éditeur, Bernard de Fallois. L’un des hommes les plus extraordinaires que j’ai connus. Il a tracé ma vie d’une marque indélébile, il a changé le cours de mon destin. Je lui dois tout. Il va terriblement me manquer".
Bernard de Fallois avait aussi été critique de cinéma aux revues Arts et Le Nouveau Candide, avait écrit des essais et des préfaces. Dans les années '70, il a même produit au Grand Palais de Paris le cirque espagnol des Muchachos. Ce fut pour eux le début d’une grande carrière.
Quand on demandait à Bernard de Fallois comment il pouvait éditer autant d’auteurs différents, il répondait avec un sourire énigmatique: "Un éditeur ne doit pas avoir de personnalité!".
En 1987, il fonde les Éditions de Fallois où plus de 800 titres seront publiés, tant français qu’étrangers, des romans mais aussi des essais, des ouvrages philosophiques et historiques. Y paraît dès le début "Le choix de Dieu", du cardinal Lustiger.
En 2012, les Éditions de Fallois ont publié "La vérité sur l’affaire Harry Quebert", le 2e roman du Genevois Joël Dicker, un succès éclatant vendu à 3 millions d’exemplaires et couronné par de nombreux prix, Grand prix du roman de l'Académie française, Prix Goncourt des lycéens, Prix Tulipe dont il est premier lauréat aux Pays-Bas, Prix Segalen, Prix de la Vocation, Prix Audiolib...
A l’annonce de la mort de l’éditeur, Joël Dicker a d’ailleurs tweeté: "La tristesse d’avoir perdu mon ami, mon maître et mon éditeur, Bernard de Fallois. L’un des hommes les plus extraordinaires que j’ai connus. Il a tracé ma vie d’une marque indélébile, il a changé le cours de mon destin. Je lui dois tout. Il va terriblement me manquer".
Bernard de Fallois avait aussi été critique de cinéma aux revues Arts et Le Nouveau Candide, avait écrit des essais et des préfaces. Dans les années '70, il a même produit au Grand Palais de Paris le cirque espagnol des Muchachos. Ce fut pour eux le début d’une grande carrière.
Quand on demandait à Bernard de Fallois comment il pouvait éditer autant d’auteurs différents, il répondait avec un sourire énigmatique: "Un éditeur ne doit pas avoir de personnalité!".
Un grand homme de théâtre
Ce même mardi 2 janvier 2018, Jacques Lassalle s’éteignait à Paris à l'âge de 81 ans. Il était né le 6 juillet 1936 à Clermont-Ferrand. Il étudie au Conservatoire de Nancy, puis à celui de Paris dans la classe de Fernand Ledoux, illustre sociétaire de la Comédie-Française. Il commence une carrière de comédien puis l’interrompt pour enseigner à à l’Institut d’études théâtrales de l’université de Paris-III. Son retour dans l’univers du théâtre lui permettra de connaître plusieurs expériences marquantes. En 1966, il crée le Studio Théâtre de Vitry, au sud de Paris, dans une banlieue très peu habituée à la scène. Il commence avec des pièces qu’il écrit lui-même et finit avec de grands classiques, Shakespeare aussi bien que Marivaux, Goldoni ou Molière.
Jacques Lassalle se fait vraiment connaître quand il monte en 1976, au T.E.P., Théâtre de l'Est Parisien, "Travail à domicile" du jeune Allemand Franz Xaver Kroetz, avec Marie-Christine Barrault. Sa carrière est alors lancée et il va pouvoir appliquer ses préceptes: "Je crois qu'un spectacle, une mise en scène, c'est une politique du retranchement. On dénude, on retire, jusqu'à ce peu, ce presque rien, l'essentiel étant dans le presque". Et cela dans quelque 150 mises en scène.
Il dirige le Théâtre national de Strasbourg de 1983 à 1990, il s’y fait tout de suite remarquer en créant Tartuffe avec Gérard Depardieu et François Périer. Ce qui ne l’empêchera pas d’aborder l'opéra en 1982 avec "Lohengrin" de Wagner et "Lear" de Aribert Reimann à l'Opéra de Paris, ainsi que "Luisa Miller" de Giuseppe Verdi, en 1986 à l’Opéra de Montpellier.
Puis, Jack Lang le nomme administrateur général de la Comédie-Française, il y reste jusqu’en 1993. Il rouvrira la salle du Vieux-Colombier dans le VI arrondissement de Paris, deuxième salle attribuée à la Comédie-Française qui sera principalement dédiée aux créations contemporaines, il l’inaugurera avec "Le silence" et "Elle est là" de Nathalie Sarraute. Il avait toujours décrié la Comédie-Française, il en détestait la tradition, "les hiérarchies", mais avoua après qu’il y avait été très heureux. C’est sans doute pourquoi il souffrit profondément lorsque Jacques Toubon successeur de Lang, ne lui permit pas d’y rester trois ans de plus.
Il se retire quelque temps à la campagne. En 1994, sa mise en scène d’"Andromaque" d’Euripide au Festival d'Avignon 1994 n’ayant pas eu l’heur de plaire à la critique, il redevient professeur au Conservatoire national d’art dramatique. Mais la passion du théâtre est trop forte…
En 1995, il monte "La Cerisaie" de Tchekov au Théâtre national d’Oslo, et en 2000 "Médée" d'Euripide dans la cour d'Honneur du palais des Papes d'Avignon, avec Isabelle Huppert.
Autour des années 2005, il travaille au Teatr Narodowy de Varsovie où il monte "Tartuffe", "La fausse suivante ou le fourbe puni" de Marivaux et "Lorenzaccio" de Musset. Sans oublier toutes les pièces, classiques et contemporaines, qu’il met en scène pour la Comédie-Française. Et celles qu’il monte dans divers théâtres parisiens mais aussi pour le Théâtre San Martin de Buenos Aires, le Théâtre Vidy-Lausanne, le théâtre BDT de Saint-Pétersbourg ou celui de Vicence.
Il devait d’ailleurs proposer la saison passée "La cruche cassée" de Kleist mais avait dû y renoncer, le décès de sa femme Françoise l’ayant particulièrement éprouvé. Puis son état de santé n’a cessé de se dégrader. "Il n'a pas pu retrouver ses forces", confiait son fils Antoine…
Pour lui rendre hommage, vendredi 5 janvier à 14h30, une messe était célébrée par Jérôme Prigent, prêtre de l'Oratoire, en l'église Saint-Eustache du Ier arrondissement de Paris. Jacques Lassalle a ensuite été inhumé à Saint-Beauzile, près de Gaillac, dans l'intimité familiale.
Jacques Lassalle se fait vraiment connaître quand il monte en 1976, au T.E.P., Théâtre de l'Est Parisien, "Travail à domicile" du jeune Allemand Franz Xaver Kroetz, avec Marie-Christine Barrault. Sa carrière est alors lancée et il va pouvoir appliquer ses préceptes: "Je crois qu'un spectacle, une mise en scène, c'est une politique du retranchement. On dénude, on retire, jusqu'à ce peu, ce presque rien, l'essentiel étant dans le presque". Et cela dans quelque 150 mises en scène.
Il dirige le Théâtre national de Strasbourg de 1983 à 1990, il s’y fait tout de suite remarquer en créant Tartuffe avec Gérard Depardieu et François Périer. Ce qui ne l’empêchera pas d’aborder l'opéra en 1982 avec "Lohengrin" de Wagner et "Lear" de Aribert Reimann à l'Opéra de Paris, ainsi que "Luisa Miller" de Giuseppe Verdi, en 1986 à l’Opéra de Montpellier.
Puis, Jack Lang le nomme administrateur général de la Comédie-Française, il y reste jusqu’en 1993. Il rouvrira la salle du Vieux-Colombier dans le VI arrondissement de Paris, deuxième salle attribuée à la Comédie-Française qui sera principalement dédiée aux créations contemporaines, il l’inaugurera avec "Le silence" et "Elle est là" de Nathalie Sarraute. Il avait toujours décrié la Comédie-Française, il en détestait la tradition, "les hiérarchies", mais avoua après qu’il y avait été très heureux. C’est sans doute pourquoi il souffrit profondément lorsque Jacques Toubon successeur de Lang, ne lui permit pas d’y rester trois ans de plus.
Il se retire quelque temps à la campagne. En 1994, sa mise en scène d’"Andromaque" d’Euripide au Festival d'Avignon 1994 n’ayant pas eu l’heur de plaire à la critique, il redevient professeur au Conservatoire national d’art dramatique. Mais la passion du théâtre est trop forte…
En 1995, il monte "La Cerisaie" de Tchekov au Théâtre national d’Oslo, et en 2000 "Médée" d'Euripide dans la cour d'Honneur du palais des Papes d'Avignon, avec Isabelle Huppert.
Autour des années 2005, il travaille au Teatr Narodowy de Varsovie où il monte "Tartuffe", "La fausse suivante ou le fourbe puni" de Marivaux et "Lorenzaccio" de Musset. Sans oublier toutes les pièces, classiques et contemporaines, qu’il met en scène pour la Comédie-Française. Et celles qu’il monte dans divers théâtres parisiens mais aussi pour le Théâtre San Martin de Buenos Aires, le Théâtre Vidy-Lausanne, le théâtre BDT de Saint-Pétersbourg ou celui de Vicence.
Il devait d’ailleurs proposer la saison passée "La cruche cassée" de Kleist mais avait dû y renoncer, le décès de sa femme Françoise l’ayant particulièrement éprouvé. Puis son état de santé n’a cessé de se dégrader. "Il n'a pas pu retrouver ses forces", confiait son fils Antoine…
Pour lui rendre hommage, vendredi 5 janvier à 14h30, une messe était célébrée par Jérôme Prigent, prêtre de l'Oratoire, en l'église Saint-Eustache du Ier arrondissement de Paris. Jacques Lassalle a ensuite été inhumé à Saint-Beauzile, près de Gaillac, dans l'intimité familiale.