La nouvelle hausse de prix va permettre à la SBEE d’engranger 6 milliards de francs CFA par an. Photo (c) DR
L’électricité passe de 98 à 108 francs CFA le kilowatt soit une augmentation de 10 francs CFA depuis du 1er avril. Cette mesure qui fait déjà grincer les dents dans les rangs des consommateurs, va permettre à l’organisme public ayant le monopole de distribution de l’énergie électrique, d’engranger annuellement la bagatelle de 6 milliards de francs CFA en vue d’améliorer la qualité de ses prestations mais également de résorber les déficits accumulés. Ces déficits, de 18,7 milliards de francs CFA en 2008 contre 12,3 milliards en 2006, ont fini par absorber les capitaux propres de la SBEE qui se sont établis à -10,56 milliards de francs CFA au 31 décembre 2008.
Outre les résultats déficitaires, la SBEE est empêtrée dans une série de dettes : elle doit 96,7 milliards de francs CFA au Trésor public et à la Caisse autonome d’amortissement puis 25 milliards à la Communauté électrique du Bénin (CEB), l’organisme régional auprès de qui elle achète l’électricité. Ce dernier, du fait de cette dette, ne livre désormais qu’une partie de la quantité d’énergie électrique nécessaire pour couvrir les besoins des consommateurs béninois.
Selon plusieurs observateurs, la SBEE réunit tous les critères édictés par les textes de l’OHADA (Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires) pour être déclarée en liquidation.
Sur le terrain, les difficultés s’amoncellent : coupures intempestives de courant, retard dans les branchements, longues files d’attente pour régler les factures, graves soupçons sur la justesse des prix pratiqués, etc.
Pis depuis 2006, la région ouest-africaine est soumise à une crise énergétique caractérisée par des délestages récurrents au Bénin et au Togo qui importent l’énergie électrique du Ghana, de la Côte d’Ivoire et du Nigeria. Ces différents pays n’honorent plus totalement leurs engagements. Le Ghana, en raison de la hausse des besoins propres de son économie, a réduit de 50 mégawatts à 25 mégawatts son offre d’électricité. La Côte d’Ivoire n’est plus en mesure d’assurer l’approvisionnement des 20 mégawatts habituels. Seul le Nigeria honore ses engagements même au-delà des attentes : 90 mégawatts au lieu de 70 initialement prévus dans le contrat.
Pour combler le déficit et respecter ses engagements vis-à-vis de sa clientèle, la SBEE s’est lancée dans la production d’électricité à partir de ses propres centrales thermiques. Mais chaque mois, elle devra débourser 2 milliards de francs CFA pour acheter du gasoil et faire tourner ses centrales. «C’est beaucoup trop !», estime Godefroid Tchékété, directeur général de la SBEE.
Alors le conseil d’administration de la société a pris plusieurs décisions : la conversion d’une partie (14 milliards de francs CFA) des emprunts rétrocédés à la SBEE par la Caisse autonome d’amortissement dans le cadre de certains projets d’électrification ayant déjà fait l’objet de remise de dette par les bailleurs de fonds, pour reconstituer les fonds propres de la Société ; la titrisation des 25 milliards de dettes de la SBEE envers la CEB ; le renouvèlement des contrats de location des centrales thermiques pour une puissance totale de 50 MW jusqu’à fin août 2010 ; l’augmentation tarifaire de 10 FCFA par Kwh chaque année durant trois ans ; la mise en œuvre d’un programme cohérent de lutte contre la fraude sur les installations électriques de la SBEE, en vue de réduire substantiellement les taux de pertes technique et commerciale…
Outre les résultats déficitaires, la SBEE est empêtrée dans une série de dettes : elle doit 96,7 milliards de francs CFA au Trésor public et à la Caisse autonome d’amortissement puis 25 milliards à la Communauté électrique du Bénin (CEB), l’organisme régional auprès de qui elle achète l’électricité. Ce dernier, du fait de cette dette, ne livre désormais qu’une partie de la quantité d’énergie électrique nécessaire pour couvrir les besoins des consommateurs béninois.
Selon plusieurs observateurs, la SBEE réunit tous les critères édictés par les textes de l’OHADA (Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires) pour être déclarée en liquidation.
Sur le terrain, les difficultés s’amoncellent : coupures intempestives de courant, retard dans les branchements, longues files d’attente pour régler les factures, graves soupçons sur la justesse des prix pratiqués, etc.
Pis depuis 2006, la région ouest-africaine est soumise à une crise énergétique caractérisée par des délestages récurrents au Bénin et au Togo qui importent l’énergie électrique du Ghana, de la Côte d’Ivoire et du Nigeria. Ces différents pays n’honorent plus totalement leurs engagements. Le Ghana, en raison de la hausse des besoins propres de son économie, a réduit de 50 mégawatts à 25 mégawatts son offre d’électricité. La Côte d’Ivoire n’est plus en mesure d’assurer l’approvisionnement des 20 mégawatts habituels. Seul le Nigeria honore ses engagements même au-delà des attentes : 90 mégawatts au lieu de 70 initialement prévus dans le contrat.
Pour combler le déficit et respecter ses engagements vis-à-vis de sa clientèle, la SBEE s’est lancée dans la production d’électricité à partir de ses propres centrales thermiques. Mais chaque mois, elle devra débourser 2 milliards de francs CFA pour acheter du gasoil et faire tourner ses centrales. «C’est beaucoup trop !», estime Godefroid Tchékété, directeur général de la SBEE.
Alors le conseil d’administration de la société a pris plusieurs décisions : la conversion d’une partie (14 milliards de francs CFA) des emprunts rétrocédés à la SBEE par la Caisse autonome d’amortissement dans le cadre de certains projets d’électrification ayant déjà fait l’objet de remise de dette par les bailleurs de fonds, pour reconstituer les fonds propres de la Société ; la titrisation des 25 milliards de dettes de la SBEE envers la CEB ; le renouvèlement des contrats de location des centrales thermiques pour une puissance totale de 50 MW jusqu’à fin août 2010 ; l’augmentation tarifaire de 10 FCFA par Kwh chaque année durant trois ans ; la mise en œuvre d’un programme cohérent de lutte contre la fraude sur les installations électriques de la SBEE, en vue de réduire substantiellement les taux de pertes technique et commerciale…
Des solutions sur le long terme
Les experts ne croient pas totalement en l’efficacité des mesures prises par la SBEE. Même à l’intérieur de la société, des voix s’élèvent pour dire que pour une bonne maîtrise de la situation, il faut une augmentation de 50 FCFA du prix de l’électricité. Mais le gouvernement ne veut en aucun cas avoir à gérer l’impact social d’une telle hausse. Le président Boni Yayi qui a été chargé par ses pairs de l’UEMOA de proposer des solutions durables à la crise énergétique qui sévit dans les huit pays de cette union, continue d’explorer des solutions au plan national. Il est soutenu dans ses efforts par des institutions internationales. Ainsi, en 2009, son pays a bénéficié d’un prêt d’environ 35 milliards de francs CFA de l’Association internationale pour le développement (IDA) et d’un don du Fonds pour l’Environnement mondial (FEM) d’un montant d’environ 900 millions de francs CFA, pour financer le projet de développement de l’accès amélioré à l’énergie moderne (DAEM). Le 16 décembre 2009, la Banque européenne d’investissement (BEI) a accordé au gouvernement béninois un prêt de 32 millions d’euros, soit 21 milliards de francs CFA pour le financement partiel du projet de réhabilitation des lignes 161 KV Lomé – Cotonou et Sakété – Onigbolo, soit une longueur de 290 km. Ces principales lignes d’approvisionnement en énergie électrique de la zone couverte par la CEB, sont vieilles de plus de 30 ans. Le projet vise à renforcer et à étendre les réseaux de transport d’électricité entre le Togo, le Bénin et le Nigeria.
L’autre solution à terme, c’est l’accélération du projet de réalisation du barrage hydroélectrique d’Adjarrala, situé sur le fleuve Mono, commun au Bénin et au Togo. Ce barrage, dont le coût est estimé à 162 millions de dollars, devrait permettre de réduire la dépendance énergétique des deux pays vis-à-vis de l’extérieur.
La Ligue pour la défense du consommateur au Bénin (LDCB) a sa petite solution. Pour elle, il n’est pas question que «les consommateurs payent toujours le prix des dérives de gestion de l’Etat». Puisque, fait observer la Ligue, «la situation actuelle de la SBEE est due à la mauvaise gestion et aux actes de dilapidation des ressources de la société». Notamment, les deux derniers directeurs généraux de la société, proches du pouvoir, ont été mis en cause dans un audit commandité par le gouvernement. Mais entre temps, les deux ont été élus députés et sont désormais couverts par l’immunité parlementaire. La Ligue appelle le gouvernement à «user de toutes les voies légales afin que les auteurs de cette mauvaise gestion soient punis». «C’est une action qui aura une grande valeur pédagogique et qui mettra fin au règne de la corruption, du clientélisme et de l’impunité dans cette société et partant dans toutes les sociétés publiques et parapubliques au Bénin», croit savoir Romain Houéhou, président de la LDCB.
L’autre solution à terme, c’est l’accélération du projet de réalisation du barrage hydroélectrique d’Adjarrala, situé sur le fleuve Mono, commun au Bénin et au Togo. Ce barrage, dont le coût est estimé à 162 millions de dollars, devrait permettre de réduire la dépendance énergétique des deux pays vis-à-vis de l’extérieur.
La Ligue pour la défense du consommateur au Bénin (LDCB) a sa petite solution. Pour elle, il n’est pas question que «les consommateurs payent toujours le prix des dérives de gestion de l’Etat». Puisque, fait observer la Ligue, «la situation actuelle de la SBEE est due à la mauvaise gestion et aux actes de dilapidation des ressources de la société». Notamment, les deux derniers directeurs généraux de la société, proches du pouvoir, ont été mis en cause dans un audit commandité par le gouvernement. Mais entre temps, les deux ont été élus députés et sont désormais couverts par l’immunité parlementaire. La Ligue appelle le gouvernement à «user de toutes les voies légales afin que les auteurs de cette mauvaise gestion soient punis». «C’est une action qui aura une grande valeur pédagogique et qui mettra fin au règne de la corruption, du clientélisme et de l’impunité dans cette société et partant dans toutes les sociétés publiques et parapubliques au Bénin», croit savoir Romain Houéhou, président de la LDCB.