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Les Balinais font abandonner un projet de complexe touristique géant


Par PR Rédigé le 04/09/2018 (dernière modification le 03/09/2018)

La Baie de Benoa, à l'extrémité Sud de Bali, vient d'échapper à l'industrie du tourisme de luxe. De par sa position dans la partie la plus attractive de l'Indonésie, elle attirait depuis longtemps de nombreux investisseurs.


3 milliards de dollars engagés sur fond de corruption

Manifestation pour Benoa. Photo (c) PR
Manifestation pour Benoa. Photo (c) PR
benoa.mp3 Benoa.mp3  (3.62 Mo)

Alors que la zone n'est plus protégée par un statut de conservation depuis 2014, l'entreprise TWBI s'apprêtait à y créer Nusa Benoa: des îles artificielles à destination des touristes. Son permis de construire a finalement expiré fin août 2018, avant que le projet n'aboutisse, grâce à la lutte de la population locale.

Sous prétexte de "revitalisation" de 700 hectares, la compagnie TWBI prévoyait de poldériser la mangrove pour construire douze îlots artificiels à destination d'infrastructures touristiques. Un projet surréaliste, qui incluait des hôtels de luxe, de nombreux restaurants, un parc d'attraction, des centres commerciaux et même un circuit de Formule 1.

Sur le plan écologique, les experts s'accordent à dire que Nusa Benoa aurait été un désastre. D'une part, la mangrove aurait été en grande partie détruite, et d'autre part, la probable montée des eaux aurait inondé une partie des côtes de Bali. Pire encore, l'alimentation gourmande en eau des hôtels et attractions touristiques aurait probablement achevé d'assécher plusieurs rivières et aurait provoqué des intrusions d'eau salée irréversibles dans les terres. Bali étant déjà sujet au tourisme de masse, l'île n'aurait pas supporté autant d'infrastructures supplémentaires.

De plus, la baie de Benoa est déclarée sacrée par les autorités hindoues. Elle contient 24 temples, dont plusieurs sous l'eau, et sert à plusieurs cérémonies.

Les arguments en faveur du projet sont, quant à eux, tous économiques. Il créerait des emplois et dynamiserait les entreprises locales. Or aucune promesse n'a été faite d'embaucher des Balinais en priorité sur les chantiers, et l'on sait que les propriétaires des infrastructures touristiques auraient été en grande partie étrangers. Pendant ce temps, l'économie des villages de la baie repose sur la mer. Les priver de l'accès à Benoa, c'est les priver de leurs principales sources de revenus.

Toutes ces raisons expliquent que la zone était originellement sous statut de conservation. Pourtant, en 2014, le président Susilo Bambang Yudhoyono exclut les 700 hectares de la zone protégée par un décret. Le soutien financier important qu'il avait obtenu pour sa campagne de la part des investisseurs à qui il a offert le permis a-t-il quelque chose à y voir?


L'aboutissement d'une mobilisation acharnée de cinq ans

Depuis que le projet a filtré dans la presse locale en 2013, le slogan "Tolak Reklamasi" (contre la récupération [des terres]) est apparu dans toutes les rues. Les opposants se sont très vite regroupés dans l'organisation ForBALI, rassemblant des ONG écologistes, des chefs de village, des artistes, des étudiants et des intellectuels.

Puputan ("combat à mort") est une expression fréquemment utilisée par les militants, qui ont refusé jusqu'au bout de se soumettre à un compromis avec les investisseurs. Durant cinq ans, des centaines de milliers de Balinais ont fréquemment investit les rues lors de manifestations d'envergure.

Grâce au pouvoir des réseaux sociaux et à l'implication de musiciens populaires (Superman Is Dead, Navicula, Nosstress), les militants ont nationalisé et internationalisé le conflit. Leurs voix ont fini par se faire entendre.

TWBI devait remettre un rapport sur la faisabilité du projet et ses conséquences environnementales (rapport AMDA) au ministère indonésien des Affaires maritimes et de la Pêche samedi 25 août 2018. Il n'a pas respecté le délai, et son permis n'a pas été reconduit.

Putu Edy Untung Pramana (alias Komar), leader du groupe Ledorz et membre actif de la mobilisation, ne se réjouit pas encore pour autant: "Le statut de la baie est toujours d'usage général, une autre compagnie pourrait encore obtenir un permis et on repartirait à zéro...".

En manifestant le jour de la fin du permis de TWBI, les Balinais demandent le retour au statut de conservation. Sans ce statut, ils n'ont aucune garantie que la baie soit sauvée.

Wayan Koster, le nouveau gouverneur élu de Bali, qui se vante d'être à l'origine de l'abandon du projet (bien qu'il ne soit pas encore au pouvoir), affirme dans tous les médias, soutenir la protection de la baie: “Nous reboiserons la zone détruite et nous la préserverons”. L'avenir dira s'il est sincère.










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