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Le monde à portée de pouce


Par Rédigé le 02/03/2015 (dernière modification le 02/03/2015)

Florence est une jeune femme souriante et décontractée. En juillet 2013, elle a embarqué sur un voilier afin de rejoindre le Brésil. Depuis, suivant son instinct et ses rencontres, elle a traversé toute l'Amérique latine en auto-stop. Ayant posé, quelques temps, ses valises à Buenos Aires, Florence a accepté de nous recevoir afin de nous parler de cette très belle aventure.


Itinéraire de Florence. Photo (c) Florence Renault
Itinéraire de Florence. Photo (c) Florence Renault
interview_florence_renault_1.mp3 Florence Renault tour du monde.mp3  (160.2 Ko)

Podcast journal: Florence, pourriez-vous vous présenter en quelques mots?

Florence Renault:
J'ai 29 ans et il y a de cela dix-huit mois je suis partie de France pour démarrer un tour du monde en stop.

P.J.: Avant cette aventure, quel a été votre parcours?

F.R.: J'ai fait des études à l'école de journalisme de Bordeaux, puis pendant quelques temps, j'ai été reporter d'images pour France 3.

P.J.: Quand est né ce projet de tour du monde?

F.R.: Je pense que l'idée a toujours était en moi, vers l'âge de 10 ans je commençais déjà à y penser. Les années passaient et l'envie grandissait. Je mettais de l'argent de côté en sachant qu'un jour je partirai. Quelques mois avant mon départ je me suis dit " allez je me lance!". J'avais peur de ne jamais franchir le pas et je me serais déçue de ne pas oser. Du jour au lendemain j'ai décidé "je me laisse trois mois pour arranger mes affaires et je m'en vais". En mars 2013, j'ai posé mon préavis, fin juin j'ai déménagé mes affaires chez mes parents à Orléans. J'ai fait quelques vaccins, préparé une trousse de médicaments et c’était parti! Je ne voulais pas me laisser le choix de reculer et je souhaitais prendre du temps pour chercher "un bateau-stop". Je ne m'y attendais pas, mais je l'ai trouvé quasiment tout de suite et j'ai embarqué le 2 juillet.

P.J.: Pourquoi avez-vous choisi de vous lancer dans l'aventure en stop?

F.R.: J'ai déjà pas mal voyagé en Europe en stop. Je trouve le concept sympa, tu peux facilement rencontrer plein de monde et t'imprégner directement de la culture du pays. En plus, c'est gratuit! Et comme dans le voyage, le transport c'est ce qu'il y a de plus cher, je me suis dis que pour mener à bien mon projet de tour du monde en plusieurs années, mes économies ne me suffiraient que si je ne payais pas les transports.

La traversée de l'Atlantique en bateau stop. Photo (c) Florence Renault
La traversée de l'Atlantique en bateau stop. Photo (c) Florence Renault
P.J.: Durant votre périple, et grâce, justement à l'auto-stop, vous avez du rencontrer énormément de personnes, pourriez-vous nous décrire un moment fort, une de vos plus belles rencontres?

F.R.: Quand j'étais au Brésil, je suis allée visiter une mine d'or. Des gens m'ont prise en stop, et dans la voiture il y avait un Brésilien, une Belge et un Italien...

P.J.: Ça ressemble au début d'une blague!

F.R.: Oui! (rire). Le chemin qu'on avait a partager était relativement court, et comme on s'est tout de suite très bien entendu, on a décidé d'aller boire une bière. Finalement, on a passé toute la soirée ensemble, et le lendemain aussi. Ils partaient ensuite visiter des champs de café, ils m'ont invitée à les suivre pendant deux jours. On s'est séparé, mais on s'est donné rendez-vous plus-tard à Rio où on a passé une semaine ensemble. Un coup de foudre amical, qui a donné lieu à de jolis souvenirs.
Ou encore cette fois-ci, en Argentine, où un homme qui me conduisait m'a proposé de me loger pour la nuit. Je suis arrivée chez lui, sa famille était là pour le visiter, on a fini par dormir à sept dans un deux pièces! J'ai trouvé ça tellement généreux qu'il me propose un matelas alors que son appartement était déjà bien peuplé! Tout le monde a été très accueillant, j'y suis restée trois jours et j'en garde un super souvenir.

P.J.: Donc beaucoup de beaux moments. Il y a-t-il eu, au contraire, des moments durs, de découragement?

F.R.:
Heu... Je ne sais pas trop. Peut-être à chaque fois que je me pose un peu. Quand je suis arrivée à Ushuaïa, ça faisait déjà huit mois que je voyageais, j'étais bien fatiguée. J'ai donc décidé de rester un mois. J'ai travaillé dans un restaurant. D'avoir arrêter la route, ça m'a un peu minée... Parfois, oui j'en ai assez, mais il suffit d'un joli moment ou d'une belle rencontre pour que ça reparte.

Le glacier Perito Moreno, Patagonie. Photo (c) Florence Renault
Le glacier Perito Moreno, Patagonie. Photo (c) Florence Renault
L.P.: Vous êtes partie seule, mais l'êtes-vous restée durant votre voyage?

F.R.:
Depuis que je suis partie, quelques amis sont venus de France passer un peu de temps avec moi. Au Chili, j'ai sympathisé avec un Chilien, on a décidé de faire un petit bout de chemin ensemble. Ensuite, des petits morceaux de routes partagés avec des rencontres sur place. Par exemple, à la sortie d'un village en Patagonie, je me suis retrouvée à faire du stop avec un Américain qui allait dans la même direction que moi, on a passé quatre jours ensemble.

P.J.: Et pour vous loger?

F.R.:
Soit je dors sous ma tente, soit je dors chez les gens qui me prennent en stop. Ça m'est arrivé très souvent, que de fil en aiguille on me propose de passer la nuit sur le canapé. Ou alors sur le site de particuliers qui proposent un hébergement gratuit. Il faut prévoir un peu à l'avance son heure d’arrivée (ce qui n'est pas évident quand on fait du stop), mais c'est très pratique. Je ne paye que très rarement pour dormir, quelques nuits dans des motels de temps en temps, ou par exemple la colocation ici à Buenos Aires. Globalement, je me rend compte que l'hospitalité et la générosité ne sont pas rares. C'est une bonne nouvelle!

P.J.: Aujourd’hui vous vous êtes posée un temps à Buenos Aires, pourquoi? Et quand repartez-vous?

F.R.:
Je suis revenue à Buenos Aires parce que j'y avais fait une rencontre... (rire) Mais en fait je repars... Il faut donc que je remonte toute l'Amérique latine jusqu'à Mexico, là-bas je ferai les démarches de visa pour les USA et après... La route continue.

P.J.: Combien de temps restez-vous dans les endroits que vous visitez? Aimeriez-vous, parfois, poser vos valises?

F.R.:
J'aime bien rester 4 jours dans un endroit. Si je reste plus, je prends le risque de ne plus vouloir partir, si je reste moins, j'ai le sentiment de ne pas bien connaître les lieux. Le plus de temps où je me suis posée, ça a été un mois à Ushuaïa l'année dernière et un mois cette année à Buenos Aires... En fait j'ai calculé, en 18 mois j'ai passé sept mois en Argentine!

P.J.: Vous avez eu un véritable coup de cœur pour le pays?

F.R.:
Oui, j'adore ce pays, mais il est surtout très grand et il y a tellement de choses à y voir que le temps défile facilement. J'ai voulu me poser un peu à Buenos Aires, devenir sédentaire, en profiter pour trouver des lieux où partager mes photos, mes vidéos... Mais en définitive je trouve ma vie "chiante" ici! (Rire) Quand tu voyages, surtout en stop, tu as un rythme de dingue. Ici, je traine, je fais mes courses... J'ai pas très envie de ça en fait... J'ai envie de voyager... Et puis il faut que mon tour du monde avance!

Salar de Uyuni, lac salé, sud Bolivie. Photo (c) Florence Renault
Salar de Uyuni, lac salé, sud Bolivie. Photo (c) Florence Renault
P.J.: D'autant plus que de gros challenges vous attendent, après les USA et le Canada vous avez l'intention de rejoindre l'Australie en traversant le Pacifique en bateau-stop. Épique! Racontez-nous un peu comment ça fonctionne?

F.R.:
J'ai déjà traversé l'Atlantique en voilier. En fait, il faut se renseigner sur les saisons de traversée et trouver une équipe qui vous prend à bord gratuitement, en contrepartie vous aidez sur le bateau. Je n'avais jamais navigué avant, et ce mois de traversée m'a appris que j'avais le mal de mer! Donc, pour le voyage dans le Pacifique qui est plus long et plus agité, je vais essayer de trouver d'autres solutions. Peut-être chercher à me faire embaucher sur un gros bateau. Mais je ne sais pas trop encore, je n'y serai pas avant un an!

P.J.: Finalement après dix-huit mois de voyage, vous n'en êtes qu'au début de votre périple. Vous vous sentez fatiguée, excitée?

F.R.:
Pas fatiguée, j'ai vraiment hâte de reprendre la route. Je pense que je vais voyager toute ma vie. Pas de façon si extrême, mais je pense que je vais organiser ma vie future en fonction de cette envie de voyage.

P.J.: Comment envisagez-vous votre retour en France?

F.R.:
Ce ne sera pas avant plusieurs années. Je pense que je vais y rester un peu, revenir à ma profession de reporter d'image. J'aimerai beaucoup partager mes vidéos et mes photos. Et aussi ouvrir ma porte à tous les voyageurs!

P.J.: Pour conclure, quel serait pour vous, au delà du côté financier, le plus bel atout du voyage en stop?

F.R.:
En fait, ce qui est génial dans le fait de voyager seule, sans limite de temps, et avec un projet de tour du monde en stop, c'est d'être ouverte et disponible à chaque opportunité qui se présente: une invitation à dormir chez l'habitant chez une vendeuse d'empanadas au Panama, être invitée dans l'émission télé d'un journaliste péruvien rencontré dans la rue, faire un tour d'hélicoptère en Patagonie avec un technicien chilien qui doit réparer une antenne, être invitée à un festival de la mode à Mexico... Plus je voyage, plus je rencontre de gens, et plus ce genre d'opportunité se présentent à moi, sans que je demande quoi que ce soit. Souvent en stop, quand arrive l'heure du déjeuner, les personnes insistent pour m'inviter à déjeuner. Les gens sont amusés par mon projet, souvent ils se sentent responsables de moi. Ils le font par générosité personnelle. Ou parfois, par patriotisme, comme ce Colombien qui m'avait offert un café avec un gâteau en me disant "comme ça, quand tu rentreras en France, tu pourras raconter à tes parents qu'en Colombie, il y a des gens biens et qu'on t'a offert un café avec un gâteau".










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