Photo © Dominique Jaussein
Quarante et unième opéra de Donizetti, "L’Elixir d’Amour" est un charmant récit aux tons délicats et nuancés qui met en scène un marivaudage non dépourvu de cruauté dans un Pays-Basque de fantaisie. Son but, qui est simplement de divertir, est parfaitement atteint dans la très cinématographique production de l’Opéra de Rome, actuellement à l’affiche de la saison niçoise, car toute entière placée sous le signe de la fête et du rire. Les quatre interprètes principaux ont d’ailleurs parfaitement adhéré à cet esprit de divertissement élégant et burlesque.
Dans des décors et costumes poétiquement réalistes et fonctionnels de Mauro Carosi et Odette Nicoletti, la mise en scène alerte et vivante de Fabio Sparvoli fourmille d’idées savoureuses et irrésistibles parfaitement enchaînées et ne tombe jamais dans le piège facile de la trivialité ou du mauvais goût. Un petit chef-d’œuvre d’intelligence ! Il arrive même à tirer l’ouvrage vers l’opérette tout en respectant à la note près une musique plus difficile qu’il n’y parait. Ici le rire est proche des larmes, Donizetti illustrant et inaugurant de belle manière en 1832 l’esthétique de l’opéra semiseria sur un livret des plus réussis de l’incontournable Felice Romani.
L’autre belle surprise viendra de la fosse. Enrique Mazzola dirige consciencieusement, évitant de couvrir les voix, n’ignore jamais les subtilités de la partition qu’il irise de mille couleurs. De la belle ouvrage avec un Orchestre Philarmonique de Nice comme en état de grâce.
Impossible également d’adresser un reproche sérieux à la distribution. Plaisir total avec le couple (à la scène comme à la ville) formé par Charles Castronovo et Ekaterina Siurina. Le premier chante un Nemorino scéniquement gauche et benêt comme le veut la tradition, avec en prime une souveraineté de ligne et un souci des contrastes et du phrasé qui le hissent désormais en haut de l’affiche.
Difficile aussi de trouver Adina plus mutine et espiègle… Ekaterina Siurina aborde ce rôle périlleux dans l’esprit romantique avec sa voix belle et pleine de réelle soprano lyrique, conférant au personnage une sensualité et une grâce rares.
Précédée d’un clairon plus caserne que nature, l’entrée rigolote du matamore Belcore fait grande impression. Le sympathique Mario Cassi, de son timbre de bronze rond, haut placé, allie de belle manière prestance vocale et verve bouffe.
Le charlatan Dulcamara est un personnage haut en couleurs, ridicule, grotesque parfois. Ici, le presque vétéran Pietro Spagnoli le joue avec drôlerie et finesse, aplomb, un charme, un chic fou.
On oublie parfois de parler des chœurs de l’Elisir… Aux côtés de l’exquise Gianetta d’Eduarda Melo (qui tire intelligemment son épingle du jeu avec une voix frêle mais assurée), ils ont fait preuve, encore une fois, d’une belle homogénéité, d’une certaine tenue stylistique.
En conclusion, un breuvage à déguster sans modération.
Dans des décors et costumes poétiquement réalistes et fonctionnels de Mauro Carosi et Odette Nicoletti, la mise en scène alerte et vivante de Fabio Sparvoli fourmille d’idées savoureuses et irrésistibles parfaitement enchaînées et ne tombe jamais dans le piège facile de la trivialité ou du mauvais goût. Un petit chef-d’œuvre d’intelligence ! Il arrive même à tirer l’ouvrage vers l’opérette tout en respectant à la note près une musique plus difficile qu’il n’y parait. Ici le rire est proche des larmes, Donizetti illustrant et inaugurant de belle manière en 1832 l’esthétique de l’opéra semiseria sur un livret des plus réussis de l’incontournable Felice Romani.
L’autre belle surprise viendra de la fosse. Enrique Mazzola dirige consciencieusement, évitant de couvrir les voix, n’ignore jamais les subtilités de la partition qu’il irise de mille couleurs. De la belle ouvrage avec un Orchestre Philarmonique de Nice comme en état de grâce.
Impossible également d’adresser un reproche sérieux à la distribution. Plaisir total avec le couple (à la scène comme à la ville) formé par Charles Castronovo et Ekaterina Siurina. Le premier chante un Nemorino scéniquement gauche et benêt comme le veut la tradition, avec en prime une souveraineté de ligne et un souci des contrastes et du phrasé qui le hissent désormais en haut de l’affiche.
Difficile aussi de trouver Adina plus mutine et espiègle… Ekaterina Siurina aborde ce rôle périlleux dans l’esprit romantique avec sa voix belle et pleine de réelle soprano lyrique, conférant au personnage une sensualité et une grâce rares.
Précédée d’un clairon plus caserne que nature, l’entrée rigolote du matamore Belcore fait grande impression. Le sympathique Mario Cassi, de son timbre de bronze rond, haut placé, allie de belle manière prestance vocale et verve bouffe.
Le charlatan Dulcamara est un personnage haut en couleurs, ridicule, grotesque parfois. Ici, le presque vétéran Pietro Spagnoli le joue avec drôlerie et finesse, aplomb, un charme, un chic fou.
On oublie parfois de parler des chœurs de l’Elisir… Aux côtés de l’exquise Gianetta d’Eduarda Melo (qui tire intelligemment son épingle du jeu avec une voix frêle mais assurée), ils ont fait preuve, encore une fois, d’une belle homogénéité, d’une certaine tenue stylistique.
En conclusion, un breuvage à déguster sans modération.