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Golfe de Guinée: La détonation qui vient de Yaoundé


Par Rédigé le 01/07/2013 (dernière modification le 30/06/2013)

Face aux menaces multiformes qui pèsent sur cette région, les chefs d’État et de gouvernement d’Afrique de l’Ouest et du Centre, réunis au Cameroun les 24 et 25 juin, ont décidé de se mettre en ordre de bataille. Mais pour les experts, il faudra encore s’armer de patience pour que les décisions prises dans le cadre du Sommet sur la sûreté et la sécurité maritimes dans le Golfe de Guinée prennent corps.


Le président Paul Biya prononçant le discours de clôture du Sommet de Yaoundé. Photo (c) Cellule de communication de la présidence de la République du Cameroun
Le président Paul Biya prononçant le discours de clôture du Sommet de Yaoundé. Photo (c) Cellule de communication de la présidence de la République du Cameroun
sommet_yaounde.mp3 sommet_yaounde.mp3  (2.14 Mo)

Pour les plus optimistes, il s’agit d’une artillerie lourde. Quatre repères sont ainsi brandis. La "Déclaration de Yaoundé", par laquelle les chefs d’État et de gouvernement s’engagent "sans réserve à travailler ensemble pour assurer la promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité dans l’espace maritime de l’Afrique centrale et de l’Afrique de l’Ouest par la mobilisation des moyens opérationnels adéquats tant institutionnels que logistiques". Mais il y a aussi l’adoption par les mêmes dirigeants d’un "code de conduite relative à la prévention et à la répression des actes de piraterie, des vols à main armée, à l’encontre des navires et des activités maritimes illicites en Afrique de l’Ouest et du Centre", dont la mise en œuvre fera l’objet d’une évaluation dans un délai de trois ans. Notable aussi : la création du Centre interrégional de coordination sur la sûreté et la sécurité dans l’espace maritime de l’Afrique centrale et de l’Afrique de l’Ouest, prévue par le "mémorandum d’entente", et dont le siège est fixé à Yaoundé.

A l’aune de ces "acquis", le sommet de Yaoundé a livré ses premières leçons. Elles sont au nombre de quatre, selon le Pr Joseph Vincent Ntuda Ebode: "1- Tous les États du Golfe de Guinée ont compris qu'ils sont, individuellement pris, incapables de lutter contre les menaces qui viennent de la mer et qu'ils sont obligés de se mettre ensemble; 2- Qu'ils ont compris l'importance des activités maritimes et littorales, tant pour la stabilité de leurs institutions que pour la recherche d'un développement durable de leurs économies; 3- Que pour lutter contre l'insécurité maritime, il faut adopter une approche globale qui, aux initiatives militaires, associe des réponses civiles; 4- Enfin, qu'il existe une interdépendance entre continents et mers et donc qu'il faut prendre en compte l'interface terre/mer", soutient le géostratège de l’Université de Yaoundé II au Cameroun.

Pour autant, il faudra encore s’armer de patience pour l’implémentation des résolutions prises à Yaoundé. "En termes plus appropriés, les décisions prises à Yaoundé se situent à un niveau stratégique. Avant leur traduction dans les faits, les experts des structures ministérielles concernées doivent se penser dessus pour sortir les statuts et l'organigramme. Après adoption par toutes les parties prenantes de ces deux éléments, les organes devant traduire les orientations en faits seront nommés ou recrutés. Ce n'est donc qu'après tout cela que l'action réelle va commencer, c'est-à-dire, l'implémentation des politiques au niveau tactiques. En somme, à court terme, on devrait s'attendre à ce que qu'une cellule chargée du suivi soit mise sur pied. C'est elle qui pourrait techniquement préparer toutes les étapes mentionnées plus haut", explique Joseph Vincent Ntuda Ebode.

Les attentes sont d’autant plus fortes et justifiées que le Golf de Guinée charrie des enjeux d’importance. Avec ses 24 millions de barils, soit 4,5% des réserves mondiales, le Golf de Guinée est la première région pétrolifère d’Afrique. Le gaz naturel n’y est pas absent, bien que moins exploité que le pétrole. Les ressources halieutiques quant à elles, tiennent à 1.055.000 tonnes de réserves de poisson, et une production d’environ 600.000 tonnes par an. Mais cette zone, dont les experts conviennent qu’elle est le lieu de transit de la plupart des échanges entre les hémisphères Nord et Sud, est sous le coup des menaces de plusieurs types. Les plus en vue d’entre elles tiennent à des attaques et vols à main armée, des détournements de tanker chargés des cargaisons de brut, des enlèvements d’opérateurs dans le secteur du pétrole, avec demandes de rançons, du sabotage de plate-forme d’exploration ou de production pétrolière, ou encore des pipeline terre-mère. Selon l’Organisation maritime internationale, 46 attaques, ont été perpétrés dans le Golf de Guinée en 2009, 38 en 2010, 53 en 2011 et 60 en 2012. Autant dire que l’urgence d’une riposte concertée relevait du bon sens stratégique. Dans ce sens, le positionnement diplomatique du Cameroun à travers les travaux de Yaoundé, pour n’être pas le principal repère du sommet des 24 et 25 juin, n’est pas passé inaperçu.








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