Un spectacle au goût de dragée au poivre
Une Veuve Joyeuse de cendres à l'Opéra d'Avignon.m4a (2.09 Mo)
Les conditions actuelles étant ce qu'elles sont, l'Opéra d'Avignon a réuni une poignée de privilégiés pour assister "in vivo", dans la patinoire de l'Opéra Confluence, à un enregistrement des aventures de l'héritière la plus canaille de l'histoire de l'opérette. Le film sera diffusé sur le site de la Ville et sur Youtube dès la soirée du réveillon.
Une nouvelle production donc confiée à Fanny Gioria pour un résultat certes sympathique mais qui laisse comme un goût de dragée au poivre.
Débarrassée des scories d'une certaine tradition, réunissant des chanteurs acteurs presque débutants dans ce genre de répertoire, l'entreprise relève de la réanimation post comatique.
Les jolis décors d'Eric Chevalier, les costumes loufoques d'Erick Plaza Cochet et la mise en scène alerte, à défaut d'être inventive (vue et revue la mise en abîme presque pirandellienne du livret) de Fanny Gioria contribuent largement à la qualité de ce spectacle qu'on aurait aimé voir sous de meilleurs auspices pour les Fêtes de cette fin d'année vérolée.
Rien de bien révolutionnaire donc sur la scène avignonnaise, La Veuve Joyeuse n'ayant rien à faire d'inutiles transpositions.
Un tantinet vulgaire sera toutefois le dernier acte avec cette Marlène Dietrich de sous-préfecture, un cancan plus acrobatique que vraiment endiablé, et quelques circonvolutions des regrettées Avinée et Vérola, hors de propos.
Volons à l'essentiel.
Il y a plusieurs manières d'aborder Missia Palmieri : riche brune gouailleuse en quête d'un vieux beau ? Blonde platine style Jean Harlow ? Mélancolique et sensible créature richissime mourant d'ennui ? Un peu des trois à la fois peut-être...
Sans avoir la vraie voix du rôle, Erminie Blondel fait une entrée fort sage et musicalement timide mais sa beauté physique justifie pleinement l'engouement de ses nombreux courtisans.
Parfois inaudible (certaines notes et même dialogues passent carrément à la trappe), son premier acte aura du mal à "décoller" malgré la présence et surtout la voix de bronze du Danilo de Philippe-Nicolas Martin qui donne à son premier air un poids et un esprit inattendus.
Il y a du baryton Verdi sous cape chez ce tonitruant (dans le bons sens du terme) baryton, beau comme c'est pas permis, qui a fait frémir d'aise ma voisine de gauche et mon voisin de droite.
Les choses vont changer un peu dans le Vilja-Lied... Cette amoureuse mélodie à la suavité racoleuse devient ainsi le frontispice d'une sensibilité timide mais réelle et émouvante. La note aiguë finale, un rien acide, amenée avec douceur, trahit l'émoi, mais aussi l'effort. Devant tant de bonne volonté, d'enthousiasme calculé, la jolie dame aux cinquante millions ne pouvait que gagner, mais à dose homéopathique, notre coeur.
La riche veuve doit cependant s'incliner devant la volcanique Nadia Popoff de Caroline Mutel, qui elle a la voix vraie du rôle titre et sait trouver le juste milieu entre élégance et encanaillement.
Il aurait fallu inverser les deux dames et le show était sauvé ! D'autant que par petites touches, l'éveil de la sensualité chez cette mondaine, et vraie rivale de Missia, est joué très subtilement.
Infidèle à Mozart, Verdi et Puccini, Samy Camps chante un Camille de Coutançon benêt et claironnant, à la vis comica irrésistible.
Rien à redire sur le quintette des "bouffons" de service (Joumier, Roubet, Baron etc...) où Guillaume Paire se taille la part du lion avec son Popoff plein de "peps" en meneur de revue sûr de son métier.
Pas toujours viennois, les bords du Rhône ne sont pas ceux du Danube, Benjamin Pionnier coupe dans la partition, livre toutefois un discours musical très fluide et arrive à sortir de lumineuses fusées orchestrales d'un Orchestre Régional Avignon-Provence visiblement heureux de travailler, de sortir, le temps d'une matinée, de cette ornière internationale.
Une nouvelle production donc confiée à Fanny Gioria pour un résultat certes sympathique mais qui laisse comme un goût de dragée au poivre.
Débarrassée des scories d'une certaine tradition, réunissant des chanteurs acteurs presque débutants dans ce genre de répertoire, l'entreprise relève de la réanimation post comatique.
Les jolis décors d'Eric Chevalier, les costumes loufoques d'Erick Plaza Cochet et la mise en scène alerte, à défaut d'être inventive (vue et revue la mise en abîme presque pirandellienne du livret) de Fanny Gioria contribuent largement à la qualité de ce spectacle qu'on aurait aimé voir sous de meilleurs auspices pour les Fêtes de cette fin d'année vérolée.
Rien de bien révolutionnaire donc sur la scène avignonnaise, La Veuve Joyeuse n'ayant rien à faire d'inutiles transpositions.
Un tantinet vulgaire sera toutefois le dernier acte avec cette Marlène Dietrich de sous-préfecture, un cancan plus acrobatique que vraiment endiablé, et quelques circonvolutions des regrettées Avinée et Vérola, hors de propos.
Volons à l'essentiel.
Il y a plusieurs manières d'aborder Missia Palmieri : riche brune gouailleuse en quête d'un vieux beau ? Blonde platine style Jean Harlow ? Mélancolique et sensible créature richissime mourant d'ennui ? Un peu des trois à la fois peut-être...
Sans avoir la vraie voix du rôle, Erminie Blondel fait une entrée fort sage et musicalement timide mais sa beauté physique justifie pleinement l'engouement de ses nombreux courtisans.
Parfois inaudible (certaines notes et même dialogues passent carrément à la trappe), son premier acte aura du mal à "décoller" malgré la présence et surtout la voix de bronze du Danilo de Philippe-Nicolas Martin qui donne à son premier air un poids et un esprit inattendus.
Il y a du baryton Verdi sous cape chez ce tonitruant (dans le bons sens du terme) baryton, beau comme c'est pas permis, qui a fait frémir d'aise ma voisine de gauche et mon voisin de droite.
Les choses vont changer un peu dans le Vilja-Lied... Cette amoureuse mélodie à la suavité racoleuse devient ainsi le frontispice d'une sensibilité timide mais réelle et émouvante. La note aiguë finale, un rien acide, amenée avec douceur, trahit l'émoi, mais aussi l'effort. Devant tant de bonne volonté, d'enthousiasme calculé, la jolie dame aux cinquante millions ne pouvait que gagner, mais à dose homéopathique, notre coeur.
La riche veuve doit cependant s'incliner devant la volcanique Nadia Popoff de Caroline Mutel, qui elle a la voix vraie du rôle titre et sait trouver le juste milieu entre élégance et encanaillement.
Il aurait fallu inverser les deux dames et le show était sauvé ! D'autant que par petites touches, l'éveil de la sensualité chez cette mondaine, et vraie rivale de Missia, est joué très subtilement.
Infidèle à Mozart, Verdi et Puccini, Samy Camps chante un Camille de Coutançon benêt et claironnant, à la vis comica irrésistible.
Rien à redire sur le quintette des "bouffons" de service (Joumier, Roubet, Baron etc...) où Guillaume Paire se taille la part du lion avec son Popoff plein de "peps" en meneur de revue sûr de son métier.
Pas toujours viennois, les bords du Rhône ne sont pas ceux du Danube, Benjamin Pionnier coupe dans la partition, livre toutefois un discours musical très fluide et arrive à sortir de lumineuses fusées orchestrales d'un Orchestre Régional Avignon-Provence visiblement heureux de travailler, de sortir, le temps d'une matinée, de cette ornière internationale.