Dès le début de sa carrière Woody Allen sait qu’il possède un matériau malléable : la société new-yorkaise dont il connaît tous les travers et qui trop comblée finit par aller mal ; et qu’est ce qui se voit le mieux lorsqu’une société va mal dans sa tête ? l’amour bien sûr !
Avec Three One-Act Plays, connue en français sous le titre de : Adultères, il présente trois façons de mal se porter, trois courtes pièces : Riverside Drive, Central park West et Old Saybrook en un acte, indépendantes les unes des autres, avec pour fil conducteur l'adultère !
New York comme source d’inspiration
Woody Allen, maître des relations et des petites théories sur le couple, relate dans ces trois pièces, les tourments amoureux de la bourgeoisie new-yorkaise, ses désespoirs, son arrogance, les petits lâchetés du quotidien, les égoïsmes, petits et grands, mais aussi les lignes de fracture de ses personnages.
Derrière la satire à la fois tendre et cynique, le fantastique, n’est pas absent, la poésie se teinte de spiritualité. Woody Allen met sa verve décapante au service de personnages représentant les "Happy Few" du microcosme new-yorkais : l'écrivain, le scénariste à succès, la psy, l'homme d'affaires comme la crise des Subprimes a permis d'en découvrir, la riche femme au foyer très futile... Dans le luxe de leur intimité, les masques tombent et les personnalités fausses se révèlent au grand jour...
A la fois perfectionniste et léger, Allen cisèle ses répliques efficaces, calibrées pour faire rire, lui qui en un seul dialogue, parvient à créer un univers contrasté, ponctué de moments de tension, d'absurdité ou d'émotion. Ainsi dans la première pièce "Riverside Drive" qui a pour seul décor un réverbère diffusant un halo lumineux orangé sur fond de gratte-ciels flous où seul le clapotis de l'Hudson vient troubler le silence ; il met en scène, dans un terrain vague un écrivain angoissé qui attend sa maîtresse pour rompre. C’est sans compter l'arrivée impromptue d'un étrange clochard illuminé, persuadé de recevoir par ondes électriques des messages extra-terrestres. Le personnage devient vite intriguant puisqu’il connaît tout du héros !
Et pour cause, il le prend régulièrement en filature depuis qu'il est persuadé que celui-ci lui a volé son idée pour son dernier film à succès ! Après lui avoir réclamé une commission, échangé tous les noms d'oiseau possibles, il deviendra finalement son conseiller conjugal, attendri par le désarroi de son interlocuteur. Un conseiller conjugal de choc qui ira jusqu'à lui préconiser une solution très radicale pour résoudre son dilemme amoureux et contourner le chantage de sa maîtresse.
La deuxième pièce "Central Park West" est la plus proche de l'univers de ses films. Cette fois-ci, elle s'articule autour d'un face à face féminin particulièrement percutant. Phyllis, une psychanalyste désespérée, effondrée à son minibar très design, appelle sa meilleure amie pour la "réconforter".
Après bien des circonvolutions verbales, elle finit par lui avouer que son mari vient de la plaquer... pour elle justement !
Démasquée, cette dernière tentera de se justifier en passant en revue ses dernières années d'adultère sous les oreilles scandalisées de la première. Le dialogue assassin entre ces deux rivales, un brin hystériques qui ne mâchent pas leurs mots, sera bientôt enrichi des versions de leurs époux respectifs (dont Howard, écrivain raté, doux rêveur maladroit qui se laisse allègrement berner par sa femme volage et finit même par serrer dans ses bras son concurrent !). Mais ils ne sont pas encore au bout de leur surprise...
Enfin dans "Old Saybrook", on s'éloigne de la ville pour l'ambiance d'un week-end chic à la campagne, dans une vaste demeure du Connecticut. Trois couples reçoivent la visite des pittoresques anciens propriétaires, Hal et Sandy, beaufs sans gêne. Ils révèleront aux nouveaux habitants une cachette dans l’âtre de la cheminée où ils découvrent le journal de l'un d'eux relatant sa liaison sulfureuse avec la sœur de son épouse. Stupeur générale mais le récit s'interrompt brusquement en raison d'une panne d'inspiration du dramaturge. On assiste là à un effet décalé d'histoire dans l'histoire, ce qui casse un peu la dynamique de l'ensemble et s'achèvera en queue de poisson.
A l'image de ses pièces, la vision du couple par Woody Allen est plutôt mitigée car selon lui la relation entre un homme et une femme est très difficile voire improbable et les meilleurs couples doivent souvent leur entente au hasard, autrement dit à la chance.
La compagnie Arkadia interprètera la pièce de Woody Allen du 5 au 21 mars au théâtre de la Semeuse à Nice. Le vendredi, samedi à 20:30 et le dimanche à 15:00. Du 26 au 28 mars au théâtre Antibea.
"Adultères" de Woody Allen - Editions 10/18, collection Domaine étranger - Parution : 6 octobre - 224 pages - Prix : 7,30 euros
Avec Three One-Act Plays, connue en français sous le titre de : Adultères, il présente trois façons de mal se porter, trois courtes pièces : Riverside Drive, Central park West et Old Saybrook en un acte, indépendantes les unes des autres, avec pour fil conducteur l'adultère !
New York comme source d’inspiration
Woody Allen, maître des relations et des petites théories sur le couple, relate dans ces trois pièces, les tourments amoureux de la bourgeoisie new-yorkaise, ses désespoirs, son arrogance, les petits lâchetés du quotidien, les égoïsmes, petits et grands, mais aussi les lignes de fracture de ses personnages.
Derrière la satire à la fois tendre et cynique, le fantastique, n’est pas absent, la poésie se teinte de spiritualité. Woody Allen met sa verve décapante au service de personnages représentant les "Happy Few" du microcosme new-yorkais : l'écrivain, le scénariste à succès, la psy, l'homme d'affaires comme la crise des Subprimes a permis d'en découvrir, la riche femme au foyer très futile... Dans le luxe de leur intimité, les masques tombent et les personnalités fausses se révèlent au grand jour...
A la fois perfectionniste et léger, Allen cisèle ses répliques efficaces, calibrées pour faire rire, lui qui en un seul dialogue, parvient à créer un univers contrasté, ponctué de moments de tension, d'absurdité ou d'émotion. Ainsi dans la première pièce "Riverside Drive" qui a pour seul décor un réverbère diffusant un halo lumineux orangé sur fond de gratte-ciels flous où seul le clapotis de l'Hudson vient troubler le silence ; il met en scène, dans un terrain vague un écrivain angoissé qui attend sa maîtresse pour rompre. C’est sans compter l'arrivée impromptue d'un étrange clochard illuminé, persuadé de recevoir par ondes électriques des messages extra-terrestres. Le personnage devient vite intriguant puisqu’il connaît tout du héros !
Et pour cause, il le prend régulièrement en filature depuis qu'il est persuadé que celui-ci lui a volé son idée pour son dernier film à succès ! Après lui avoir réclamé une commission, échangé tous les noms d'oiseau possibles, il deviendra finalement son conseiller conjugal, attendri par le désarroi de son interlocuteur. Un conseiller conjugal de choc qui ira jusqu'à lui préconiser une solution très radicale pour résoudre son dilemme amoureux et contourner le chantage de sa maîtresse.
La deuxième pièce "Central Park West" est la plus proche de l'univers de ses films. Cette fois-ci, elle s'articule autour d'un face à face féminin particulièrement percutant. Phyllis, une psychanalyste désespérée, effondrée à son minibar très design, appelle sa meilleure amie pour la "réconforter".
Après bien des circonvolutions verbales, elle finit par lui avouer que son mari vient de la plaquer... pour elle justement !
Démasquée, cette dernière tentera de se justifier en passant en revue ses dernières années d'adultère sous les oreilles scandalisées de la première. Le dialogue assassin entre ces deux rivales, un brin hystériques qui ne mâchent pas leurs mots, sera bientôt enrichi des versions de leurs époux respectifs (dont Howard, écrivain raté, doux rêveur maladroit qui se laisse allègrement berner par sa femme volage et finit même par serrer dans ses bras son concurrent !). Mais ils ne sont pas encore au bout de leur surprise...
Enfin dans "Old Saybrook", on s'éloigne de la ville pour l'ambiance d'un week-end chic à la campagne, dans une vaste demeure du Connecticut. Trois couples reçoivent la visite des pittoresques anciens propriétaires, Hal et Sandy, beaufs sans gêne. Ils révèleront aux nouveaux habitants une cachette dans l’âtre de la cheminée où ils découvrent le journal de l'un d'eux relatant sa liaison sulfureuse avec la sœur de son épouse. Stupeur générale mais le récit s'interrompt brusquement en raison d'une panne d'inspiration du dramaturge. On assiste là à un effet décalé d'histoire dans l'histoire, ce qui casse un peu la dynamique de l'ensemble et s'achèvera en queue de poisson.
A l'image de ses pièces, la vision du couple par Woody Allen est plutôt mitigée car selon lui la relation entre un homme et une femme est très difficile voire improbable et les meilleurs couples doivent souvent leur entente au hasard, autrement dit à la chance.
La compagnie Arkadia interprètera la pièce de Woody Allen du 5 au 21 mars au théâtre de la Semeuse à Nice. Le vendredi, samedi à 20:30 et le dimanche à 15:00. Du 26 au 28 mars au théâtre Antibea.
"Adultères" de Woody Allen - Editions 10/18, collection Domaine étranger - Parution : 6 octobre - 224 pages - Prix : 7,30 euros