Une musique atypique, un livret solide et une partition fascinante
Opéra d'Aran Bécaud.mp3 (79.18 Ko)
Il faut remercier les Éditions Frémeaux de rééditer à un prix vraiment sympathique le seul opéra composé par Gilbert Bécaud: "L'Opéra d'Aran". La création en 1962 au Théâtre des Champs-Élysées reçut un accueil mitigé devant un Tout-Paris à la fois sidéré, complice ou franchement hostile, tel Pierre Boulez qui ne sera pas tendre, sans avoir vu l'ouvrage, avec le toulonnais à cravate à pois.
Que diable Monsieur 100.000 volts, auteur talentueux des "Marchés de Provence", "Marie", "Dimanche à Orly", allait faire dans cette galère lyrique?
La polémique va enfler rapidement. Un artiste populaire se frotter au lyrique? Ah fi vous-fis-je!
C'est oublier que Gilbert Bécaud avait quand même suivi une solide formation classique dès son plus jeune âge couronnée d'un Second accessit au Conservatoire de Nice.
Surdoué, travailleur acharné, pianiste accompagnateur recherché, l'idée d'un opéra lui vient pendant le tournage, en 1956, du film de Marcel Carné: "Le Pays d'où je viens".
La composition prendra cinq ans. Plusieurs fois annoncé, plusieurs fois reporté, l'ouvrage n'en est que plus attendu.
En ce 22 octobre 1962, Georges Prêtre (chef attitré de Maria Callas) dans la fosse, Margarita Wallman à la mise en scène, costumes et décors signés par Bernard Daydé... pour finalement un succès d'estime, un échec public tout relatif, la critique divisée comme toujours, trouvant, tel Clarendon dans le Figaro, un défenseur de première force.
Un enregistrement chez EMI devait suivre immédiatement, popularisant la chatoyante partition et le livret solide, bien charpenté, à la densité dramatique exceptionnelle des compères Amade et Delanoé.
Jolie revanche dès lors avec l'accueil enthousiaste de la presse new-yorkaise, italienne ou belge, et plus encore avec celui du public, l'ouvrage atypique trouvant peu à peu sa place au répertoire de nombreux opéras et entamant un tour du monde et de l'Hexagone assez réjouissant.
A Vienne, voici vingt ans, c'est encore et toujours le fidèle Prêtre qui sera au pupitre!
Situant l'action sur l'île d'Aran, en Irlande, Bécaud expliquait à l'époque: "C'est l'histoire d'un naufragé énigmatique, recueilli par de rudes pêcheurs... Le conflit du soleil et de la brume..."
Avec son métier en béton, Bécaud ne pouvait que trousser des mélodies agréables, des chœurs et des leitmotive puissants, tel un patchwork musical éblouissant qui font vibrer la corde sensible de tout mélomane qui se respecte, avec ça et là l'ombre sympathique d'un Puccini planant tel un ange protecteur.
Parmi les temps forts, musicalement supérieurs, on peut retenir l'ouverture, grandiose, vraiment impressionnante; à l'acte I, le retour des pêcheurs, la mort de Mara, le grand air de Maureen (Rosanna Carteri sublime); à l'acte II, le duo d'ouverture entre Sean et Maureen, l'ultime duo entre Angelo (Alvino Misciano un rien braillard) et Maureen, et surtout, la géniale, la grandiose scène finale où éclate au yeux de tous le mensonge du ténor et résonnent les appels désespérés de Mickey (Peter Gottlieb au mieux).
Rien à jeter, on la voit dans cette foisonnante partition qui se reçoit comme un uppercut en pleine poitrine et garde toujours son aspect fascinant, étrange et pénétrant.
Toutes voiles dehors, Georges Prêtre dirige son monde (Soyer, Shooten, Disney, le vétéran Henri Médus, les chœurs et l'orchestre des concerts du Conservatoire) avec la foi d'un charbonnier et nous entraîne dans l’œil du cyclone avec un plaisir non dissimulé.
Que diable Monsieur 100.000 volts, auteur talentueux des "Marchés de Provence", "Marie", "Dimanche à Orly", allait faire dans cette galère lyrique?
La polémique va enfler rapidement. Un artiste populaire se frotter au lyrique? Ah fi vous-fis-je!
C'est oublier que Gilbert Bécaud avait quand même suivi une solide formation classique dès son plus jeune âge couronnée d'un Second accessit au Conservatoire de Nice.
Surdoué, travailleur acharné, pianiste accompagnateur recherché, l'idée d'un opéra lui vient pendant le tournage, en 1956, du film de Marcel Carné: "Le Pays d'où je viens".
La composition prendra cinq ans. Plusieurs fois annoncé, plusieurs fois reporté, l'ouvrage n'en est que plus attendu.
En ce 22 octobre 1962, Georges Prêtre (chef attitré de Maria Callas) dans la fosse, Margarita Wallman à la mise en scène, costumes et décors signés par Bernard Daydé... pour finalement un succès d'estime, un échec public tout relatif, la critique divisée comme toujours, trouvant, tel Clarendon dans le Figaro, un défenseur de première force.
Un enregistrement chez EMI devait suivre immédiatement, popularisant la chatoyante partition et le livret solide, bien charpenté, à la densité dramatique exceptionnelle des compères Amade et Delanoé.
Jolie revanche dès lors avec l'accueil enthousiaste de la presse new-yorkaise, italienne ou belge, et plus encore avec celui du public, l'ouvrage atypique trouvant peu à peu sa place au répertoire de nombreux opéras et entamant un tour du monde et de l'Hexagone assez réjouissant.
A Vienne, voici vingt ans, c'est encore et toujours le fidèle Prêtre qui sera au pupitre!
Situant l'action sur l'île d'Aran, en Irlande, Bécaud expliquait à l'époque: "C'est l'histoire d'un naufragé énigmatique, recueilli par de rudes pêcheurs... Le conflit du soleil et de la brume..."
Avec son métier en béton, Bécaud ne pouvait que trousser des mélodies agréables, des chœurs et des leitmotive puissants, tel un patchwork musical éblouissant qui font vibrer la corde sensible de tout mélomane qui se respecte, avec ça et là l'ombre sympathique d'un Puccini planant tel un ange protecteur.
Parmi les temps forts, musicalement supérieurs, on peut retenir l'ouverture, grandiose, vraiment impressionnante; à l'acte I, le retour des pêcheurs, la mort de Mara, le grand air de Maureen (Rosanna Carteri sublime); à l'acte II, le duo d'ouverture entre Sean et Maureen, l'ultime duo entre Angelo (Alvino Misciano un rien braillard) et Maureen, et surtout, la géniale, la grandiose scène finale où éclate au yeux de tous le mensonge du ténor et résonnent les appels désespérés de Mickey (Peter Gottlieb au mieux).
Rien à jeter, on la voit dans cette foisonnante partition qui se reçoit comme un uppercut en pleine poitrine et garde toujours son aspect fascinant, étrange et pénétrant.
Toutes voiles dehors, Georges Prêtre dirige son monde (Soyer, Shooten, Disney, le vétéran Henri Médus, les chœurs et l'orchestre des concerts du Conservatoire) avec la foi d'un charbonnier et nous entraîne dans l’œil du cyclone avec un plaisir non dissimulé.