Football: Aucun supporter dans les gradins, des milliers sur les réseaux sociaux

Deux buts, un point et des supporters en joie. "La lorraine est Grenat et elle le restera" se réjouissent les Messins tandis que les quelques 20.000 "Diables rouges" nancéiens présents ce 5 février 2016 au stade Marcel-Picot l’ont appris à leurs dépens. D’un bon centre de Ngbakoto à Romain Métanire à l’entrée du temps additionnel, les Grenats ont anéanti les chances de leur adversaire de remporter une victoire dans le derby lorrain, attendu depuis huit ans. En effet, malgré un match pourtant prometteur de l’équipe à domicile, Nancy n'est pas parvenu à reprendre provisoirement la tête de Ligue 2, tenu en échec sur sa pelouse par Metz (2-2). Et si ce match nul ne garantit pas la montée du club mosellan qui reste à la portée des autres candidats, il reste néanmoins une victoire pour tous les supporters qui y voient une occasion de monter en Ligue 1.

Vendredi soir, avant-match. Pour la première fois depuis des années Marvin, 22 ans, ne pourra pas supporter son équipe favorite dans les gradins du stade Marcel-Picot. Afin de compenser, il invite ses amis chez lui, fans du FC Metz depuis toujours. L’occasion pour eux de "se boire un verre entre potes" mais surtout, de commenter chaque action des joueurs du derby lorrain attendu depuis le 18 septembre 2015, date du match aller. Facebook, Snapchat, Twitter et désormais Périscope, hommes et femmes: à chacun sa manière d’exprimer ses émotions. A chaque derby, Marvin prend la place du commentateur et fait vivre à ses contacts le match comme s’ils y étaient mais également de "montrer à la concurrence (AS Nancy) que même si nous sommes interdits de gradins, nous sommes là". Et il n’est pas le seul dans ce cas. Car après les 90 minutes de match, la partie continuait sur les réseaux sociaux. Quand certains se contentaient d’écrire "la Lorraine est Grenat et elle le restera" d’autres préféraient partager de courtes vidéos d’eux chantant l’hymne messin. Les plus concernés se lançaient dans des débats sans fin sur des centaines de tweets dont la seule limite restait celle des caractères. "Amoureux du football", des Messins élargissent leur carnet d’expressions romantiques quelques jours avant la Saint-Valentin en y ajoutant des "je t’aime comme un but de Métanire à la 90e (cœur)".

Depuis le 4 février 2016, les clubs ont l'autorisation de refuser certains supporters et de les ficher automatiquement dans un dossier informatique. Selon Nicolas Hourcade, sociologue spécialiste des supporters, le texte proposé par le député Guillaume Larrivé est "répressif". "On est arrivé, grâce à divers amendements, à un texte qui introduit pour une fois des éléments de prévention sociale et de dialogue avec les supporters. En théorie, cela pourrait sembler positif. Sauf que les mesures répressives d’interdiction de stade et de fichage de supporters s’ajoutent à un arsenal répressif déjà très important."