Marché très juteux
Dans le Var, le stockage des déchets (85%) est trop souvent préféré au tri et au recyclage (15%), jugés moins rentables. Aussi le département, première destination touristique de France, compte t-il quatre méga sites d’enfouissement qui font la fortune des entreprises qui les gèrent, dont une en situation de quasi monopole ! Le site de Cabasse aurait rapporté 40 M€ par an et amortit en quatre an ! Mais cette fois le commissaire enquêteur a rejeté le dossier. Une victoire que les défenseurs de l’environnement doivent à Eric Carasena, que rien ne prédestinait à prendre la tête de la contestation. Jamais répertorié comme militant dans un mouvement de défense de l’environnement, son actif associatif se résume à un engagement de quatorze ans dans les scouts. « Je n’ai pas une fibre écologique prononcée », admet ce Varois de souche de 34 ans, né à Brignoles. « Mais après la réunion, je me suis dit qu’on en pouvait pas laisser faire impunément, sans réagir ». Il enrôle deux ou trois amis et créée Flassan Passion, du nom du village voisin de Cabasse où il habite depuis huit ans (140 adhérents) et porte le fer contre les élus locaux, le Conseil général du Var et la société candidate. Et c’est par hasard que cet opérateur vidéo à la police municipale de Toulon, découvre en mai 2008, le projet lors d’une réunion publique organisée par le candidat opérateur. En six mois, Eric est devenu incollable sur les questions de législation liées à l’environnent et aux décharges. Sans son action, le projet aurait pu être validé, créant à cinq kilomètres de distance deux méga décharge accueillant l’une 200 000 tonnes et l’autre, la décharge de Balençan, 320 000 tonnes sur 35 hectares ! C’est tout le Centre Var, le poumon vert et le château d’eau du département qui était irrémédiablement sacrifié au profit des riches stations balnéaires du littoral de Saint-Tropez à Fréjus, dont la volonté pour le tri est quasi nulle. « Au début, on m'a dit de laisser tomber, que le projet était bouclé à 95 % », se souvient Eric qui n’est pas du genre à baisser les bras. Une étude sur les risques sanitaires datant de 1999, commanditée par l’association des maires du Var, qui avait été opportunément disparue de la circulation a été retrouvée par Eric et démontre dit-il « que personne ne voulait de cette décharge ». Au lendemain de cette victoire, Eric Carasena a dissous l'association - « pour éviter la récupération politique », explique-t-il. « Ce qui m'importait, c'était d'exporter notre problème, de le faire connaître. » Mission réussie là aussi : les habitants d'un village un peu plus à l'ouest se sont inspirés de l'expérience de Flassans pour créer l'association Mazaugues passion, qui combat aussi un projet de décharge.