USA : après l’acquittement, Trump for ever ?

On pouvait s’attendre à l'échec de la procédure d’"impeachment" lancée par les démocrates. Et en réalité, on s’y préparait, un peu comme si le scénario était déjà écrit, mais qu’il nous avait fallu suivre, bien obligé, les épisodes de la série dans l’ordre.

Lors d’un vote solennel diffusé en direct à la télévision le Sénat a estimé, par 52 voix sur 100, que Donald Trump, n’est pas coupable d’abus de pouvoir. Aussi, par 53 voix sur 100, il a également estimé qu’il n’avait rien fait de nature à entraver le bon fonctionnement du Congrès.

L’issue de la procédure de destitution, n’a jamais fait de doute. Mais ce feuilleton politico-judiciaire est venu jeter, une fois de plus la lumière sur une Amérique souvent divisée pour des intérêts bassement partisans.

D’un côté, les trumpistes se réjouissent de ce verdict, estimant que Donald Trump est "pleinement innocenté". Ils dénoncent une nouvelle fois une "chasse aux sorcières" orchestrée par des adversaires démocrates de mauvaise foi. Les démocrates de leur côté estiment que cet acquittement n'a "aucune valeur", pour reprendre les mots de Chuck Schumer, chef de la minorité démocrate au Sénat.
Nancy Pelosi, la présidente démocrate de la Chambre des représentants, voit toujours en Trump "une menace pour la démocratie". Dans un communiqué, elle a fustigé les républicains qui se complaisent dans le "non-respect de la loi" pour soutenir Donald Trump qu’elle qualifie finalement de "voyou".

Il faut aussi souligner que cette victoire politique de Trump a été assombrie par la défection fracassante de Mitt Romney dans les rangs des républicains. L’élu de l’Utah a créé la surprise en rejoignant les démocrates pour voter la culpabilité de Trump sur le premier chef d’accusation. "Corrompre une élection pour se maintenir en fonction est peut-être la violation la plus grave et destructrice de son serment que je puisse imaginer", argumente le sénateur dont le choix a déjà déclenché une vague de critiques et d’attaques dans la classe politique américaine.

Depuis que le scandale a éclaté, l’hôte de la Maison-Blanche s’est toujours dit victime d’une "chasse aux sorcières de caniveaux" orchestrée par ses adversaires démocrates. Eh oui, la carte de la victimisation semble avoir marché. Le dernier sondage de l’institut Gallup, donne près de 50% d’opinions favorables au milliardaire.

"Le Président est heureux de mettre derrière lui ce chapitre de comportement honteux des démocrates, et déterminé à continuer son travail au nom du peuple américain en 2020 et au-delà", a indiqué la porte-parole de la Maison Blanche.

Peu après l’annonce de son acquittement, Donald Trump a également réagi en publiant une vidéo sur Twitter. Dans ce montage on peut voir le président américain, le visage moqueur des éphémérides de propagande qui annoncent : "Trump 2024, Trump 2028" jusqu'à l'infini. Puis, en conclusion, "Trump 4EVA", soit en Français "Trump pour toujours".

Trump et ses alliés ont peut-être désormais les mains libres. Mieux, ils ont trouvé un autre argument de campagne. Cependant, de l’avis de beaucoup d’observateurs, il ne faut pas se voiler la face. Trump entre dans l’histoire comme le troisième président américain à être blanchi à l’issu d’un procès en destitution mais au-delà l’histoire retiendra surtout une mise en accusation qui vient entacher un mandat émaillé de scandales politiques.