UE : les nouveaux commissaires qui dérangent

Pour remplacer le commissaire hongrois sortant Laszlo Kovacs en charge jusqu'en janvier de la fiscalité et de l'union douanière, le Premier ministre magyar Gordon Bajnai n'a pas hésité à choisir non pas un politique, puisque Laszlo Andor n'est même pas membre du parti socialiste, mais plutôt un spécialiste des questions économiques. Il a été toutefois conseillé des gouvernements socialistes de Péter Medgyessy et de Ferenc Gyurcsány. Contraste saisissant d'avec le profil de l'apparatchik Kovacs, ancien ministre des Affaires étrangères ? Pas tant que cela aux yeux de certains qui lui reprochent son passé dans les jeunesses communistes. Inconnu du grand public, Laszlo Andor a représenté son pays, la République tchèque, la Slovaquie et la Croatie à la banque européenne pour la reconstruction et le développement où il détenait un poste de vice-président. Il a enseigné l'économie aux Etats-Unis et est rédacteur en chef d'une revue. Mais la droite hongroise et européenne ne reprochent pas seulement à Andor son passé. Ses compétences sont aussi mises en doute. Le candidat des socialistes n'aurait pas assez d'expérience au sein d'organisations internationales. Le chef du gouvernement hongrois ne veut certainement pas que la situation de 2004 se renouvelle. On se souvient que Laszlo Kovacs qui aurait dû se voir confier le portefeuille européen à l'énergie avait été recalé faute de compétence avérée. Toutefois, défendu par le président Barroso, Laszlo Andor devrait selon toute vraisemblance être chargé de l'Emploi et des Affaires sociales en février.

L'hostilité contre la nomination du Roumain Dorian Cioro au poste de commissaire à l'Agriculture vient moins de son pays que principalement la Grande-Bretagne. Le candidat de Traïan Basescu, le président roumain nouvellement réélu, a deux grands défauts aux yeux des anti-pac. D'abord, il est citoyen d'un Etat qui a la réputation de souffrir encore beaucoup de corruption. D'un Etat qui rappelle la presse britannique, s’est vu geler ses fonds européens destinés justement à l’agriculture suite à des accusations de malversations. Cela tient presque de la provocation aux yeux de certains. L'autre grand défaut est que Dioran Cioro a des sympathies avérées pour la France. Marié à une Montpelliéraine rencontrée lors de ses études dans le sud de la France, il est titulaire de deux diplômes d'écoles supérieures agricoles obtenus dans l'Hexagone. Après avoir fortement protesté comme la nomination au Marché intérieur du Français Michel Barnier, la Grande-Bretagne ancienne et actuelle grande pourvoyeuse de fonds pour la politique agricole commune européenne a découvert que le commissaire qui allait gérer les 55 milliards d'euros de la PAC était un grand ami du commissaire au Marché intérieur.

L'un comme l'autre, il leur faudra encore passer sous le feux des questions des députés européens avant de s'installer définitivement dans leur fauteuil de commissaire et de faire leur preuve.