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TRIBUNE: Les maitres français ont enseigné la corruption chez nous

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Par Dr. Omar Chaalal Rédigé le 06/05/2015 (dernière modification le 06/05/2015)

Ô vertu! À quoi m’avez-vous servi?... Tout ce que j’ai fait de bien a toujours été pour moi une source de malédictions, et je n’ai été élevé au comble de la grandeur que pour tomber dans le plus horrible précipice de l’infortune. Si j’eusse été méchant comme tant d’autres, je serais heureux comme eux.


A chaque roi sa manière de gouverner. Sous les rois habiles certains politiciens deviennent des esclaves fidèles par reconnaissance et admiration. A Babylone comme en Algérie la gouvernance change de main sans que le peuple ne fasse attention. Nabuchodonosor était roi de Babylone. Ce roi rendit une certaine puissance à Babylone. Nabuchodonosor n'était pas comme le roi Moabdar. Voltaire parle de Moabdar comme roi de Babylone. Je ne suis pas sûr si ce roi a réellement existé.
De la même manière Bouteflika n'est pas comme Boumediene. Il viendra un jour ou nos jeunes écoliers vont se poser la question si Boumediene a réellement existé. Je demande à nos politiciens qui ne savent ni lire ni écrire de ne pas confondre ce roi avec Nabuchodonosor de l'ile mystérieuse du roman de Jules Verne. Le personnage du roman était un ancien esclave affranchi par son maître. Cet esclave est resté fidèle à son maitre par reconnaissance et admiration comme beaucoup de politiciens chez nous.
Voltaire n'était pas babylonien mais il nous raconte avec une grande précision une petite histoire de Babylone sous le règne de Moabdar "Du temps du roi Moabdar il y avait à Babylone un jeune homme nommé Zadig, né avec un beau naturel fortifié par l'éducation. Quoique riche et jeune, il savait modérer ses passions; il n'affectait rien; il ne voulait point toujours avoir raison, et savait respecter la faiblesse des hommes… Il y avait une grande querelle dans Babylone, qui durait depuis quinze cents années, et qui partageait l'empire en deux sectes opiniâtres: l'une prétendait qu'il ne fallait jamais entrer dans le temple de Mithra que du pied gauche; l'autre avait cette coutume en abomination, et n'entrait jamais que du pied droit. On attendait le jour de la fête solennelle du feu sacré pour savoir quelle secte serait favorisée par Zadig."
Les querelles politiques durent à Mezghana. Moabdar est malade et Zadig n'est pas trop sérieux pour gérer les problèmes des grands scandales.
On dit que la gouvernance est l'art de gouverner. De Gaulle a appliqué l'art dans la technique de gouvernance quand il disait "Pour faire de grandes choses, il faut de grands hommes, et ceux-ci ne le sont que parce qu'ils ont choisi de l'être".

J'illustre l'introduction de ce texte par un dialogue éducatif entre un enfant et son maitre dans une école algérienne. L'écolier divulgue le secret d'une discussion familiale à son maitre d'école: "Papa a dit à ma maman que le grand chef prétend avoir côtoyé De Gaulle mais il a vite oublié le travail de ce général en Afrique" d'après cette référence "Dans les années 1960, le général de Gaulle est conscient de la nécessité de maintenir un lien entre l'ancienne métropole coloniale et les nouveaux pays indépendants, avec un seul objectif, après la perte du bijou algérien: défendre les intérêts des grands groupes français. C'est ce qui motive la création d'Elf (Total aujourd'hui) en 1966, confiée à l'ancien responsable des services secrets Pierre Guillaumat qui va s'entourer d'agents du renseignement. Il va fonctionner étroitement avec Maurice Robert, patron du service Afrique du SDECE, et Jacques Foccart, conseiller à l’Élysée pour les affaires africaines". "Je n'ai pas compris de qui parle papa quand il dit le grand chef. Par contre, maman a compris et lui a répondu par une autre question "pourquoi sommes-nous indifférents face à la mafia politique qui entoure le grand chef quand tout le monde sait que cette mafia travail sous les ordres de Total? Cette mafia salit notre image et diminue la crédibilité du chef dans le monde". Papa n'a rien dit puisqu'il n'est jamais sorti à l'étranger. Il vit paisiblement à Djelfa derrière ses moutons depuis l'indépendance. Il n'est pas au courant des combines de Total chez nous." L'enfant continue: "Cher maitre, vous qui nous donnez des leçons de morales inutiles, êtes-vous conscient des affaires louches de Total en Algérie? Si vous ne l'êtes pas je vous informe. Les proches du grand chef comme dit papa, ne se gênent plus de voler sans ailes!" Le maitre répond d'une manière légère "Vous voulez dire planer?". L'enfant réplique "Non maitre, je veux dire détourner les biens publiques". L'enfant continue et annonce son métier d'avenir. "Pour cette raison, je veux faire carrière dans une organisation criminelle quand je termine l'école." Le maitre, trop curieux et naïf, réfléchit et dit "une organisation privée ou gouvernementale?" L'enfant répond innocemment "gouvernementale, c'est plus pratique pour moi si je veux faire un travail illégal avec Total et accumuler l'argent facile. Cet argent me permettra de devenir riche comme tous nos dirigeants actuels".
Après les paroles de cet écolier nous pouvons dire qu'il n'y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre, pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir.
Le peuple a besoin d'une douche froide pour qu'il se réveille. Quand il se réveille, il verra mieux les gens qui le gouvernent et entendra parfaitement ce qui se dit quand l'Algérie est citée dans l'univers des scandales. Après la douche, le peuple comprendra que ceux qui prétendent prêcher l'irréprochable n'ont pas commencé par l'exemplarité et réalisera que la corruption a sali son image dans le monde. J'embellis la suite de ce texte par une vérité qui ne va pas plaire à certains valets chez nous et leurs maitres en France: "En 2000, Elf-Aquitaine et Totalfina fusionnent pour donner naissance à un géant pétrolier: Total. Le but est aussi de faire oublier les affaires de corruption, les trafics d'armes, les détournements de fonds auquel a largement contribué l'ancêtre gênant de Total". Les maitres français ont donc bien enseigné la corruption chez nous.

La guerre contre la corruption est une bataille contre tous les gangsters de la drogue qui détruisent les esprits jeunes, tous les voyous de l'informel qui sabotent l'économie, tous les truands intouchables qui parlent dans un français casse n'importe quoi pour brader l'honneur de nos sœurs et toutes les racailles qui nous gouvernent par procuration.
Quelle que soit la technique de gouvernance, le pouvoir ne pourra mener une vraie bataille contre la corruption que le jour où les enfants de nos quartiers populeux verront que la police et la justice ont la même intolérance envers les plus hauts personnages de l’État qu'envers eux. Le peuple ne croira plus en aucun pouvoir tant qu'il ne voie pas l'application de la même sévérité pour les pickpockets dans les gares routières et les voleurs d'agneaux dans les souks que pour les truands en limousines officielles et les malfaiteurs en costumes et cravates règlementaires dans l'administration.
Pour l'instant la politique économique démontre que les ministres n'ont pas encore lu ni l'histoire de Zadig ni l'historiette de la laitière de Jean de La Fontaine. Avant de penser grandes choses et grands hommes, les Algériens recommandent une lecture de "Pierrette et le pot au lait" pour faire le bilan économique. Après lecture, ils vont sans doute chantonner en chinois comme Pierrette: "Le pétrole tombe; adieu veau, vache, cochon, couvée".
Dans cet État, la dégringolade du pétrole, la crise financière, le laisser-aller politique, l'éducation en grève, la santé cancérisée et l'improvisation administratrice annoncent les couleurs du déclin et la fin du pouvoir dans le royaume de Moabdar.
Alors que la classe politique est de plus en plus discréditée aux yeux des jeunes algériens par les affaires de corruption, Louisa expose le linge sale sur son balcon. Un balcon qui risque de tomber sur les têtes des honnêtes qui frôlent les murs. Les honnêtes ne savent pas de quoi il s'agit quand Louisa parle. Pour être franc, moi non plus, nos élus non plus. Même les experts les plus calés dans les renseignements, qui vendent les cigarettes aux coins des rues, vous répondent que ce sujet est trop aigu pour eux.
Par contre, les gens proches des décideurs qui interprètent la politique entre les lignes vous disent que les paroles de Louisa ne sont ni magiques, ni diaboliques. Les paroles de cette dame sont tout simplement une recette de cuisine dans la marmite du système qui bout à petit feu. Elle dit "Vous avez sans doute déjà mangé dans le restaurant politique de Françoise. Françoise vous a servi un plat de résistance qui vous a satisfait. Vous avez tenté de le reproduire dans votre cuisine à Hydra en essayant d'imaginer la recette qui a conduit à ce plat délicieux. Vous avez essayé plusieurs fois mais sans succès. On a bien mélangé les herbes dans votre cuisine. Bon appétit si vous avez une faim du pouvoir et bonne chance si vous attendez la fin du pouvoir."

En conclusion, l'écolier nous dit "si papa m'écoute je lui rappelle les belles paroles de Zadig qu'il aime entendre: "Ô vertu: À quoi m'avez-vous servi?... Tout ce que j'ai fait de bien a toujours été pour moi une source de malédictions, et je n'ai été élevé au comble de la grandeur que pour tomber dans le plus horrible précipice de l'infortune. Si j'eusse été méchant comme tant d'autres, je serais heureux comme eux." Le papa est l'image primaire de l'autorité. Cette image crée une corrélation étroite entre l'assemblage paternel et la charpente du pouvoir politique. Tout régime politique utilise l'image paternelle pour assurer sa continuité. Staline fut présenté comme le "petit père des peuples". Hitler fut toujours pris comme le père de la jeunesse allemande. Les profiteurs essayent de s'enrichir d'avantage, détourner les biens publics et profiter du luxe éphémère dans un pouvoir détruit par la corruption et le banditisme politique. Comme des gamins, ils le disent très bien dans leurs interventions: "C'est la vie de château, pourvu que ça dure, profitons au maximum tant que papa nous protège".









1.Posté par Amel le 07/05/2015 12:25 | Alerter
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Un texte très fort, écrit dans un style très imagé, pessimiste, alarmant pour les algériens qui n...  

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