Les Arméniens ont commémoré jeudi 24 avril le génocide perpétré il y a 99 ans sous l'Empire ottoman. Selon les Arméniens, 1,5 million des leurs furent tués lors des persécutions et déportations. Quant à la Turquie, elle reconnaît des massacres qui ont coûté la vie à 300.000 personnes, tout en refusant le caractère génocidaire des événements reconnu par de nombreux pays, dont la France.
Les déportations et les massacres ont été mis en œuvre à l'échelle locale par les responsables des divers districts et provinces chargés de rassembler leurs administrés arméniens, ainsi que par les soldats et gendarmes ottomans qui escortaient les convois jusqu'au désert et procédaient eux-mêmes à des exécutions ou laissaient libre cours à la violence de groupes de bandits armés (surtout des Kurdes, qui étaient en concurrence séculaire avec les Arméniens dans le sud-est anatolien) ou de criminels libérés en nombre par les autorités.
Fin du XIXe siècle, les Arméniens de l'Empire ottoman prennent conscience que leurs droits sont bafoués par le sultan, et des groupes arméniens, la plupart du temps révolutionnaires, se forment. Ils dénoncent les méthodes du sultan et veulent la liberté pour tous ainsi que l'égalité entre Arméniens et musulmans.
L'émancipation voulue par ces partis va être l'un des principaux motifs pour l'empire de massacrer les Arméniens. Des soulèvements de faible ampleur se produisent dans des bourgs, dans lesquels beaucoup d'Arméniens vivent, mais la répression ottomane sera sanglante et se terminera par des massacres, préludes du génocide.
Istanbul accuse les Arméniens de la région de pactiser avec les Russes et cela est dû surtout à de nombreuses désertions. En février 1915, le comité central du parti et des ministres du cabinet de guerre, met secrètement au point un plan de destruction exécuté les mois suivants: la première mesure est le désarmement des soldats arméniens; puis les perquisitions dans les maisons des notables civils et religieux; arrestation de ces notables; tortures pour leur faire avouer un prétendu complot et des caches d'armes; déportation et exécution des prisonniers à proximité de la ville; publication d'un avis de déportation; séparation des hommes qui, liés par petits groupes, sont exécutés dans les environs de la ville; évacuation de la totalité de la population arménienne répartie en convois de femmes, d'enfants et de personnes âgées qui quittent la ville à intervalles réguliers, à pied, avec un maigre bagage; enlèvement dans le convoi de femmes et d'enfants conduits dans des foyers musulmans...
En 1916, quand des observateurs font le bilan de l'anéantissement des Arméniens de Turquie, ils peuvent constater que, à l'exception de 300.000 Arméniens sauvés par l'avancée russe et de quelque 200.000 habitants de Constantinople et de Smyrne qu'il était difficile de supprimer devant des témoins, il ne persiste plus que des îlots de survie.
Pour la première fois depuis 1915, la Turquie, dans un communiqué officiel publié mercredi 23 avril sur le site du premier ministre, a présenté ses "condoléances" aux descendants des 900.000 Arméniens, massacrés il y a près d'un siècle par les troupes ottomanes. "Nous souhaitons que les Arméniens qui ont perdu la vie dans les circonstances qui ont marqué le début du XXe siècle reposent en paix et nous exprimons nos condoléances à leurs petits-enfants", a dit Recep Tayyip Erdogan.
Est-ce symbolique? La prise de position d'Ankara a été accueillie avec scepticisme par les Arméniens à travers le monde et par la société civile turque qui s'est engagée dans la reconnaissance du génocide de 1915. Si c'est la première prise de position aussi explicite d'un responsable turc, jusqu'à présent cela était tabou, il ne semble pas qu'il y ait d'évolution majeure de la position de la Turquie qui est: "il y a eu des massacres qui ont touché les populations, mais il n'y a pas eu de génocide".
Dans un an, en avril 2015 se sera le centenaire du génocide. Pourquoi cette déclaration intervient-elle maintenant?
La Turquie est dans une position moins favorable qu'avant sur le plan diplomatique. Sa politique de bon voisin est mise à mal, notamment avec la crise syrienne. La Turquie se retrouve isolée face à l'Iran et la Russie. Elle a besoin des occidentaux pour sa rentrée dans l'Europe (l’UE a fait savoir à Ankara qu'il serait bien vu qu'elle reconnaisse le massacre pour permettre une meilleure négociation).
Les Turcs ont une méconnaissance nette du génocide, même si les intellectuels turcs ont reconnu ce drame depuis longtemps. Mais pour le président arménien, le génocide "continue tant que le successeur de la Turquie ottomane poursuit sa politique de déni total". Seule la reconnaissance et la condamnation du génocide, et seulement cela, donnera l'occasion à Ankara de se racheter.
Les déportations et les massacres ont été mis en œuvre à l'échelle locale par les responsables des divers districts et provinces chargés de rassembler leurs administrés arméniens, ainsi que par les soldats et gendarmes ottomans qui escortaient les convois jusqu'au désert et procédaient eux-mêmes à des exécutions ou laissaient libre cours à la violence de groupes de bandits armés (surtout des Kurdes, qui étaient en concurrence séculaire avec les Arméniens dans le sud-est anatolien) ou de criminels libérés en nombre par les autorités.
Fin du XIXe siècle, les Arméniens de l'Empire ottoman prennent conscience que leurs droits sont bafoués par le sultan, et des groupes arméniens, la plupart du temps révolutionnaires, se forment. Ils dénoncent les méthodes du sultan et veulent la liberté pour tous ainsi que l'égalité entre Arméniens et musulmans.
L'émancipation voulue par ces partis va être l'un des principaux motifs pour l'empire de massacrer les Arméniens. Des soulèvements de faible ampleur se produisent dans des bourgs, dans lesquels beaucoup d'Arméniens vivent, mais la répression ottomane sera sanglante et se terminera par des massacres, préludes du génocide.
Istanbul accuse les Arméniens de la région de pactiser avec les Russes et cela est dû surtout à de nombreuses désertions. En février 1915, le comité central du parti et des ministres du cabinet de guerre, met secrètement au point un plan de destruction exécuté les mois suivants: la première mesure est le désarmement des soldats arméniens; puis les perquisitions dans les maisons des notables civils et religieux; arrestation de ces notables; tortures pour leur faire avouer un prétendu complot et des caches d'armes; déportation et exécution des prisonniers à proximité de la ville; publication d'un avis de déportation; séparation des hommes qui, liés par petits groupes, sont exécutés dans les environs de la ville; évacuation de la totalité de la population arménienne répartie en convois de femmes, d'enfants et de personnes âgées qui quittent la ville à intervalles réguliers, à pied, avec un maigre bagage; enlèvement dans le convoi de femmes et d'enfants conduits dans des foyers musulmans...
En 1916, quand des observateurs font le bilan de l'anéantissement des Arméniens de Turquie, ils peuvent constater que, à l'exception de 300.000 Arméniens sauvés par l'avancée russe et de quelque 200.000 habitants de Constantinople et de Smyrne qu'il était difficile de supprimer devant des témoins, il ne persiste plus que des îlots de survie.
Pour la première fois depuis 1915, la Turquie, dans un communiqué officiel publié mercredi 23 avril sur le site du premier ministre, a présenté ses "condoléances" aux descendants des 900.000 Arméniens, massacrés il y a près d'un siècle par les troupes ottomanes. "Nous souhaitons que les Arméniens qui ont perdu la vie dans les circonstances qui ont marqué le début du XXe siècle reposent en paix et nous exprimons nos condoléances à leurs petits-enfants", a dit Recep Tayyip Erdogan.
Est-ce symbolique? La prise de position d'Ankara a été accueillie avec scepticisme par les Arméniens à travers le monde et par la société civile turque qui s'est engagée dans la reconnaissance du génocide de 1915. Si c'est la première prise de position aussi explicite d'un responsable turc, jusqu'à présent cela était tabou, il ne semble pas qu'il y ait d'évolution majeure de la position de la Turquie qui est: "il y a eu des massacres qui ont touché les populations, mais il n'y a pas eu de génocide".
Dans un an, en avril 2015 se sera le centenaire du génocide. Pourquoi cette déclaration intervient-elle maintenant?
La Turquie est dans une position moins favorable qu'avant sur le plan diplomatique. Sa politique de bon voisin est mise à mal, notamment avec la crise syrienne. La Turquie se retrouve isolée face à l'Iran et la Russie. Elle a besoin des occidentaux pour sa rentrée dans l'Europe (l’UE a fait savoir à Ankara qu'il serait bien vu qu'elle reconnaisse le massacre pour permettre une meilleure négociation).
Les Turcs ont une méconnaissance nette du génocide, même si les intellectuels turcs ont reconnu ce drame depuis longtemps. Mais pour le président arménien, le génocide "continue tant que le successeur de la Turquie ottomane poursuit sa politique de déni total". Seule la reconnaissance et la condamnation du génocide, et seulement cela, donnera l'occasion à Ankara de se racheter.