La nostalgie est toujours ce qu’elle était. Ce coffret regroupant six pièces de Feydeau jouées par les Comédiens Français et enregistrées entre 1970 et 2003 - merci à l’INA ! - se vénère et se regarde la larme à l’œil.
Ce n’est pas sans une certaine émotion, comme un pincement au cœur, que l’on retrouve des amis. Quand la fine fleur de la Maison de Molière s’encanaille chic, on pleure. Sur notre jeunesse, une certaine époque, une certaine tradition du théâtre, du respect du public, de l’auteur, avec en prime cette joie communicative et cet entrain irrésistibles, cette diction, cet humour plein pot ou parfois distancié sans lequel Feydeau ne serait pas Feydeau.
Haut, très haut dans cette superbe collection nous mettrons le Fil à la Patte (sans doute la meilleure pièce tout court du théâtre de Boulevard). Pour le regretté Jacques Charon, inénarrable Fontanet, Paul-Émile Deiber, Irrigua plus vrai que nature, Micheline Boudet, piquante et leste comme une mouche et enfin Robert Hirsch dont le Bouzin frise simplement le génie. En noir et blanc, capté au Théâtre ce Soir, un joyau inestimable.
Dans la même veine, La Puce à l’oreille voit en 1978, l’entrée dans la troupe de Jean le Poulain, le couronnement de Paule Noëlle et A1berte Aveline. Les apparitions de Georges Chamarat, Descrières, Yvonne Gaudeau, Michel Aumont… sont d’un tact, d’un métier sûr, d’une classe folle. La mise en scène de Jean-Laurent Cochet emporte tout sur son passage. Michel Duchaussoy, en Camille Chantebise, achève de nous séduire.
La Dame de chez Maxim (1981) permet à Catherine Samie / Môme Crevette de se tailler la part du lion dans la pièce la plus longue de Feydeau. Voilà trois heures qui passent comme une lettre à la poste grâce encore à Le Poulain, mais aussi à la très douce et spirituelle Denise Gence qui décape complètement, grâce à l’approche de Jean-Paul Roussillon, le personnage de Madame Petipon. Une fois encore l’entourage est de luxe, le rythme effréné, le public complice, le rire garanti.
Les deux levers de rideau Feu la Mère de madame et Mais n’te promène donc pas toute nue (1968-1971), valent par les compositions désormais historiques, donc de référence, de Charron et Boudet. Que feraient-ils sans la complicité des vétérans Louis Seigner ou Louise Conte comme toujours bourrés de pertinence et ingénieux jusque dans leurs silences ?
Avec Le Dindon (2003) on descend légèrement d’un cran. Question d’époque tout simplement. Se sentent ici le délié, l’habile, l’adroit, mais on cherche en vain dans cette autre folle journée, l’invention et le génie qui font prendre ce volatile simplement tout cru, sans vraie farce digne de ce nom. Et que tous nous semblent si proches. Minime réserve.
Vous l’avez compris. En ces temps de crise et de morosité, voilà un cadeau de fin d’année obligatoire, indispensable. Pour une collection qui devrait figurer dans toutes les écoles, les conservatoires, les musées… partout !
Éditions Montparnasse - 5 DVD
Ce n’est pas sans une certaine émotion, comme un pincement au cœur, que l’on retrouve des amis. Quand la fine fleur de la Maison de Molière s’encanaille chic, on pleure. Sur notre jeunesse, une certaine époque, une certaine tradition du théâtre, du respect du public, de l’auteur, avec en prime cette joie communicative et cet entrain irrésistibles, cette diction, cet humour plein pot ou parfois distancié sans lequel Feydeau ne serait pas Feydeau.
Haut, très haut dans cette superbe collection nous mettrons le Fil à la Patte (sans doute la meilleure pièce tout court du théâtre de Boulevard). Pour le regretté Jacques Charon, inénarrable Fontanet, Paul-Émile Deiber, Irrigua plus vrai que nature, Micheline Boudet, piquante et leste comme une mouche et enfin Robert Hirsch dont le Bouzin frise simplement le génie. En noir et blanc, capté au Théâtre ce Soir, un joyau inestimable.
Dans la même veine, La Puce à l’oreille voit en 1978, l’entrée dans la troupe de Jean le Poulain, le couronnement de Paule Noëlle et A1berte Aveline. Les apparitions de Georges Chamarat, Descrières, Yvonne Gaudeau, Michel Aumont… sont d’un tact, d’un métier sûr, d’une classe folle. La mise en scène de Jean-Laurent Cochet emporte tout sur son passage. Michel Duchaussoy, en Camille Chantebise, achève de nous séduire.
La Dame de chez Maxim (1981) permet à Catherine Samie / Môme Crevette de se tailler la part du lion dans la pièce la plus longue de Feydeau. Voilà trois heures qui passent comme une lettre à la poste grâce encore à Le Poulain, mais aussi à la très douce et spirituelle Denise Gence qui décape complètement, grâce à l’approche de Jean-Paul Roussillon, le personnage de Madame Petipon. Une fois encore l’entourage est de luxe, le rythme effréné, le public complice, le rire garanti.
Les deux levers de rideau Feu la Mère de madame et Mais n’te promène donc pas toute nue (1968-1971), valent par les compositions désormais historiques, donc de référence, de Charron et Boudet. Que feraient-ils sans la complicité des vétérans Louis Seigner ou Louise Conte comme toujours bourrés de pertinence et ingénieux jusque dans leurs silences ?
Avec Le Dindon (2003) on descend légèrement d’un cran. Question d’époque tout simplement. Se sentent ici le délié, l’habile, l’adroit, mais on cherche en vain dans cette autre folle journée, l’invention et le génie qui font prendre ce volatile simplement tout cru, sans vraie farce digne de ce nom. Et que tous nous semblent si proches. Minime réserve.
Vous l’avez compris. En ces temps de crise et de morosité, voilà un cadeau de fin d’année obligatoire, indispensable. Pour une collection qui devrait figurer dans toutes les écoles, les conservatoires, les musées… partout !
Éditions Montparnasse - 5 DVD
Vidéo archive (INA): Le Dindon
Vidéo archive (INA): Le Dindon, Au théâtre ce soir - 18/04/1969 - 02h07min19s
Extrait audio ci-dessous
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extrait_Le_Dindon_Feydeau.mp3 (328.81 Ko)