Le mystère des voix bulgares est toujours d'actualité...
Photo courtoisie (c) DR
Ces représentations de Rusalka ont leur petite histoire. Voici quelques mois, à la première à Athènes où elle fut crée (l’œuvre est montée en coproduction) on a frisé l’apoplexie.
Voyez un peu. Marion Wassermann a en effet choisi d'introduire dans le livret de cet opéra une tonalité homosexuelle. La Rusalka d'Athènes et Nice (à l’origine une nymphe des rivières et des lacs dans la mythologie slave) est représentée comme l'incarnation des désirs homosexuels réprimés du Prince, dont elle tombe amoureuse. Courageuse idée, superbe initiative donc que de dépoussiérer le répertoire et faire bouger les choses… Dans l'une des scènes on devait même voir le prince embrasser un figurant masculin - qui est en fait son propre reflet dans un miroir. La metteur en scène ayant clairement établi un parallèle avec l'histoire de Louis II de Bavière.
Tollé chez les Hellènes ! Lors des répétitions, des musiciens de l'orchestre de l'opéra, qui est subventionné par le gouvernement grec, ont vigoureusement réagi et ont tenté de faire supprimer la scène scandaleuse. Lors de la générale, elle fut supprimée sous le prétexte de la présence d'écoliers dans la salle. A la première, fort agitée, des musiciens de l'orchestre ont distribué des tracts au public, signés par des membres du Conseil d'administration de l'orchestre, dans lesquels ils exprimaient leur frustration de voir un "conte de fées innocent" corrompu par une "imagerie homosexuelle extrême". Le Conseil d'administration de l'opéra a dénoncé les tentatives de l'orchestre. Sans beaucoup de conviction, aux dires de certains activistes LGBT. Qui ont deux jour après ont envahi l'opéra et à demandé à pouvoir lire un texte dénonçant l'homophobie de l'orchestre et la tentative de censure avant la représentation…
Hélas, à Nice, rien de tout cela. Calme plat. Une gentille bronca toute méridionale au rideau final… Au fait ? Pourquoi ? Les images édulcorées, sans épines et sans parfum, proposées ici par Marion Wassermann sont d’un clean, d’un soporifique achevé ; ce fatras pseudo psycho-intellectuel transposé, cuisiné moussaka-pissaladière – à y être, on aurait préféré des petits-farcis ! - restant indigeste, prétentieux, inutile et faux. Ca et là par contre quelques bonnes tranches de rigolade, comme la scène de drague du garde-chasse envers son prince, avec demi effeuillage obligé, dont le torse musculeux et velu à souhait a fait pâlir d’aise ma voisine de droite et mon voisin de gauche.
Il n’est pire boisson que champagne éventé.
Vocalement par contre, le bonheur est complet. Natalia Ushakova donne une dimension surnaturelle et morbide au rôle titre et se sort avec honneur d’une partition meurtrière. Sonore, vaillant lui aussi, Arutjun Korchinian incarne un génie des eaux impressionnant. Solide prestation du Prince, des trois « nymphes » et de la soi-disant « sorcière », ces quatre dames semblant sortir d’un film de Fellini.
Super banco avec le garde forestier d’Adam Plachetka, artiste rare, véritable force de la nature, baryton d’airain, sonore, puissant, sidéral, percutant, à entendre très vite dans le plus pur bel canto !
Claude Schnitzler dirige ce drame musical à la forte assise symphonique proche de la matière wagnérienne, et son monde, avec vitalité et un réel sens des couleurs, de la nuance.
Sous sa baguette hyperlyrique, communicative, la lourde partition du maître tchèque s’irise de mille feux.
Voyez un peu. Marion Wassermann a en effet choisi d'introduire dans le livret de cet opéra une tonalité homosexuelle. La Rusalka d'Athènes et Nice (à l’origine une nymphe des rivières et des lacs dans la mythologie slave) est représentée comme l'incarnation des désirs homosexuels réprimés du Prince, dont elle tombe amoureuse. Courageuse idée, superbe initiative donc que de dépoussiérer le répertoire et faire bouger les choses… Dans l'une des scènes on devait même voir le prince embrasser un figurant masculin - qui est en fait son propre reflet dans un miroir. La metteur en scène ayant clairement établi un parallèle avec l'histoire de Louis II de Bavière.
Tollé chez les Hellènes ! Lors des répétitions, des musiciens de l'orchestre de l'opéra, qui est subventionné par le gouvernement grec, ont vigoureusement réagi et ont tenté de faire supprimer la scène scandaleuse. Lors de la générale, elle fut supprimée sous le prétexte de la présence d'écoliers dans la salle. A la première, fort agitée, des musiciens de l'orchestre ont distribué des tracts au public, signés par des membres du Conseil d'administration de l'orchestre, dans lesquels ils exprimaient leur frustration de voir un "conte de fées innocent" corrompu par une "imagerie homosexuelle extrême". Le Conseil d'administration de l'opéra a dénoncé les tentatives de l'orchestre. Sans beaucoup de conviction, aux dires de certains activistes LGBT. Qui ont deux jour après ont envahi l'opéra et à demandé à pouvoir lire un texte dénonçant l'homophobie de l'orchestre et la tentative de censure avant la représentation…
Hélas, à Nice, rien de tout cela. Calme plat. Une gentille bronca toute méridionale au rideau final… Au fait ? Pourquoi ? Les images édulcorées, sans épines et sans parfum, proposées ici par Marion Wassermann sont d’un clean, d’un soporifique achevé ; ce fatras pseudo psycho-intellectuel transposé, cuisiné moussaka-pissaladière – à y être, on aurait préféré des petits-farcis ! - restant indigeste, prétentieux, inutile et faux. Ca et là par contre quelques bonnes tranches de rigolade, comme la scène de drague du garde-chasse envers son prince, avec demi effeuillage obligé, dont le torse musculeux et velu à souhait a fait pâlir d’aise ma voisine de droite et mon voisin de gauche.
Il n’est pire boisson que champagne éventé.
Vocalement par contre, le bonheur est complet. Natalia Ushakova donne une dimension surnaturelle et morbide au rôle titre et se sort avec honneur d’une partition meurtrière. Sonore, vaillant lui aussi, Arutjun Korchinian incarne un génie des eaux impressionnant. Solide prestation du Prince, des trois « nymphes » et de la soi-disant « sorcière », ces quatre dames semblant sortir d’un film de Fellini.
Super banco avec le garde forestier d’Adam Plachetka, artiste rare, véritable force de la nature, baryton d’airain, sonore, puissant, sidéral, percutant, à entendre très vite dans le plus pur bel canto !
Claude Schnitzler dirige ce drame musical à la forte assise symphonique proche de la matière wagnérienne, et son monde, avec vitalité et un réel sens des couleurs, de la nuance.
Sous sa baguette hyperlyrique, communicative, la lourde partition du maître tchèque s’irise de mille feux.