La rupture a été annoncée depuis bientôt deux semaines. Résultats, lés habitués de cette radio tournent au risque de les casser les boutons de leurs postes récepteurs à la recherche des nouvelles du monde. Georges, soixantaine bien affichée s’est rendu chez les réparateurs du coin pour s’enquérir de l’état de son poste récepteur. Raison : le poste n’arrive plus à capter RFI. Après quelques vérifications, le technicien dit qu’il n’y a tout simplement pas de RFI sur la bande FM de Bukavu. Ce qui irrite cet habitué des médias internationaux. "Si on coupe RFI, c’est pour nous cacher ce qui va arriver au pays. Nous savons que certaines informations dérangent les autorités mais de là à couper le signal, c’est franchement anti démocratique. Au delà du regret, je constate que la démocratie recule dans le pays," s’exclame l’homme en reprenant son poste radio.
Toute vérité n’est pas bonne à dire à la radio !
La goutte qui a fait déborder le vase est la série des papiers d’analyse de la consœur Ghislaine Dupont. Les autorités congolaises n’ont fait que mettre à exécution leur menace. Depuis plusieurs années, les autorités de Kinshasa critiquent la couverture de l’actualité congolaise par la station internationale française. "Nous avons le souvenir des nouvelles que donnaient RFI au début de la guerre de Laurent Désiré Kabila. Elle nous avertissait mais nous étions plutôt portés à écouter les discours officiels qui nous bernaient," déclare François Mugabo, étudiant de Bukavu.
Chronique d’une rupture annoncée.
Le 3 juillet 2006, en pleine campagne pour l’élection présidentielle, l’envoyée spéciale de RFI à Kinshasa, Ghislaine Dupont, avait été expulsée du pays. Dans une lettre adressée le 6 mai à Lambert Mendé, suite à l’annonce de la coupure du signal de RFI à Bunia, Reporters sans frontières avait déjà écrit : "Vous n’ignorez pas, Monsieur le Ministre, que la présence de médias dans les zones instables ou en conflit est nécessaire pour permettre à l’ensemble des acteurs un accès satisfaisant à l’information."
Le 10 juin, Lambert Mendé a déclaré : "Nous reprochons (à RFI) d’inciter les militaires à désobéir, à se révolter, à créer des troubles dans les casernes, alors que notre pays est en guerre." Un mois plus tôt, les autorités avaient reproché à la radio internationale de "jeter de l’huile sur le feu" et d’inciter les soldats à se mutiner.
Interrogée par Reporters sans frontières, la direction de RFI a déploré cette fermeture et réaffirmé que son traitement de l’actualité congolaise est "irréprochable, parfaitement professionnel et non partisan." "Nos dirigeants ne se rendent pas compte qu’en fermant des radios, ils montrent ouvertement qu’ils ont des choses à cacher", a déclaré à Reporters sans frontières un journaliste de Bukavu sous couvert d’anonymat. "Par cette mesure, les autorités nous obligent à n’écouter que des radios locales, pour la plupart acquises à leur cause. Museler la presse à tout prix présage ouvertement d’un agenda occulte", a poursuivi un cadre d’une association humanitaire.
On a beau coupé RFI sur la bande FM, il ya des malins qui l’écoutent encore sur Internet ou à partir de leurs paraboles. Ils ne sont, certes, pas nombreux mais il y a quand même des gens qui l’écoutent. Malheureusement cet état de chose renforce la rumeur érigée en système ici. Ce qui est à la longue contre productif de museler la presse.
Toute vérité n’est pas bonne à dire à la radio !
La goutte qui a fait déborder le vase est la série des papiers d’analyse de la consœur Ghislaine Dupont. Les autorités congolaises n’ont fait que mettre à exécution leur menace. Depuis plusieurs années, les autorités de Kinshasa critiquent la couverture de l’actualité congolaise par la station internationale française. "Nous avons le souvenir des nouvelles que donnaient RFI au début de la guerre de Laurent Désiré Kabila. Elle nous avertissait mais nous étions plutôt portés à écouter les discours officiels qui nous bernaient," déclare François Mugabo, étudiant de Bukavu.
Chronique d’une rupture annoncée.
Le 3 juillet 2006, en pleine campagne pour l’élection présidentielle, l’envoyée spéciale de RFI à Kinshasa, Ghislaine Dupont, avait été expulsée du pays. Dans une lettre adressée le 6 mai à Lambert Mendé, suite à l’annonce de la coupure du signal de RFI à Bunia, Reporters sans frontières avait déjà écrit : "Vous n’ignorez pas, Monsieur le Ministre, que la présence de médias dans les zones instables ou en conflit est nécessaire pour permettre à l’ensemble des acteurs un accès satisfaisant à l’information."
Le 10 juin, Lambert Mendé a déclaré : "Nous reprochons (à RFI) d’inciter les militaires à désobéir, à se révolter, à créer des troubles dans les casernes, alors que notre pays est en guerre." Un mois plus tôt, les autorités avaient reproché à la radio internationale de "jeter de l’huile sur le feu" et d’inciter les soldats à se mutiner.
Interrogée par Reporters sans frontières, la direction de RFI a déploré cette fermeture et réaffirmé que son traitement de l’actualité congolaise est "irréprochable, parfaitement professionnel et non partisan." "Nos dirigeants ne se rendent pas compte qu’en fermant des radios, ils montrent ouvertement qu’ils ont des choses à cacher", a déclaré à Reporters sans frontières un journaliste de Bukavu sous couvert d’anonymat. "Par cette mesure, les autorités nous obligent à n’écouter que des radios locales, pour la plupart acquises à leur cause. Museler la presse à tout prix présage ouvertement d’un agenda occulte", a poursuivi un cadre d’une association humanitaire.
On a beau coupé RFI sur la bande FM, il ya des malins qui l’écoutent encore sur Internet ou à partir de leurs paraboles. Ils ne sont, certes, pas nombreux mais il y a quand même des gens qui l’écoutent. Malheureusement cet état de chose renforce la rumeur érigée en système ici. Ce qui est à la longue contre productif de museler la presse.