Un trio vocal irréprochable
(c) DR
L’on ne peut que souhaiter « bon vent » à ce Pirate marseillais mâtiné sicilien qui a jeté l’ancre, en ce mois de février, dans le Vieux Port, au grand dam des habitués et autres abonnés de la première scène phocéenne !
Imaginez un peu l’opéra de Bellini, sorti de son cadre médiéval, pour être transposé dans une Sicile aux teintes fascistes ou aux mains d’une Camorra insulaire. L’idée est neuve alors ? Que nenni ! D’autres avant Stephen Medcalf ont situé certaines partitions du Maître de Catane dans cette époque (pas si lointaine finalement), et même Verdi, le pauvre, y a eu droit !!! Alors… Un peu plus, un peu moins…
Il est vrai que cet opéra prend bien la place dans le « courant gothique » de son époque, c'est-à-dire l’exploitation de l’étrange, du macabre, du surnaturel. Le rôle titre ressemble étrangement à l’Hernani du père Hugo et ces hors-la loi/maudits qui encombrent la littérature du temps.
A bien réfléchir, le tout est de faire cela intelligemment, sans trop trahir son monde.
Le ci-devant Stephen Medcalf ne manque pas d’idées grandguignolesques : la première scène fait penser au Vaisseau wagnérien, le réalisme des situations nous renvoie à un film de série B tourné à Cinecittà.
L’on rit hélas souvent aux malheurs des amoureux. La scène finale qui voit le fiston de l’héroïne donner le coup de grâce au meurtrier de son père, soulève l’écœurement, voire l’indignation, auprès d’un public jusque là complice et amusé.
Musicalement par contre, le plaisir est complet car Fabrizio Maria Carminati, à la barre du navire, tire le meilleur de sa phalange avec un joli effort de cohésion entre plateau et fosse.
Sa direction, vive, pétillante, ne néglige jamais la sensualité et vous fait retrouver un Bellini plein de ces petits éclairs psychologiques qui font la force de son théâtre, avec un indéniable sens de mystère, de profondeur et d’arrière plan tragique vraiment réjouissants.
Trois prises de rôles réussies, haut la main et le gosier, pour le brelan d’as réuni.
Parcours tenu non sans peine mais avec éclat pour Angeles Blancas Gulin. Avec Imogène (beau caractère complexe d’épouse, mère et femme adultère) l’artiste rejoint Lucia, Beatrice et Amina. Sa voix semble avoir beaucoup « écouté » Callas, au point qu’en fermant les yeux on croirait bien entendre la Divine par moments.
Les aigus sont habilement négociés, les notes graves jamais poitrinées et un délicat vibrato achève de nous séduire.
Loin des schizophrènes incurables, le personnage est rendu dans toute sa complexité psychologique avec de forts beaux accents plaintifs à rendre jalouses ses plus illustres devancières dans le rôle.
Fabio Maria Capitanucci campe son mari avec un timbre simplement superbe, vaillant, expressif et cet Ernesto en sort tout ennobli. Ce qui lui permit en trois scènes de presque tout rafler…
Rubini a crée le rôle titre. Avec plus ou moins de bonheur, d’illustres ténors se sont affrontés à ce redoutable flibustier des côtes siciliennes.
Dès lors chapeau bas à Giuseppe Gipalli , trente-cinq ans au prochain muguet, qui vous chante un Gualtiero plein de panache musicale, aux aigus sidérants de facilité, avec une caractérisation convaincante de cet anti-héros à l’existence accablante.
Le tout sans l’ombre d’un orgueil avec ce sympathique soutien aux partenaires, ce respect à la musique et au public qui en font sans aucun doute l’artiste le plus attachant de sa génération.
Les seconds rôles ? Efficaces. Les chœurs ? Bien en place.
On joue trop rarement Le Pirate aujourd’hui pour ne pas remercier Renée Auphan de son initiative et pour ne pas avouer qu’en dépit des réserves formulées plus haut, c’était une fort passionnante matinée.
Imaginez un peu l’opéra de Bellini, sorti de son cadre médiéval, pour être transposé dans une Sicile aux teintes fascistes ou aux mains d’une Camorra insulaire. L’idée est neuve alors ? Que nenni ! D’autres avant Stephen Medcalf ont situé certaines partitions du Maître de Catane dans cette époque (pas si lointaine finalement), et même Verdi, le pauvre, y a eu droit !!! Alors… Un peu plus, un peu moins…
Il est vrai que cet opéra prend bien la place dans le « courant gothique » de son époque, c'est-à-dire l’exploitation de l’étrange, du macabre, du surnaturel. Le rôle titre ressemble étrangement à l’Hernani du père Hugo et ces hors-la loi/maudits qui encombrent la littérature du temps.
A bien réfléchir, le tout est de faire cela intelligemment, sans trop trahir son monde.
Le ci-devant Stephen Medcalf ne manque pas d’idées grandguignolesques : la première scène fait penser au Vaisseau wagnérien, le réalisme des situations nous renvoie à un film de série B tourné à Cinecittà.
L’on rit hélas souvent aux malheurs des amoureux. La scène finale qui voit le fiston de l’héroïne donner le coup de grâce au meurtrier de son père, soulève l’écœurement, voire l’indignation, auprès d’un public jusque là complice et amusé.
Musicalement par contre, le plaisir est complet car Fabrizio Maria Carminati, à la barre du navire, tire le meilleur de sa phalange avec un joli effort de cohésion entre plateau et fosse.
Sa direction, vive, pétillante, ne néglige jamais la sensualité et vous fait retrouver un Bellini plein de ces petits éclairs psychologiques qui font la force de son théâtre, avec un indéniable sens de mystère, de profondeur et d’arrière plan tragique vraiment réjouissants.
Trois prises de rôles réussies, haut la main et le gosier, pour le brelan d’as réuni.
Parcours tenu non sans peine mais avec éclat pour Angeles Blancas Gulin. Avec Imogène (beau caractère complexe d’épouse, mère et femme adultère) l’artiste rejoint Lucia, Beatrice et Amina. Sa voix semble avoir beaucoup « écouté » Callas, au point qu’en fermant les yeux on croirait bien entendre la Divine par moments.
Les aigus sont habilement négociés, les notes graves jamais poitrinées et un délicat vibrato achève de nous séduire.
Loin des schizophrènes incurables, le personnage est rendu dans toute sa complexité psychologique avec de forts beaux accents plaintifs à rendre jalouses ses plus illustres devancières dans le rôle.
Fabio Maria Capitanucci campe son mari avec un timbre simplement superbe, vaillant, expressif et cet Ernesto en sort tout ennobli. Ce qui lui permit en trois scènes de presque tout rafler…
Rubini a crée le rôle titre. Avec plus ou moins de bonheur, d’illustres ténors se sont affrontés à ce redoutable flibustier des côtes siciliennes.
Dès lors chapeau bas à Giuseppe Gipalli , trente-cinq ans au prochain muguet, qui vous chante un Gualtiero plein de panache musicale, aux aigus sidérants de facilité, avec une caractérisation convaincante de cet anti-héros à l’existence accablante.
Le tout sans l’ombre d’un orgueil avec ce sympathique soutien aux partenaires, ce respect à la musique et au public qui en font sans aucun doute l’artiste le plus attachant de sa génération.
Les seconds rôles ? Efficaces. Les chœurs ? Bien en place.
On joue trop rarement Le Pirate aujourd’hui pour ne pas remercier Renée Auphan de son initiative et pour ne pas avouer qu’en dépit des réserves formulées plus haut, c’était une fort passionnante matinée.