Octobre 2006, des manifestants exigent sans succès la démission du Premier ministre Ferenc Gyurcsany. Photo (c) CV
En septembre 2006, 6 mois après avoir été largement élu au gouvernement, Ferenc Gyurcsany déclarait devant un parterre de députés de gauche que la campagne législative n’avait été construite que sur un ramassis de mensonges. Ses paroles enregistrées par un député socialiste dont l’anonymat après 3 ans d’enquête reste toujours respecté, avait ensuite été diffusées à la radio. La nuit même, des manifestants de droite et d’extrême droite avait voulu prendre d’assaut la télévision nationale et avait même mis le feu à la porte d’entrée. Dans les jours qui avaient suivi, des rassemblements avaient été organisés devant le parlement sans que pour autant le Premier ministre, dont la réputation politique était ternie à jamais, n’envisagea de démissionner. Le calme était revenu à Budapest dans les premiers jours de novembre après que les commémorations des 50 ans de l’invasion soviétique de 1956 ait été célébrées à coup de canons à eau et de gaz lacrymogènes.
Gordon Bajnai, actuel Premier ministre hongrois, jusqu'au 25 avril 2010 (photo Itzik Edri )
En avril 2008, Ferenc Gyurcsany avait toutefois pris la décision de démissionner en pleine crise économique qui en Hongrie reste particulièrement douloureuse. Gordon Bajnai – sans étiquette politique, mais ancien ministre du gouvernement en exercice - l’a remplacé à la magistrature suprême, en précisant qu’il n’était là que pour une année, jusqu’aux prochaines élections législatives d’avril 2010. Bien qu’ayant réussit à limiter le déficit budgétaire sans pour autant arriver au niveau des exigences bruxelloises, le fossé entre les élites politiques et la population hongroise s’est creusé. Pour preuve, alors que Gordon Bajnai déclare qu’il espère que son pays pourra –«avant les autres pays de la région qui n'en font pas encore partie » - adopter l’euro dans les 4 ans à venir «si le nouveau gouvernement issu des législatives d'avril reste fidèle à la politique d'austérité fiscale de son prédécesseur», eurobaromètre publie une enquête où l’on découvre que les Hongrois - tout en étant les moins europessimistes des populations d’Europe centrale - sont 33% à estimer qu’il faut rejoindre la zone euro «le plus tard possible».
Une population traumatisée
D’après les prévisions publiées en mars par l’Institut viennois d’études économiques comparées, «le pire serait passé pour les pays d’Europe centrale – sauf pour les pays baltes - qui devrait renouer avec la croissance l’année prochaine». Cet optimisme doit être toutefois relativisé car le niveau de croissance ne retrouvera jamais celui d’antan et toujours d’après l’institut autrichien «la région a été renvoyée plusieurs années en arrière». Mais entre temps, nombre de Hongrois auront fait «faillite». Sans travail déclaré – plus de 10% sont au chômage avec une production industrielle qui a baissé de 17,7% en 2009 par rapport à l'année précédente –, les Hongrois sont aussi ruinés. Encouragés à consommer, ils ont emprunté de l’argent (65% des crédits accordés aux ménages et 56% de ceux des entreprises) sur des monnaies étrangères - constituant une véritable spécificité hongroise - et ont vu leur remboursement s’envoler.
Une victoire de la droite assurée
Viktor Orban, chef incontesté de la droite hongroise, futur Premier ministre ? Photo (c) PPE
Les enjeux politiques ne se jouent pas sur le prochain vainqueur car tous les sondages donnent le parti de la droite traditionnelle, le Fidesz, largement gagnant, mais plutôt si celui-ci arrivera à atteindre la majorité absolue au parlement, grand rêve de son leader,Viktor Orban. Plus jeune Premier ministre de l'Union européenne de 1998 à 2002, celui-ci tient enfin sa revanche face au parti socialiste qui monopolisa la scène politique depuis, avec deux mandats consécutifs, une première depuis 1989. Viktor Orban veut en effet modifier la constitution, seule solution à ses yeux pour relancer l’économie et diriger une population qui ne demande qu’à l’être.
Dénoncé par certain d’être à l’origine du Jobbik, Viktor Orban qui accuse de son côté les socialistes de les avoir nourris en son sein, a exclu toute idée de coalition. Le présumé vainqueur des prochaines législatives tente de séduire l’électorat de l’extrème droite à travers un discours conservateur et par conséquent d’après lui rassurant et nationaliste. En résumé, en exaltant l’esprit « völkisch » des Hongrois inquiet de perdre leur identité.
Le programme économique du FIDESZ reste flou avec néanmoins des points forts que sont la réforme de l'Etat, la baisse des taux d'intérêt et l'augmentation de l'emploi (plus de 50% de la population active ne travaille pas et propose de créer un million d’emplois dans les dix prochaines années). Symboliquement, le Fidesz veut prolonger le moratoire qui empêche les étrangers d’acheter des terres en Hongrie. Déjà active sous le régime socialo-libéral actuel, cette loi serait étendue aux ressources naturelles hongroises (l’eau). Viktor Orban a déjà prévenu que la réduction du déficit budgétaire ne serait pas une priorité pour lui en contradiction avec les exigences de l’Union européenne et du FMI qui ont prêté à la Hongrie 20 milliards d’euros.
Dénoncé par certain d’être à l’origine du Jobbik, Viktor Orban qui accuse de son côté les socialistes de les avoir nourris en son sein, a exclu toute idée de coalition. Le présumé vainqueur des prochaines législatives tente de séduire l’électorat de l’extrème droite à travers un discours conservateur et par conséquent d’après lui rassurant et nationaliste. En résumé, en exaltant l’esprit « völkisch » des Hongrois inquiet de perdre leur identité.
Le programme économique du FIDESZ reste flou avec néanmoins des points forts que sont la réforme de l'Etat, la baisse des taux d'intérêt et l'augmentation de l'emploi (plus de 50% de la population active ne travaille pas et propose de créer un million d’emplois dans les dix prochaines années). Symboliquement, le Fidesz veut prolonger le moratoire qui empêche les étrangers d’acheter des terres en Hongrie. Déjà active sous le régime socialo-libéral actuel, cette loi serait étendue aux ressources naturelles hongroises (l’eau). Viktor Orban a déjà prévenu que la réduction du déficit budgétaire ne serait pas une priorité pour lui en contradiction avec les exigences de l’Union européenne et du FMI qui ont prêté à la Hongrie 20 milliards d’euros.
Une extrême droite en pleine forme
Fort de ses près de 15% aux dernières élections européennes, le Jobbik se sent pousser des ailes et espère bien dépasser le Mszp lors des prochaines élections. Il est vrai que certains sondages lui prédisent 20% des suffrages. Avec un programme politique proche du Fidesz, ou vice et versa, le Mouvement pour une meilleure Hongrie est dirigé par le peu charismatique et quasi inconnu Gabor Vona, le parti ayant été créé en 2006. Déclarant oser dire tout haut ce que tout le monde penserait tout bas, le Jobbik se veut antisémite, homophobe et anti-roms. La réputation du parti a été précédée des démonstrations bruyantes de la Magyar Garda – sorte de milice de chemises noires -, aujourd’hui officiellement dissoute ce qui ne l’empêche pas de sévir encore. Pressé sans l’être, le Jobbik fait son chemin et reste persuader que si sa chance ne se présente pas cette année pour entrer au parlement hongrois, ce sera alors en 2014.