Le roman d’amour a-t-il sa place dans les médias en France ?

Pascal Marmet
Il y a longtemps
La Bruyère, 2008


Quatrième de couverture

L'histoire d'une rencontre im...  

Pascal Marmet
Il y a longtemps
La Bruyère, 2008


Quatrième de couverture

L'histoire d'une rencontre improbable et de la relation qui s'ensuivit, amoureuse, tumultueuse et passionnée. Mais il s'agit surtout, au-delà des nombreuses différences qui rapprochent et divisent en même temps nos deux personnages, créant malentendus et conflits, de la perception que chacun a de l'autre et comment chacun ressent cette relation si difficile à se trouver et à se construire. Quand bien des années plus tard la jeune fille révèle sa vérité profonde et ses sentiments, les réalités ignorées alors, il est trop tard. Ne restent que le souvenir et les devoirs de mémoire. Ne restent aussi que les profonds bouleversements que provoque une rencontre, dans les êtres, dans leur vie. Une histoire d'amour avec une dualité d'écriture inédite.


Critique

Le style de Pascal Marmet, fait de phrases courtes, rythmées et riches de sens qui semble allier la qualité littéraire pour le fond et le style anglo-saxon contemporain pour la forme demande de l'attention. On ne lit pas ce roman d'une seule traite entre deux portes ou la cuisine et le salon. Une fois lancée, en tout cas, l'intrigue vous tient en haleine. J'y vois une histoire d'amour noire, comme on n'en écrit plus guère, hélas, un récit constellé de fragments de vie (dont certains, mais peut-être que je me trompe, sentent l'autobiographie, le vécu personnel), un moment d'intimité entre l'auteur et le lecteur qui ne saurait laisser indifférent tant bon nombre d'entre nous, ici ou là, se reconnaîtront à coup sûr. Nous entamons Il y a longtemps par le point de vue de Pascal (le héros, ici, pas l'auteur), la façon dont il voit, vit et ressent la passion qui le lie à Ludmilla, personnalité si attachante. Arrivé à un peu plus de la moitié de l'ouvrage, c'est le point de vue de cette dernière qui se fait jour, explicitement, sous la forme d'un journal intime. Et là tout s'éclaire ! Les malentendus s'expliquent, brutalement. Voilà pour ce qui est de la "dualité d'écriture inédite" évoquée par Pascal Marmet en quatrième de couverture. Force est de reconnaître à l'auteur un certain brio pour avoir mené de front ces deux points de vue sans, pardonnez-moi l'expression, s'emmêler les pinceaux. Pari réussi, donc. Une belle histoire d'amour, un récit court, dense et rythmé à la fois. De belles références artistiques, notamment littéraires et cinématographiques qui en disent long sur la culture et la vision pertinente qu'à Pascal Marmet des nombreuses oeuvres auxquelles il fait référence. Je ne me suis pas ennuyé un seul instant en lisant ce roman et si Il y a longtemps contient encore quelques coquilles (dues à l'éditeur, non à l'auteur, naturellement), sa lecture fut un réel plaisir. On souffre avec les deux amants, aussi, ressentant leurs joies, leurs peines, leurs espoirs et leurs blessures secrètes. Tout ce qui pourrait les rapprocher les éloigne parfois l'un de l'autre et, inversement, ce qui devrait les éloigner les rapproche plus souvent qu'ils ne l'auraient cru eux-mêmes. Parfois, le lecteur se surprendrait presque à leur crier de se parler car c'est, entre autres choses, l'insuffisance de dialogue et les mal-dits plus encore que les non-dits qui font que le doute s'installe et semble détruire le couple au fur et à mesure que les impétrants tentent de le consolider. Une belle histoire, assurément, bien écrite. Une histoire triste, aussi. Une histoire d'amour, en somme.


marc legrand