Avec le philosophe Michel Serres, on peut affirmer que "la crise n’est qu’une toute petite ride sur la surface de l’histoire" et relativiser certains évènements récents du spectacle politico-médiatique. Toutefois la lucidité commande de prendre en compte une autre réalité : le "monde ancien est mort" et avec lui le modèle dominant du "tous contre tous" et du "chacun pour soi".
La naissance du XXIe siècle a accéléré celle d’un "nouveau monde", accompagné des deux seules passions qui selon Aristote depuis la nuit des temps, retiennent l’intérêt des foules : "la terreur et la pitié".
Parmi les ruptures profondes de ce changement d’ère, deux paraissent devoir interpeller la classe dirigeante : primo, le constat que "l’hyperpuissance ne sert à rien" ; ni pour gagner les guerres (Vietnam, Irak) ni pour gouverner l’ordre économique et financier mondial, et ce qui vaut pour les Etats est justifié aussi pour les Entreprises (General Motors, Enron, Lehman Brothers).
Secondo, les contrepouvoirs ont changé de nature et de forme : moins politico-financiers, plus subtils et moins frontaux (on préfère le jeu de Go de sensibilité asiatique plutôt que les Echecs, stratégie préférée des anglo-saxons et des slaves) ces contre-pouvoirs sont devenus médiatico-populaires : ainsi l’émergence d’une "opinion-monde" s’est substituée aux formes légales de la démocratie entraînant avec elle l’effacement progressif du volontarisme politique vers une forme de suivisme (et au pire dans les moments de crise aiguë à des formes d’anticipation ou de manipulation de l’opinion avec des risques d’effet boomerang que la classe politique et les médias paraissent ne pas avoir encore intégré).
La naissance du XXIe siècle a accéléré celle d’un "nouveau monde", accompagné des deux seules passions qui selon Aristote depuis la nuit des temps, retiennent l’intérêt des foules : "la terreur et la pitié".
Parmi les ruptures profondes de ce changement d’ère, deux paraissent devoir interpeller la classe dirigeante : primo, le constat que "l’hyperpuissance ne sert à rien" ; ni pour gagner les guerres (Vietnam, Irak) ni pour gouverner l’ordre économique et financier mondial, et ce qui vaut pour les Etats est justifié aussi pour les Entreprises (General Motors, Enron, Lehman Brothers).
Secondo, les contrepouvoirs ont changé de nature et de forme : moins politico-financiers, plus subtils et moins frontaux (on préfère le jeu de Go de sensibilité asiatique plutôt que les Echecs, stratégie préférée des anglo-saxons et des slaves) ces contre-pouvoirs sont devenus médiatico-populaires : ainsi l’émergence d’une "opinion-monde" s’est substituée aux formes légales de la démocratie entraînant avec elle l’effacement progressif du volontarisme politique vers une forme de suivisme (et au pire dans les moments de crise aiguë à des formes d’anticipation ou de manipulation de l’opinion avec des risques d’effet boomerang que la classe politique et les médias paraissent ne pas avoir encore intégré).
Moraliser est devenu le fil d’ariane « d’un discours universel mondialisé »
C’est dans ce contexte déstabilisateur, et à "l’épreuve de l’opinion" que les dirigeants, chefs d’entreprise et dirigeants salariés doivent réapprendre l’exercice de leur métier. Certes la mission et l’idéal restent les mêmes : c’est-à-dire conduire les entreprises "à bon port" dans l’intérêt de toutes les parties prenantes ; ce sont les lettres de noblesse d’un métier certes enthousiasmant mais ô combien exposé et exigeant, l’actualité nous en apporte la preuve tous les jours. Diriger et en assumer les responsabilités reste l’expression d’un rare talent, mais à l’épreuve de fortes turbulences et de vents contraires le métier de dirigeant est régulièrement mis en question.
En effet, les déviances de quelques uns, dans le cadre d’une crise particulièrement redoutable ont fait naître une forme de scandale moral. Celui-ci est apparu à travers les avantages obtenus par ceux là même qui paraissaient responsables de l’échec des entreprises, des licenciements, de la dégradation économique et financière et qui bénéficiaient à travers des mécanismes censés compenser la prise de risques (hauts revenus, stocks options, bonus, parachutes dorés) en réalité d’une rente de situation ou de statut.
Il en est résulté une dégradation générale et sans précédent de l’image de l’entreprise et de ses dirigeants, laquelle est devenue rapidement insupportable parce qu’injuste pour l’écrasante majorité d’entre eux dont le comportement n’avait rien de répréhensible. Dans ce contexte, le "tribunal de l’opinion" a porté son niveau d’exigence très au-delà des seules rémunérations mais bien sur les principes de comportement et d’action de la classe dirigeante, une exigence d’exemplarité, d’un retour à des valeurs fondamentales même si à l’évidence les rémunérations restent l’abcès de fixation. Les employeurs chefs d’entreprise ont enfin pris conscience de retrouver une crédibilité qu’ils n’auraient jamais dû perdre en s’appuyant sur une communication plus transparente et une autodiscipline suffisante. Ainsi est apparu le Code de Bonne Conduite du MEDEF avec son comité des sages pour les rémunérations et tout récemment Michel Camdessus, grande référence morale, s’est vu confier une mission spécifique de surveillance en la matière pour les entreprises aidées par l’Etat. Tout ceci constitue des premiers pas qui vont dans le bon sens et sont hautement symboliques et ne demandent qu’à être confirmés.
En effet, les déviances de quelques uns, dans le cadre d’une crise particulièrement redoutable ont fait naître une forme de scandale moral. Celui-ci est apparu à travers les avantages obtenus par ceux là même qui paraissaient responsables de l’échec des entreprises, des licenciements, de la dégradation économique et financière et qui bénéficiaient à travers des mécanismes censés compenser la prise de risques (hauts revenus, stocks options, bonus, parachutes dorés) en réalité d’une rente de situation ou de statut.
Il en est résulté une dégradation générale et sans précédent de l’image de l’entreprise et de ses dirigeants, laquelle est devenue rapidement insupportable parce qu’injuste pour l’écrasante majorité d’entre eux dont le comportement n’avait rien de répréhensible. Dans ce contexte, le "tribunal de l’opinion" a porté son niveau d’exigence très au-delà des seules rémunérations mais bien sur les principes de comportement et d’action de la classe dirigeante, une exigence d’exemplarité, d’un retour à des valeurs fondamentales même si à l’évidence les rémunérations restent l’abcès de fixation. Les employeurs chefs d’entreprise ont enfin pris conscience de retrouver une crédibilité qu’ils n’auraient jamais dû perdre en s’appuyant sur une communication plus transparente et une autodiscipline suffisante. Ainsi est apparu le Code de Bonne Conduite du MEDEF avec son comité des sages pour les rémunérations et tout récemment Michel Camdessus, grande référence morale, s’est vu confier une mission spécifique de surveillance en la matière pour les entreprises aidées par l’Etat. Tout ceci constitue des premiers pas qui vont dans le bon sens et sont hautement symboliques et ne demandent qu’à être confirmés.
Une charte de déontologie pour les dirigeants salariés
Par ailleurs l’élaboration de la charte de déontologie des dirigeants salariés, sous l’égide de la FNCD a eu pour ambition d’apporter une réponse la plus précise possible aux attentes larges et fortes exprimées universellement par l’opinion en direction de la classe dirigeante et des élites. Cette charte des dirigeants salariés a édicté, pour sa part, des principes généraux, en huit points de comportement et d’action dont bien évidemment celui des rémunérations. Sur ce point les propositions visent à maîtriser autant les niveaux que les mécanismes : lisibilité des règles (fixes ou variables), niveau absolu (toutes rémunérations confondues) de cohérence par rapport aux règles applicables à l’ensemble des salariés, et mesurables en valeur et dans le temps, en corrélation avec la création de valeur pour l’ensemble des parties prenantes. Chacun de ces principes exprime l’engagement individuel et collectif pris par le corps des dirigeants salariés vis-à-vis de la société civile et des parties prenantes à l’entreprise : ce sont la loyauté, le courage, l’exemplarité, l’engagement professionnel, le respect d’autrui, la promotion de la qualité de la vie au travail, les règles de rémunération et un comportement de citoyen responsable. Cette charte s’accompagne - point essentiel - de la mise en place d’une instance indépendante, le C.O.D (Conseil d’Orientation de la Déontologie) chargée d’assurer d’une part la mise en place et le suivi de la Charte de Déontologie des Dirigeants dans les réseaux signataires (qui représentent un dirigeant sur deux en France) et d’autre part d’élaborer un rapport annuel sur l’application et la déontologie des dirigeants salariés. Cette initiative a été saluée au niveau européen et soutenue par les différents ministres du travail ainsi que par les plus hautes autorités de l’Etat.
Ce C.O.D est constitué d’un mandataire de chacun des réseaux des dirigeants salariés. Il est placé sous la haute autorité d’un collège d’éminentes personnalités qualifiées dont Bernard Esambert, ancien conseiller du Président Pompidou, Franck Bournois, professeur d’université, directeur général du CIFFOP, le professeur émérite de droit, Philippe Langlois et William Nahum, président de l’Académie, tandis que Jacques Boisseau est vice-président de la commission spécialisée Industrie aux-côtés de Guy Salziger (ACSED), Président de l’Association des Cadres Supérieurs et des dirigeants de France Télécom.
A ce jour, l’ensemble des réseaux a adopté la charte de déontologie et ses principes et la met actuellement en place auprès de ses adhérents. Ce rappel est important car France Télécom, confrontée dans le cadre de sa profonde évolution, a de lourdes difficultés sociales avec une série terrible de drames humains qui est venue endeuiller l’entreprise et les familles des salariés. Nos pensées vont vers elles ainsi que notre compassion. De leur côté, la direction et le management sont placés dans l’œil du cyclone et portent seuls, aux yeux des syndicats et d’une partie de la classe politique, la responsabilité de cette catastrophe. Cette précipitation à désigner des coupables boucs émissaires à l’opinion, a créé un profond malaise à l’intérieur comme à l’extérieur de l’entreprise et les médias eux-mêmes ont fait preuve, c’est à noter, d’une certaine retenue. Certes les faits sont là et le suicide traduit une profonde désespérance mais il reste aussi l’un des grands mystères de la vie des hommes. Aussi les conditions du contradictoire et d’un "procès juste" ne paraissent pas avoir été réunis ni au plan de détermination de la faute si faute il y a, et encore moins pour l’éventuel lien de causalité. Fort justement, et c’est tout à son honneur, Christine Lagarde, Ministre de l’Economie et des Finances, vient de renouveler sa confiance au président Didier Lombard.
Confiance et soutien auxquels il convient d’associer le corps des cadres dirigeants qui a su bien avant ce sinistre épisode, démontrer l’attention toute particulière qu’il portait au management des hommes, au respect d’autrui et à la promotion de la qualité de la vie au travail. Pour preuve sa participation et son adhésion précoces à la Charte de Déontologie des Dirigeants Salariés.
Cette initiative annonce la reconquête de l’opinion par les dirigeants avec la volonté d’apporter une contribution déterminante dans la construction de ces itinéraires originaux du "Nouveau Monde" pour passer de "l’avoir plus qui reste l’apanage de la société de consommation" à "l’être mieux dont la bonne mesure relève, comme l’indique le prix Nobel d’économie, Joseph Stignitz, plus du BIN, entendez bonheur individuel net que du PIB qui intègre plus les aspects quantitatifs que qualitatifs".
Dans ce sens les avancées notables du dernier G20 à Pittsburgh au plan de la gouvernance mondiale et qui ont bénéficié de l’apport décisif et du volontarisme de nos dirigeants nationaux augurent bien de l’ouverture d’une voie concrète pour réconcilier les performances économiques et le progrès social, il faut s’en réjouir.
Ce C.O.D est constitué d’un mandataire de chacun des réseaux des dirigeants salariés. Il est placé sous la haute autorité d’un collège d’éminentes personnalités qualifiées dont Bernard Esambert, ancien conseiller du Président Pompidou, Franck Bournois, professeur d’université, directeur général du CIFFOP, le professeur émérite de droit, Philippe Langlois et William Nahum, président de l’Académie, tandis que Jacques Boisseau est vice-président de la commission spécialisée Industrie aux-côtés de Guy Salziger (ACSED), Président de l’Association des Cadres Supérieurs et des dirigeants de France Télécom.
A ce jour, l’ensemble des réseaux a adopté la charte de déontologie et ses principes et la met actuellement en place auprès de ses adhérents. Ce rappel est important car France Télécom, confrontée dans le cadre de sa profonde évolution, a de lourdes difficultés sociales avec une série terrible de drames humains qui est venue endeuiller l’entreprise et les familles des salariés. Nos pensées vont vers elles ainsi que notre compassion. De leur côté, la direction et le management sont placés dans l’œil du cyclone et portent seuls, aux yeux des syndicats et d’une partie de la classe politique, la responsabilité de cette catastrophe. Cette précipitation à désigner des coupables boucs émissaires à l’opinion, a créé un profond malaise à l’intérieur comme à l’extérieur de l’entreprise et les médias eux-mêmes ont fait preuve, c’est à noter, d’une certaine retenue. Certes les faits sont là et le suicide traduit une profonde désespérance mais il reste aussi l’un des grands mystères de la vie des hommes. Aussi les conditions du contradictoire et d’un "procès juste" ne paraissent pas avoir été réunis ni au plan de détermination de la faute si faute il y a, et encore moins pour l’éventuel lien de causalité. Fort justement, et c’est tout à son honneur, Christine Lagarde, Ministre de l’Economie et des Finances, vient de renouveler sa confiance au président Didier Lombard.
Confiance et soutien auxquels il convient d’associer le corps des cadres dirigeants qui a su bien avant ce sinistre épisode, démontrer l’attention toute particulière qu’il portait au management des hommes, au respect d’autrui et à la promotion de la qualité de la vie au travail. Pour preuve sa participation et son adhésion précoces à la Charte de Déontologie des Dirigeants Salariés.
Cette initiative annonce la reconquête de l’opinion par les dirigeants avec la volonté d’apporter une contribution déterminante dans la construction de ces itinéraires originaux du "Nouveau Monde" pour passer de "l’avoir plus qui reste l’apanage de la société de consommation" à "l’être mieux dont la bonne mesure relève, comme l’indique le prix Nobel d’économie, Joseph Stignitz, plus du BIN, entendez bonheur individuel net que du PIB qui intègre plus les aspects quantitatifs que qualitatifs".
Dans ce sens les avancées notables du dernier G20 à Pittsburgh au plan de la gouvernance mondiale et qui ont bénéficié de l’apport décisif et du volontarisme de nos dirigeants nationaux augurent bien de l’ouverture d’une voie concrète pour réconcilier les performances économiques et le progrès social, il faut s’en réjouir.