Plus qu'un témoignage, un hommage au dernier grand chef français
Le chant de la terre de Gustav Mahler aux Editions Evidences.m4a (1.51 Mo)
Comme pour fêter les quarante années de collaboration avec l'Orchestre National de Lille et capté lors du Festival de Saint-Denis en 2008, ce surprenant album se vante aussi d'être le deuxième enregistrement, après une tétanisante Deuxième Symphonie, de Jean-Claude Casadesus avec sa nordique phalange, tous en visite de courtoisie chez Gustav Mahler. Plus qu'un précieux témoignage, un bel hommage à un chef dont la sympathie, le sérieux, l'amour du public, de la musique et de l'opéra ne sont plus à démontrer. Voilà donc un disque rare.
L'unique reproche que certains pourront lui adresser est le choix de la soliste. La voix de la sculpturale Violeta Urmana ne possède que par moments la profonde résonance dans le grave de celle de Kathleen Ferrier ou celle chatoyante de Jessye Norman. Les références absolues pour qui aime faire chanter ses cercueils...
Violeta Urmana, conteuse subtile et captivante, compense largement par sa musicalité irréprochable, son souffle prodigieux et un timbre de velours, ce qui au départ pourrait être considéré comme un manque.
Clifton Forbis, quant à lui, possède la voix idéale, à la fois éclatante et souple, que réclame l'ouvrage. Le ténor triomphe avec aise, éclat (tout comme Wunderlich avant lui !), presque sans effort des difficultés diaboliques que Mahler a accumulées ici. Les lieder numéros 3 et 5 sont un pur délice, grâce notamment aux tempos modérés du Chef. Dans le premier on reste confondu devant tant d'aisance, dans la douceur comme dans la force. La tessiture affreusement aiguë voulue par Mahler relève du crime contre l'humanité...
Avec le Chef, un tel prodige d'art, de naturel, de profondeur, d'équilibre, défie tous les commentaires. L'ouvrage n'est pas joué, ni exécuté, ni même interprété, mais simplement rendu à sa vérité première. Noblesse du phrasé, discrétion des effets (piège de la partition), transparence exemplaire du tissu orchestral, justesse absolue des tempos, art magistral des transitions, souffle puissant.
Curieusement, dans cette conception dépouillée de tout artifice, de tout faux-semblant, l'art de Violeta Urmana s'intègre merveilleusement. Si son timbre, unique et diamantin, n'a pas l'ampleur de certaines voix illustres (et disparues) la justesse et la sobriété de l'expression servent aussi bien le poème que la musique. Plaisir d'écrire ici que la virtuosité des musiciens lillois exalte elle aussi le texte car l'artiste qu'est Jean-Claude Casadesus obtient d'eux non pas une soumission servile à la Karajan, mais un engagement complet donnant l'illusion d'une libre improvisation collective. Tour de force de ce devoir de mémoire musical, comme toujours avec les plus grands, on redécouvre un ouvrage tout en se demandant sans cesse comment il a jamais pu être interprété autrement. Gustav Mahler (1860-1911) : Das Lied von der Erde. Violetta Urmana, Clifton Forbis, Orchestre national de Lille, Jean-Claude Casadesus. 2008. 63’46’’. Evidence. EVCD057
L'unique reproche que certains pourront lui adresser est le choix de la soliste. La voix de la sculpturale Violeta Urmana ne possède que par moments la profonde résonance dans le grave de celle de Kathleen Ferrier ou celle chatoyante de Jessye Norman. Les références absolues pour qui aime faire chanter ses cercueils...
Violeta Urmana, conteuse subtile et captivante, compense largement par sa musicalité irréprochable, son souffle prodigieux et un timbre de velours, ce qui au départ pourrait être considéré comme un manque.
Clifton Forbis, quant à lui, possède la voix idéale, à la fois éclatante et souple, que réclame l'ouvrage. Le ténor triomphe avec aise, éclat (tout comme Wunderlich avant lui !), presque sans effort des difficultés diaboliques que Mahler a accumulées ici. Les lieder numéros 3 et 5 sont un pur délice, grâce notamment aux tempos modérés du Chef. Dans le premier on reste confondu devant tant d'aisance, dans la douceur comme dans la force. La tessiture affreusement aiguë voulue par Mahler relève du crime contre l'humanité...
Avec le Chef, un tel prodige d'art, de naturel, de profondeur, d'équilibre, défie tous les commentaires. L'ouvrage n'est pas joué, ni exécuté, ni même interprété, mais simplement rendu à sa vérité première. Noblesse du phrasé, discrétion des effets (piège de la partition), transparence exemplaire du tissu orchestral, justesse absolue des tempos, art magistral des transitions, souffle puissant.
Curieusement, dans cette conception dépouillée de tout artifice, de tout faux-semblant, l'art de Violeta Urmana s'intègre merveilleusement. Si son timbre, unique et diamantin, n'a pas l'ampleur de certaines voix illustres (et disparues) la justesse et la sobriété de l'expression servent aussi bien le poème que la musique. Plaisir d'écrire ici que la virtuosité des musiciens lillois exalte elle aussi le texte car l'artiste qu'est Jean-Claude Casadesus obtient d'eux non pas une soumission servile à la Karajan, mais un engagement complet donnant l'illusion d'une libre improvisation collective. Tour de force de ce devoir de mémoire musical, comme toujours avec les plus grands, on redécouvre un ouvrage tout en se demandant sans cesse comment il a jamais pu être interprété autrement. Gustav Mahler (1860-1911) : Das Lied von der Erde. Violetta Urmana, Clifton Forbis, Orchestre national de Lille, Jean-Claude Casadesus. 2008. 63’46’’. Evidence. EVCD057