Des experts ont examiné des éléments de preuve portant sur la dernière fuite en date d'hydrocarbures déversés par des oléoducs de Shell mal entretenus dans le secteur de Bodo, et confirmé que ces éléments indiquaient fortement que la fuite était due à la corrosion de l'oléoduc. La fuite a été découverte le 21 juin 2012 ou autour de cette date dans le secteur de Bodo, dans le delta du Niger. Elle a été colmatée le 30 juin. Cependant, Shell semble ne tenir aucun compte des preuves de corrosion.
"Le processus d'enquête sur les déversements d'hydrocarbures dans le delta du Niger est un fiasco. Les moyens déployés pour le travail de relations publiques sont plus importants que ceux utilisés pour faire face au fait qu'une grande partie des infrastructures pétrolières sont vieilles, mal entretenues et présentent des risques de fuites, qui ont parfois des conséquences dévastatrices en termes de droits humains. (...) Quelles que soient les preuves présentées à Shell concernant les fuites d'hydrocarbures, la compagnie se réfugie systématiquement derrière des allégations de "sabotage" et cherche à échapper à ses responsabilités quant à l'énorme pollution due à son incapacité d'entretenir correctement ses infrastructures, de les rendre sûres et de nettoyer correctement les sites en cas de déversement d'hydrocarbures", a expliqué Audrey Gaughran, directrice des Questions internationales à Amnesty International.
Amnesty International et le CEHRD ont demandé à la société américaine Accufacts, qui a une longue expérience en matière d'examen des infrastructures pétrolières, d'étudier des photographies de l'oléoduc prises au niveau de la fuite. Voici son avis: "C'est apparemment dû à une corrosion externe. Notez l'effritement stratifié du métal à l'extérieur du conduit autour des résidus laissés dans la zone où le conduit s'est aminci par corrosion externe. C'est un phénomène très fréquent que nous avons observé de nombreuses fois sur d'autres oléoducs."
"Shell a déclaré sur place que la fuite semblait due à un sabotage, et la compagnie ne tient aucun compte des preuves de corrosion. Cela a généré beaucoup d'incompréhension et aussi de la colère au sein de la communauté. Nous avons vu le conduit et amené un expert pour qu'il l'examine, et il semble très clair qu'il est corrodé", a déclaré Stevyn Obodoekwe, directeur de programmes au CEHRD.
Quand Amnesty International a contacté le siège de Shell pour demander les preuves sur lesquelles se fondent les allégations de sabotage à Bodo, la compagnie a répondu qu'elle n'avait pas affirmé que la fuite était due à un sabotage et que l'enquête conjointe n'était pas terminée. Shell n'a cependant pas pu expliquer les déclarations faites sur place à la population locale. Elle a affirmé que l'équipe chargée de l'enquête conjointe, composée de membres de la population locale, des autorités de contrôle, de membres du personnel de Shell et de représentants de la police et de la Force d'intervention conjointe, n'a pas pu achever son enquête sur la fuite de pétrole parce que des jeunes de la région ont lancé sur eux des pierres. Des témoins présents sur les lieux ont dit qu'il ne s'était rien produit de tel et que les services de sécurité étaient présents pendant l'enquête.
Shell va maintenant amener la portion de conduit endommagée dans un de ses centres où, selon elle, il sera soumis à des tests. La population locale et des militants de défense de l'environnement et des droits humains craignent que cette procédure – totalement sous le contrôle de Shell – ne manque de transparence et que ses résultats ne soient pas crédibles. Les oléoducs de Shell sont vétustes et beaucoup n'ont pas été dûment entretenus ou remplacés; des habitants et des ONG de la région ont indiqué que les conduits dans le secteur de Bodo n'ont pas été remplacés depuis 1958. Quand Amnesty International a demandé à Shell de confirmer l'âge et l'état des conduits, la compagnie n'a pas répondu.
Il y a un an, le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) a publié un important rapport sur l'impact de la pollution pétrolière dans le pays ogoni, dans la région du delta du Niger. Depuis, les choses n'ont guère changé, comme le montre la dernière fuite de pétrole à Bodo. Dans son rapport, le PNUE a notamment confirmé que les organismes nigérians de contrôle "sont à la merci des compagnies pétrolières lorsqu'il s'agit d'effectuer des inspections sur les sites". Le PNUE a également conclu que Shell n'avait pas respecté ses propres normes en ce qui concerne l'entretien de ses infrastructures.
"Après des années de mauvaises pratiques concernant les enquêtes sur les fuites de pétrole, la population n'a aucune confiance dans ce processus et dans ses résultats. Shell n'a jamais résolu le problème des mauvaises pratiques qui ont été mises en évidence dans les enquêtes sur les fuites de pétrole et qu'illustre une fois de plus la situation à Bodo. Des fuites sont attribuées à des actes de sabotage alors qu'elles sont en fait dues à la corrosion et Shell sait que cela s'est déjà produit dans le passé", a souligné Stevyn Obodoekwe.
Depuis 2011, Shell publie sur son site web des données sur l'enquête relative à la fuite de pétrole. Cette initiative a été saluée par Amnesty International et par le CEHRD. Cependant, comme l'ont clairement montré les recherches effectuées par les deux organisations, le processus demeure très problématique sur le terrain, et les enquêtes elles-mêmes sont marquées par un manque d'indépendance et de transparence.
* Des milliers de déversements d'hydrocarbures ont eu lieu dans la région du delta du Niger depuis que les compagnies pétrolières y ont débuté leurs activités, à la fin des années 1950. La corrosion des conduits et les défaillances des équipements sont responsables de la majorité de ces fuites. Ces dernières années, des actes de sabotage et de vandalisme et des vols ont également été à l'origine de la pollution. Cependant, alors que la corrosion et les défaillances des équipements demeurent des problèmes très graves, rien n'a jamais été fait pour y remédier. Les compagnies pétrolières ont la responsabilité de veiller à ce que, dans la mesure du possible, leurs équipements ne puissent pas être altérés. Or, Shell n'a pas répondu aux demandes d'informations sur les mesures qui ont été prises pour empêcher les actes de sabotage et de vandalisme.
Le 3 août 2012, Amnesty International et le CEHRD ont rendu public un rapport sur une enquête menée à Bodo en juin-juillet 2012 sur un déversement de pétrole. Le report met en évidence le manque de transparence du processus d'enquête et le fait que Shell n'a fourni aucune information au sujet de l'âge et de l'état de ses oléoducs. Ce rapport, intitulé "Another Bodo Oil Spill, Another Flawed Oil Spill Investigation In The Niger Delta" peut être téléchargé (en anglais) en cliquant ici.
"Le processus d'enquête sur les déversements d'hydrocarbures dans le delta du Niger est un fiasco. Les moyens déployés pour le travail de relations publiques sont plus importants que ceux utilisés pour faire face au fait qu'une grande partie des infrastructures pétrolières sont vieilles, mal entretenues et présentent des risques de fuites, qui ont parfois des conséquences dévastatrices en termes de droits humains. (...) Quelles que soient les preuves présentées à Shell concernant les fuites d'hydrocarbures, la compagnie se réfugie systématiquement derrière des allégations de "sabotage" et cherche à échapper à ses responsabilités quant à l'énorme pollution due à son incapacité d'entretenir correctement ses infrastructures, de les rendre sûres et de nettoyer correctement les sites en cas de déversement d'hydrocarbures", a expliqué Audrey Gaughran, directrice des Questions internationales à Amnesty International.
Amnesty International et le CEHRD ont demandé à la société américaine Accufacts, qui a une longue expérience en matière d'examen des infrastructures pétrolières, d'étudier des photographies de l'oléoduc prises au niveau de la fuite. Voici son avis: "C'est apparemment dû à une corrosion externe. Notez l'effritement stratifié du métal à l'extérieur du conduit autour des résidus laissés dans la zone où le conduit s'est aminci par corrosion externe. C'est un phénomène très fréquent que nous avons observé de nombreuses fois sur d'autres oléoducs."
"Shell a déclaré sur place que la fuite semblait due à un sabotage, et la compagnie ne tient aucun compte des preuves de corrosion. Cela a généré beaucoup d'incompréhension et aussi de la colère au sein de la communauté. Nous avons vu le conduit et amené un expert pour qu'il l'examine, et il semble très clair qu'il est corrodé", a déclaré Stevyn Obodoekwe, directeur de programmes au CEHRD.
Quand Amnesty International a contacté le siège de Shell pour demander les preuves sur lesquelles se fondent les allégations de sabotage à Bodo, la compagnie a répondu qu'elle n'avait pas affirmé que la fuite était due à un sabotage et que l'enquête conjointe n'était pas terminée. Shell n'a cependant pas pu expliquer les déclarations faites sur place à la population locale. Elle a affirmé que l'équipe chargée de l'enquête conjointe, composée de membres de la population locale, des autorités de contrôle, de membres du personnel de Shell et de représentants de la police et de la Force d'intervention conjointe, n'a pas pu achever son enquête sur la fuite de pétrole parce que des jeunes de la région ont lancé sur eux des pierres. Des témoins présents sur les lieux ont dit qu'il ne s'était rien produit de tel et que les services de sécurité étaient présents pendant l'enquête.
Shell va maintenant amener la portion de conduit endommagée dans un de ses centres où, selon elle, il sera soumis à des tests. La population locale et des militants de défense de l'environnement et des droits humains craignent que cette procédure – totalement sous le contrôle de Shell – ne manque de transparence et que ses résultats ne soient pas crédibles. Les oléoducs de Shell sont vétustes et beaucoup n'ont pas été dûment entretenus ou remplacés; des habitants et des ONG de la région ont indiqué que les conduits dans le secteur de Bodo n'ont pas été remplacés depuis 1958. Quand Amnesty International a demandé à Shell de confirmer l'âge et l'état des conduits, la compagnie n'a pas répondu.
Il y a un an, le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) a publié un important rapport sur l'impact de la pollution pétrolière dans le pays ogoni, dans la région du delta du Niger. Depuis, les choses n'ont guère changé, comme le montre la dernière fuite de pétrole à Bodo. Dans son rapport, le PNUE a notamment confirmé que les organismes nigérians de contrôle "sont à la merci des compagnies pétrolières lorsqu'il s'agit d'effectuer des inspections sur les sites". Le PNUE a également conclu que Shell n'avait pas respecté ses propres normes en ce qui concerne l'entretien de ses infrastructures.
"Après des années de mauvaises pratiques concernant les enquêtes sur les fuites de pétrole, la population n'a aucune confiance dans ce processus et dans ses résultats. Shell n'a jamais résolu le problème des mauvaises pratiques qui ont été mises en évidence dans les enquêtes sur les fuites de pétrole et qu'illustre une fois de plus la situation à Bodo. Des fuites sont attribuées à des actes de sabotage alors qu'elles sont en fait dues à la corrosion et Shell sait que cela s'est déjà produit dans le passé", a souligné Stevyn Obodoekwe.
Depuis 2011, Shell publie sur son site web des données sur l'enquête relative à la fuite de pétrole. Cette initiative a été saluée par Amnesty International et par le CEHRD. Cependant, comme l'ont clairement montré les recherches effectuées par les deux organisations, le processus demeure très problématique sur le terrain, et les enquêtes elles-mêmes sont marquées par un manque d'indépendance et de transparence.
* Des milliers de déversements d'hydrocarbures ont eu lieu dans la région du delta du Niger depuis que les compagnies pétrolières y ont débuté leurs activités, à la fin des années 1950. La corrosion des conduits et les défaillances des équipements sont responsables de la majorité de ces fuites. Ces dernières années, des actes de sabotage et de vandalisme et des vols ont également été à l'origine de la pollution. Cependant, alors que la corrosion et les défaillances des équipements demeurent des problèmes très graves, rien n'a jamais été fait pour y remédier. Les compagnies pétrolières ont la responsabilité de veiller à ce que, dans la mesure du possible, leurs équipements ne puissent pas être altérés. Or, Shell n'a pas répondu aux demandes d'informations sur les mesures qui ont été prises pour empêcher les actes de sabotage et de vandalisme.
Le 3 août 2012, Amnesty International et le CEHRD ont rendu public un rapport sur une enquête menée à Bodo en juin-juillet 2012 sur un déversement de pétrole. Le report met en évidence le manque de transparence du processus d'enquête et le fait que Shell n'a fourni aucune information au sujet de l'âge et de l'état de ses oléoducs. Ce rapport, intitulé "Another Bodo Oil Spill, Another Flawed Oil Spill Investigation In The Niger Delta" peut être téléchargé (en anglais) en cliquant ici.
Niger.mp3 (422.98 Ko)