Du point de vue irlandais le moment est absolument stratégique. Le Brexit représente un challenge immense pour l’Irlande du fait de la nature et de la complexité de la relation qu’elle entretient avec le Royaume Uni. L’appartenance à l’Union européenne depuis 47 ans a énormément rapproché les deux pays. Elle a permis la signature des accords de paix et le respect de ces accords depuis 21 ans. De l’économie au commerce, de l’éducation à la recherche, l’UE a positivement impacté l’ensemble des relations entre les deux pays et c’est la raison pour laquelle un "no deal" Brexit, c’est-à-dire sans accord de retrait, est très inquiétant. Pour Dublin, un accord de retrait est la meilleure façon, la seule façon, d’organiser la sortie du Royaume Uni de l’UE.
Le gouvernement irlandais regrette le rejet par le parlement britannique de l’accord de retrait négocié par la Première ministre Theresa May. Il partage cependant la même détermination avec la chambre des communes d’éviter à tout prix un Brexit sans accord. Un "no deal" serait désastreux pour toutes les parties : le RU, l’Irlande et l’UE dans son ensemble. Mais le Président de la commission européenne, Jean-Claude Juncker, a été très clair la semaine dernière pendant la session plénière du Parlement européen à Strasbourg. Le deal est sur la table ! C’est l’offre des 27 et elle ne changera pas. Il reste peu de temps mais une solution raisonnable reste encore possible.
Le gouvernement irlandais regrette le rejet par le parlement britannique de l’accord de retrait négocié par la Première ministre Theresa May. Il partage cependant la même détermination avec la chambre des communes d’éviter à tout prix un Brexit sans accord. Un "no deal" serait désastreux pour toutes les parties : le RU, l’Irlande et l’UE dans son ensemble. Mais le Président de la commission européenne, Jean-Claude Juncker, a été très clair la semaine dernière pendant la session plénière du Parlement européen à Strasbourg. Le deal est sur la table ! C’est l’offre des 27 et elle ne changera pas. Il reste peu de temps mais une solution raisonnable reste encore possible.
La fracture est profonde entre Theresa May et Westminster
D’un côté une Première ministre qui a négocié un deal qu’elle veut imposer au parlement sans que celui-ci n’est jamais clairement dit ce qu’il attendait de l’accord de retrait. Elle fustige les conflits internes aux partis travailliste et conservateur qu’elle rend responsable de la situation. De l’autre, la Chambre des Communes refuse de se voir imposer un accord qu’elle juge mauvais et contraire à la volonté du peuple britannique en ouvrant une porte pour un maintien du Royaume-Uni dans l’union douanière sans que celui-ci puisse la quitter par une décision unilatérale (en raison du backstop irlandais même si l’UE a apporté des garanties de dernière minute réaffirmant que le backstop resterait une solution temporaire).
Malgré tout, l’incertitude qui règne sur l’issue de ce feuilleton politique oblige les Irlandais, et tous les Européens, à intensifier leurs préparations dans l’éventualité d’un "Brexit dur".
Hier soir, mercredi 20 mars vers 22h, Theresa May s’est adressée aux Britanniques pour annoncer qu’elle avait demandé au Président du Conseil européen Donald Tusk un report du Brexit au 30 juin prochain. Une extension courte pour donner le temps aux parlementaires de se décider enfin : il est temps que Westminster dise ce qu’il veut et non pas uniquement ce qu’il ne veut pas. Les 27 s’accordent à dire aujourd’hui que le report au 30 juin pourrait être envisageable à la seule condition que le parlement vote le deal de Madame May avant la fin du mois. "Il est crucial que les Européens restent unis et prennent leurs décisions collectivement sur le sujet" lors du Conseil européen qui débute ce jeudi 21 mars. Ce report ne pourra être accepté qu’à l’unanimité des 27.
La Chambre des Communes revotera-t-elle pour la troisième fois sur le deal proposé par Madame May. Pour l’instant rien n’est moins sûr, le speaker de la Chambre, John Bercow, ayant invoqué une coutume datant du XVIIe siècle empêchant de voter plus de deux fois le même texte si celui-ci a été rejeté deux fois. Comme il l’a fermement déclaré "Un Non est un Non !". Mais si Westminster ne peut revoter ou si il rejette à nouveau le deal négocié par Theresa May alors le Brexit dur sans accord deviendra une évidence.
Malgré tout, l’incertitude qui règne sur l’issue de ce feuilleton politique oblige les Irlandais, et tous les Européens, à intensifier leurs préparations dans l’éventualité d’un "Brexit dur".
Hier soir, mercredi 20 mars vers 22h, Theresa May s’est adressée aux Britanniques pour annoncer qu’elle avait demandé au Président du Conseil européen Donald Tusk un report du Brexit au 30 juin prochain. Une extension courte pour donner le temps aux parlementaires de se décider enfin : il est temps que Westminster dise ce qu’il veut et non pas uniquement ce qu’il ne veut pas. Les 27 s’accordent à dire aujourd’hui que le report au 30 juin pourrait être envisageable à la seule condition que le parlement vote le deal de Madame May avant la fin du mois. "Il est crucial que les Européens restent unis et prennent leurs décisions collectivement sur le sujet" lors du Conseil européen qui débute ce jeudi 21 mars. Ce report ne pourra être accepté qu’à l’unanimité des 27.
La Chambre des Communes revotera-t-elle pour la troisième fois sur le deal proposé par Madame May. Pour l’instant rien n’est moins sûr, le speaker de la Chambre, John Bercow, ayant invoqué une coutume datant du XVIIe siècle empêchant de voter plus de deux fois le même texte si celui-ci a été rejeté deux fois. Comme il l’a fermement déclaré "Un Non est un Non !". Mais si Westminster ne peut revoter ou si il rejette à nouveau le deal négocié par Theresa May alors le Brexit dur sans accord deviendra une évidence.
La position du gouvernement irlandais
Irlande/Brexit.m4a (11.79 Mo)
Elle est très claire. Pas question de refuser plus de temps aux Britanniques pour négocier un accord acceptable par Londres tout en respectant les points de vue des différents leaders européens. Mais aussi celui des institutions européennes qui se trouvent prises juridiquement dans une situation particulière du fait des élections européennes de fin mai et de la nouvelle commission qui en découlera. Westminster doit réaliser que le problème n’est pas seulement celui des Britanniques. L’ensemble des Européens sont affectés par cette situation ubuesque.
Simon Coveney avoue "Je suis ministre des Affaires étrangères et je passe les 2/3 de mon temps sur le Brexit. Notre pays dépense des millions d’euros d’argent des contribuables pour prévoir les conséquences d’un Brexit dur alors que nous espérons qu’il n’aura pas lieu. Depuis trois semaines le parlement irlandais est mobilisé sur une législation d’urgence que nous espérons ne jamais utiliser ! Voilà où nous en sommes. Et nous sommes conscients que cela va impacter énormément de gens et risque de fragiliser les relations entre les communautés sur notre île".
Pour l’Irlande, la Grande Bretagne a toujours été un "pont" entre le continent et l’île. La majorité des biens y transitent et il s’agit maintenant d’envisager des routes alternatives en augmentant le trafic direct entre le continent et l’Irlande puisque celle-ci risque de se retrouver sans frontière commune avec l’UE.
Les Irlandais ont toujours été pro-européens. L’Irlande est un petit pays vulnérable et exposé à une décision prise par d’autres. L’UE a témoigné une extraordinaire solidarité et beaucoup de compréhension face à cette situation pour protéger l’un de ses Etats membres. Les Irlandais en sont bien conscients et l’on fortement témoigné à Michel Barnier lors de sa venue en Irlande.
Pour S. Coveney "Il y a des Nigel Farage dans tous les pays membres de l’Union qui cherchent à attaquer nos valeurs les plus fondamentales et détruire nos institutions". Mais l’Europe est aussi la cible de pays extérieurs qui ont une vision politique et économique bien différente de la nôtre. L’Europe n’est pas seulement économique. Elle est aussi l’affirmation de valeurs sociales et humaines : conditions de travail, protection des citoyens, non-discrimination, salaires, liberté d’expression et de la presse, changement climatique… Si l’Europe ne le fait pas, qui le fera ? "L’enjeu est bien de montrer que notre modèle économique et social fonctionne". Et il doit fonctionner pour que d’autres veuillent aussi l’adopter.
Ce sont les défis que l’Europe doit relever et c’est la raison pour laquelle les citoyens européens doivent entendre l’appel du Président Macron à une «"renaissance européenne". "Bien sûr nous ne sommes pas d’accord avec tout mais globalement nous partageons la même vision et les objectifs. Nous nous battrons pour l’Europe aux côtés de la France" conclut le Tanaiste*.
*Tánaiste : Le Tánaiste est le vice-Premier ministre de l'Irlande. Il est nommé à ce poste par le Taoiseach (le Premier ministre) parmi les membres de son gouvernement.
Simon Coveney occupe ce poste depuis novembre 2017. Il avait été nommé ministre des Affaires étrangères en Juin 2017 par Leo Varadkar.
Simon Coveney avoue "Je suis ministre des Affaires étrangères et je passe les 2/3 de mon temps sur le Brexit. Notre pays dépense des millions d’euros d’argent des contribuables pour prévoir les conséquences d’un Brexit dur alors que nous espérons qu’il n’aura pas lieu. Depuis trois semaines le parlement irlandais est mobilisé sur une législation d’urgence que nous espérons ne jamais utiliser ! Voilà où nous en sommes. Et nous sommes conscients que cela va impacter énormément de gens et risque de fragiliser les relations entre les communautés sur notre île".
Pour l’Irlande, la Grande Bretagne a toujours été un "pont" entre le continent et l’île. La majorité des biens y transitent et il s’agit maintenant d’envisager des routes alternatives en augmentant le trafic direct entre le continent et l’Irlande puisque celle-ci risque de se retrouver sans frontière commune avec l’UE.
Les Irlandais ont toujours été pro-européens. L’Irlande est un petit pays vulnérable et exposé à une décision prise par d’autres. L’UE a témoigné une extraordinaire solidarité et beaucoup de compréhension face à cette situation pour protéger l’un de ses Etats membres. Les Irlandais en sont bien conscients et l’on fortement témoigné à Michel Barnier lors de sa venue en Irlande.
Pour S. Coveney "Il y a des Nigel Farage dans tous les pays membres de l’Union qui cherchent à attaquer nos valeurs les plus fondamentales et détruire nos institutions". Mais l’Europe est aussi la cible de pays extérieurs qui ont une vision politique et économique bien différente de la nôtre. L’Europe n’est pas seulement économique. Elle est aussi l’affirmation de valeurs sociales et humaines : conditions de travail, protection des citoyens, non-discrimination, salaires, liberté d’expression et de la presse, changement climatique… Si l’Europe ne le fait pas, qui le fera ? "L’enjeu est bien de montrer que notre modèle économique et social fonctionne". Et il doit fonctionner pour que d’autres veuillent aussi l’adopter.
Ce sont les défis que l’Europe doit relever et c’est la raison pour laquelle les citoyens européens doivent entendre l’appel du Président Macron à une «"renaissance européenne". "Bien sûr nous ne sommes pas d’accord avec tout mais globalement nous partageons la même vision et les objectifs. Nous nous battrons pour l’Europe aux côtés de la France" conclut le Tanaiste*.
*Tánaiste : Le Tánaiste est le vice-Premier ministre de l'Irlande. Il est nommé à ce poste par le Taoiseach (le Premier ministre) parmi les membres de son gouvernement.
Simon Coveney occupe ce poste depuis novembre 2017. Il avait été nommé ministre des Affaires étrangères en Juin 2017 par Leo Varadkar.