Nous sommes sans cesse confrontés, à la télévision et sur les réseaux sociaux, à des pugilats vulgaires que l’on nomme charitablement "débats". Loin de cette parodie de vie intellectuelle, certains perpétuent l’ancestrale quête humaine de compréhension et de savoir. Jean Delumeau était un de ces originaux qui préfèrent la vérité à l’éclat et la rigueur au scandale. Né le 18 juin 1923 à Nantes, il obtient l’agrégation d’histoire en 1947. Après avoir enseigné à la faculté de Rennes, puis à l’université Paris-I, il intègre le Collège de France où il occupe la chaire d’Histoire des mentalités religieuses dans l’Occident moderne de 1975 à 1994.
Ce catholique profondément croyant et taraudé par le doute (ce qui constitue un paradoxe seulement pour les esprits superficiels) a exploré méthodiquement la nature et l’évolution de la mentalité chrétienne du Moyen-Âge aux Temps Modernes. La peur ("La Peur en Occident", 1978), le sentiment de sécurité ou d’insécurité ("Rassurer et protéger", 1989), la culpabilité ("Le Péché et la peur", 1983) ; l’historien a beaucoup insisté sur l’angoisse qui étreignait les populations chrétiennes entre le XIIIe et le XVIIIe siècle. Une angoisse souvent amplifiée par l'Église catholique et sa prédication terrorisante concernant le péché et l’Enfer.
Ce catholique profondément croyant et taraudé par le doute (ce qui constitue un paradoxe seulement pour les esprits superficiels) a exploré méthodiquement la nature et l’évolution de la mentalité chrétienne du Moyen-Âge aux Temps Modernes. La peur ("La Peur en Occident", 1978), le sentiment de sécurité ou d’insécurité ("Rassurer et protéger", 1989), la culpabilité ("Le Péché et la peur", 1983) ; l’historien a beaucoup insisté sur l’angoisse qui étreignait les populations chrétiennes entre le XIIIe et le XVIIIe siècle. Une angoisse souvent amplifiée par l'Église catholique et sa prédication terrorisante concernant le péché et l’Enfer.
Mais Jean Delumeau a aussi montré que le christianisme était un facteur d’espoir et d’apaisement. À une époque où les épidémies de peste, les famines, les guerres faisaient planer une menace permanente sur l’existence des individus, le christianisme n’a pas seulement souligné l’insondable culpabilité humaine, il a aussi fait miroiter la possibilité de la rédemption. C’est ce que montre l’historien dans sa remarquable étude en trois tomes intitulée "Une histoire du paradis" (1992-2000).
L’intérêt de l’œuvre de Jean Delumeau ne tient pas seulement à l’étendue et à la précision de son érudition. Il attachait une importance fondamentale à la transmission des connaissances. Un souci qui s’exprime pleinement dans la limpidité de son style qui ne sacrifie jamais le plaisir de la lecture à l’exactitude de l’exposé.
Travailler son sujet avec acharnement, exposer le résultat de ses recherches avec précision et honnêteté, ne jamais oublier qu’on s’adresse à des lecteurs, rien de plus normal pour un intellectuel ? Certes, cela devrait être la norme mais c’est malheureusement souvent l’exception. C’est pourquoi il faut saluer la mémoire de Jean Delumeau qui fut à la fois un grand historien et un modèle éthique pour le monde intellectuel.
L’intérêt de l’œuvre de Jean Delumeau ne tient pas seulement à l’étendue et à la précision de son érudition. Il attachait une importance fondamentale à la transmission des connaissances. Un souci qui s’exprime pleinement dans la limpidité de son style qui ne sacrifie jamais le plaisir de la lecture à l’exactitude de l’exposé.
Travailler son sujet avec acharnement, exposer le résultat de ses recherches avec précision et honnêteté, ne jamais oublier qu’on s’adresse à des lecteurs, rien de plus normal pour un intellectuel ? Certes, cela devrait être la norme mais c’est malheureusement souvent l’exception. C’est pourquoi il faut saluer la mémoire de Jean Delumeau qui fut à la fois un grand historien et un modèle éthique pour le monde intellectuel.
Que reste-t-il du paradis? (1.87 Mo)