Quarante ans d'histoire musicale
Ce luxueux coffret de 18 cd, édité le mois dernier par Deutsche Grammophon présente l'intégrale des œuvres pour voix et orchestre de Gustav Mahler, soit les 10 symphonies, mais aussi les cycles lyriques, lieder avec orchestre.
De 1966 à 2004 voici donc quarante ans d’archives discographiques et un témoignage poignant sur l’art perdu (ou retrouvé ?) des Kubelik, Bernstein, Solti, Sinopoli avec un hommage inattendu à Maureen Forrester, récemment décédée, qui transfigure de son alto chaleureux la 3ème Symphonie sous la baguette lumineuse et enfiévrée de Bernard Haitink. Déjà ici une référence absolue.
Rafael Kubelick dans la Titan s’impose de lui-même, tant l’arche musical est sobre, martial, rigoureux. La 2ème (Résurrection) unit dans une belle complicité Christa Ludwig (son Urlicht semble ouvrir les portes de l’infini !) et Ileana Cotrubas, dirigées de main de Maître par un Zubin Mehta visionnaire, incendiaire, au souffle ravageur.
Si on descend d’un cran avec la 4ème la faute en revient peut-être à Juliane Banse trop pudique, trop réservée. Minimes réserves. D’autant que Boulez mène le tout dans une pureté incantatoire.
Les symphonies 5, 6 (live de 2004 d’une pertinence rare avec les Berliner Philharmoniker) et 7, grâce à Bernstein, Abbado et Sinopoli vivent et brulent d’un souffle morbide et suicidaire. Là encore une belle leçon d’architecture sonore, ample, colorée, avec ça et là des touches d’angoisses hivernales sidérantes. A ne pas écouter un jour de spleen…
Si vous avez des voisins compréhensifs, la 8ème dite des Mille va vous clouer sur place ! La prise de son est suffocante, les détails inouïs. Les huit solistes représentent le gratin de cette année 1972 (Kollo, Talvela, Minton, Popp…) et Georg Solti, d’un engagement total, dirige cette incroyable partition dans une sorte de tellurique démence jubilatoire et sarcastique.
A tout seigneur, tout honneur, il revient à Karajan de donner vie et respiration à la 9ème (mais là un Barbirolli le bat de cent coudées). C’est net, propre, magistral, convaincant, sans bavure. Trop beau pour être honnête ? Le Burleske lui aussi relève de l’anecdotique. Cherchez l’erreur ! Riccardo Chailly enfin, dans la 10ème, taille dans la masse marmoréenne de sa phalange avec une énergie quasi nietzschéenne mais semble en état d’apesanteur, ailleurs, dans une œuvre peu jouée, au mystère insoluble.
Rien de composé, tout de vécu dans les disques consacrés aux mélodies avec orchestre. Thomas Hampson, vrai diseur-poète, ne fait qu’une bouchée des Kindertotenlieder, Rückert Lieder et autres fahrenden Gesellen… Pour sa part, Carlo Maria Giulini éclaire d’une lumière très poétique le torturé Chant de la Terre. Force et tendresse également chez les deux solistes Fassbaender et Araiza. Un joyau de 1984 qui n’a pas pris une ride. Claudio Abbado retrouve sa part d’enfance dans le Knaben Wunderhorn, aidé en cela par Von Otter et Quasthoff, simplement parfaits.
En complément, le mouvement de Quatuor de 1876, et l'entracte des Drei Pintos renforcent l'apport documentaire d’un pavé-coffret désormais incontournable. A un prix super sympathique, donc de référence.
De 1966 à 2004 voici donc quarante ans d’archives discographiques et un témoignage poignant sur l’art perdu (ou retrouvé ?) des Kubelik, Bernstein, Solti, Sinopoli avec un hommage inattendu à Maureen Forrester, récemment décédée, qui transfigure de son alto chaleureux la 3ème Symphonie sous la baguette lumineuse et enfiévrée de Bernard Haitink. Déjà ici une référence absolue.
Rafael Kubelick dans la Titan s’impose de lui-même, tant l’arche musical est sobre, martial, rigoureux. La 2ème (Résurrection) unit dans une belle complicité Christa Ludwig (son Urlicht semble ouvrir les portes de l’infini !) et Ileana Cotrubas, dirigées de main de Maître par un Zubin Mehta visionnaire, incendiaire, au souffle ravageur.
Si on descend d’un cran avec la 4ème la faute en revient peut-être à Juliane Banse trop pudique, trop réservée. Minimes réserves. D’autant que Boulez mène le tout dans une pureté incantatoire.
Les symphonies 5, 6 (live de 2004 d’une pertinence rare avec les Berliner Philharmoniker) et 7, grâce à Bernstein, Abbado et Sinopoli vivent et brulent d’un souffle morbide et suicidaire. Là encore une belle leçon d’architecture sonore, ample, colorée, avec ça et là des touches d’angoisses hivernales sidérantes. A ne pas écouter un jour de spleen…
Si vous avez des voisins compréhensifs, la 8ème dite des Mille va vous clouer sur place ! La prise de son est suffocante, les détails inouïs. Les huit solistes représentent le gratin de cette année 1972 (Kollo, Talvela, Minton, Popp…) et Georg Solti, d’un engagement total, dirige cette incroyable partition dans une sorte de tellurique démence jubilatoire et sarcastique.
A tout seigneur, tout honneur, il revient à Karajan de donner vie et respiration à la 9ème (mais là un Barbirolli le bat de cent coudées). C’est net, propre, magistral, convaincant, sans bavure. Trop beau pour être honnête ? Le Burleske lui aussi relève de l’anecdotique. Cherchez l’erreur ! Riccardo Chailly enfin, dans la 10ème, taille dans la masse marmoréenne de sa phalange avec une énergie quasi nietzschéenne mais semble en état d’apesanteur, ailleurs, dans une œuvre peu jouée, au mystère insoluble.
Rien de composé, tout de vécu dans les disques consacrés aux mélodies avec orchestre. Thomas Hampson, vrai diseur-poète, ne fait qu’une bouchée des Kindertotenlieder, Rückert Lieder et autres fahrenden Gesellen… Pour sa part, Carlo Maria Giulini éclaire d’une lumière très poétique le torturé Chant de la Terre. Force et tendresse également chez les deux solistes Fassbaender et Araiza. Un joyau de 1984 qui n’a pas pris une ride. Claudio Abbado retrouve sa part d’enfance dans le Knaben Wunderhorn, aidé en cela par Von Otter et Quasthoff, simplement parfaits.
En complément, le mouvement de Quatuor de 1876, et l'entracte des Drei Pintos renforcent l'apport documentaire d’un pavé-coffret désormais incontournable. A un prix super sympathique, donc de référence.