Depuis quelques années, des sociétés de gardiennage s’installent dans la ville de Bukavu pour faire face à la montée de la criminalité. La première société de gardiennage et de sécurité privée s’est installée pendant la période de guerre. KK Security est venu du Kenya via le Rwanda pendant que le corps expéditionnaire rwandais occupait la partie est de la RD Congo. Cette société s’est d’abord mise au service des ONG humanitaires et des agences onusiennes avant d’offrir ses services à quelques privés. Aujourd’hui, une dizaine de sociétés se sont installées dans la ville. Elles emploient un millier de personnes. KKS, HDW, DELTA, GRABEN, KPS pour ne pas les citer. La liste n’est pas exhaustive.
Postés devant des portails ou à l’intérieur des clôtures, ces agents de sécurité sont formés en arts martiaux avant leur déploiement. Ne pouvant pas utiliser des armes à feu, les sociétés de gardiennage ont des éléments de la police affectés par l’inspection provinciale.
Du travail pour les jeunes
Les sociétés de gardiennage recrutent dans les rangs des démobilisés de l’armée et des groupes armés notamment. Ils sont jeunes, souvent de grande taille pour imposer la discipline, bien habillés et tenant de matraques plastiques en mains. Ces jeunes gens qui s’appellent agents de sécurité répugnent l’appellation de sentinelles. Devant le chômage quasi généralisé dans la ville, certains gardiens ont des diplômes du secondaire et même du supérieur. « C’est un travail comme un autre, reconnaît David, 24 ans et agent de sécurité depuis trois ans. J’ai abandonné mes études supérieures faute de moyens pour payer les frais académiques. Je compte reprendre dès que d’autres opportunités vont se présenter à moi. »
Les veilleurs et autres vieilles sentinelles gardent encore quelques boutiques et maisons des particuliers mais font face à une rude concurrence de ces professionnels du gardiennage. Les cas d’insécurité à travers la ville n’épargnent pas les agents de sécurité. Deux agents de sécurité ont été tués à leur lieu de travail en 2008. Deux policiers et quatre soldats de l’armée gouvernementale sont également morts des tirs de ces hommes armés début 2009.
Complicité et compromission de certains policiers
La présence de ces sociétés traduirait-elle la faiblesse de la police nationale congolaise qui n’arrive pas à protéger les citoyens et leurs biens ? Rien dans la ville de Bukavu, des groupes de jeunes délinquants sèment la panique et la terreur de jour comme de nuit sans que la police ne parvienne à éradiquer ces associations de malfaiteurs. Les plus virulents sont les ‘Finders’. Ils ravissent portables et bijoux et autres objets de valeur. Certaines langues affirment que certains bandits à main armée agiraient en complicité des policiers indisciplinés. Le commandant de la police au Sud Kivu défend ses hommes mais n’exclut pas la présence des brebis galeuses au sein de ses unités. « Si des cas avérés se présentent, vous les savez bien, je n’hésite pas à les déférer devant la justice militaire. Dans un corps de police pour un pays qui sort de guerre et dont le recrutement s’est opéré de la manière que tout le monde connaît, nous faisons aussi face à quelques bévues. Mais cela ne devrait pas constituer le motif de manque de confiance entre la police et la population, » nous dit le général Gaston LUZEMBO.
Business d’avenir
Les responsables de ces sociétés sont confiants en l’avenir de leur business « Nous offrons nos services de gardiennage et de sécurité selon la demande mais nous ne remplaçons pas l’Etat. Au-delà du fait que nous sommes des privés, nous participons aussi à la sécurisation de nos concitoyens, » déclare M MALIMINGI, patron de KSP.
La société civile, elle, trouve que la présence de ces sociétés de gardiennage et de sécurité ne constitue pas la réponse à la monté de la criminalité. Le malheur de la population fait l’affaire de ces sociétés. « Il faut que l’Etat sécurise tout le monde sans exception. La sécurité de la population et de ses biens et l’une de ses missions essentielles. On ne peut dire qu’on lutte contre la criminalité en s’occupant seulement d’une catégorie de la population, estime pour sa part un membre du réseau de la réforme des services de sécurité. »
Un mal nécessaire
Ne sachant pas à quel saint se vouer devant l’inefficacité de la police, on se tourne vers les sociétés de gardiennage pour se protéger. C’est un mal nécessaire en quelque sorte.
« Ces sociétés sont comme ‘un arbre qui cache la forêt’. Elles ne peuvent pas garantir la sécurité alors que toute la ville est confrontée à une criminalité galopante. Seul un Etat fort et organisé est en mesure de lutter efficacement contre ce fléau, » nous confie, sous anonymat, un agent de l’agence de sécurité des Nations Unies à Bukavu.
Postés devant des portails ou à l’intérieur des clôtures, ces agents de sécurité sont formés en arts martiaux avant leur déploiement. Ne pouvant pas utiliser des armes à feu, les sociétés de gardiennage ont des éléments de la police affectés par l’inspection provinciale.
Du travail pour les jeunes
Les sociétés de gardiennage recrutent dans les rangs des démobilisés de l’armée et des groupes armés notamment. Ils sont jeunes, souvent de grande taille pour imposer la discipline, bien habillés et tenant de matraques plastiques en mains. Ces jeunes gens qui s’appellent agents de sécurité répugnent l’appellation de sentinelles. Devant le chômage quasi généralisé dans la ville, certains gardiens ont des diplômes du secondaire et même du supérieur. « C’est un travail comme un autre, reconnaît David, 24 ans et agent de sécurité depuis trois ans. J’ai abandonné mes études supérieures faute de moyens pour payer les frais académiques. Je compte reprendre dès que d’autres opportunités vont se présenter à moi. »
Les veilleurs et autres vieilles sentinelles gardent encore quelques boutiques et maisons des particuliers mais font face à une rude concurrence de ces professionnels du gardiennage. Les cas d’insécurité à travers la ville n’épargnent pas les agents de sécurité. Deux agents de sécurité ont été tués à leur lieu de travail en 2008. Deux policiers et quatre soldats de l’armée gouvernementale sont également morts des tirs de ces hommes armés début 2009.
Complicité et compromission de certains policiers
La présence de ces sociétés traduirait-elle la faiblesse de la police nationale congolaise qui n’arrive pas à protéger les citoyens et leurs biens ? Rien dans la ville de Bukavu, des groupes de jeunes délinquants sèment la panique et la terreur de jour comme de nuit sans que la police ne parvienne à éradiquer ces associations de malfaiteurs. Les plus virulents sont les ‘Finders’. Ils ravissent portables et bijoux et autres objets de valeur. Certaines langues affirment que certains bandits à main armée agiraient en complicité des policiers indisciplinés. Le commandant de la police au Sud Kivu défend ses hommes mais n’exclut pas la présence des brebis galeuses au sein de ses unités. « Si des cas avérés se présentent, vous les savez bien, je n’hésite pas à les déférer devant la justice militaire. Dans un corps de police pour un pays qui sort de guerre et dont le recrutement s’est opéré de la manière que tout le monde connaît, nous faisons aussi face à quelques bévues. Mais cela ne devrait pas constituer le motif de manque de confiance entre la police et la population, » nous dit le général Gaston LUZEMBO.
Business d’avenir
Les responsables de ces sociétés sont confiants en l’avenir de leur business « Nous offrons nos services de gardiennage et de sécurité selon la demande mais nous ne remplaçons pas l’Etat. Au-delà du fait que nous sommes des privés, nous participons aussi à la sécurisation de nos concitoyens, » déclare M MALIMINGI, patron de KSP.
La société civile, elle, trouve que la présence de ces sociétés de gardiennage et de sécurité ne constitue pas la réponse à la monté de la criminalité. Le malheur de la population fait l’affaire de ces sociétés. « Il faut que l’Etat sécurise tout le monde sans exception. La sécurité de la population et de ses biens et l’une de ses missions essentielles. On ne peut dire qu’on lutte contre la criminalité en s’occupant seulement d’une catégorie de la population, estime pour sa part un membre du réseau de la réforme des services de sécurité. »
Un mal nécessaire
Ne sachant pas à quel saint se vouer devant l’inefficacité de la police, on se tourne vers les sociétés de gardiennage pour se protéger. C’est un mal nécessaire en quelque sorte.
« Ces sociétés sont comme ‘un arbre qui cache la forêt’. Elles ne peuvent pas garantir la sécurité alors que toute la ville est confrontée à une criminalité galopante. Seul un Etat fort et organisé est en mesure de lutter efficacement contre ce fléau, » nous confie, sous anonymat, un agent de l’agence de sécurité des Nations Unies à Bukavu.