Emission à podcaster - De l'ombre à la lumière ou Serge Gainsbourg en 14 chansons

Cette fois elle est consacrée à l'auteur-compositeur Serge Gainsbourg, fils d'immigrants russes juifs, de son vrai nom Lucien Ginsburg. Il rêvait d'être artiste-peintre et vivait jusqu'à l'âge de 30 ans de petits boulots: tour à tour professeur de dessin, de chant, surveillant. Il révèle finalement son talent de génie avec sa première chanson "Le poinçonneur des Lilas" en 1958, en affirmant ce qu'il prouvera plus tard: "Je composerai jusqu'à la décomposition''.

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Extraits textuels de l'émission:

Dans la lumière pour vous présenter ce mini-hommage à l'auteur-compositeur Serge Gainsbourg, au micro Maryse et Cédric. Dans l'ombre, c'est ensemble que nous avons préparé cette programmation. L'émission "De l'ombre à la lumière" a la particularité de revisiter les chansons d'un compositeur ou d'un auteur qui ont été écrites pour différents artistes... C'est ainsi que vous retrouverez, sous la plume ou la baguette de Gainsbourg, les interprètes suivants: Alain Chamfort, Étienne Daho et Dani, Claude François, Joëlle Ursull, Zizi Jeanmaire, Brigitte Bardot et Serge Gainsbourg, Isabelle Adjani, Alain Bashung, Isabelle Aubret, Jacques Dutronc, Julien Clerc, Jane Birkin.

Nous devinons, chers internautes auditeurs, la curiosité que peut vous éveiller cette liste! Bien sûr il était impossible de mentionner tous les artistes qui ont eu le privilège de travailler avec Serge Gainsbourg! Et volontairement nous avons opté pour plus de succès confidentiels que de standards, espérant ainsi vous apporter une expérience "Gainsbarre" autre que celle que vous connaissez déjà par cœur... Commençons de suite le show musical "gainsbardien" avec en lever de rideau la voix du maître quand, pianiste de bar en 1959, il met en musique un poème d'Alfred de Musset, et enregistre cette chanson sur son album "N°2". Serge Gainsbourg: "La nuit d'octobre"

Dans les années 70, sans être encore une icône de la provocation, Serge Gainsbourg est un auteur influent dont les textes bousculent les codes de la chanson française. En 1977 il écrit les paroles d'une chanson composée par Alain Chamfort et Michel Pelay, "Baby Lou". Elle est d'abord interprétée par Alain Chamfort dans son album "Rock'n rose" en 1977, mais les reprises affluent très vite: Lio en 1982, et Jane Birkin l'année suivante. En vidéo vous pourrez voir et écouter la version duo Lio Alain Chamfort, c'était sur un plateau télé de 1985. En audio c'est l’interprétation première en solo d'Alain Chamfort: "Baby Lou"

Et maintenant une chanson que le grand public n'a découvert que bien après la disparition de Gainsbourg. La chanteuse Danièle Graule, alias Dani, devait participer à l'Eurovision en 1974, mais la France se retire du concours suite au décès du président Georges Pompidou, dont les obsèques ont lieu le jour de la compétition. Dani se voit proposer de représenter la France l'année suivante, sur une chanson composée et écrite par Serge Gainsbourg, "Comme un boomerang", dont il enregistre lui-même une maquette. Mais là encore, coup de théâtre, TF1 qui diffuse l'événement refuse la chanson, jugée trop provocante, au profit d'une chanson de Pierre Delanoë interprétée par Nicole Rieu. La chanson de Dani tombe aux oubliettes pendant des années, et il faut attendre 2001 pour que Dani, sous l'impulsion d'Étienne Daho, reprenne en duo avec lui ce titre, devenu tube: "Comme un boomerang"

1967 restera une grande année de création pour le compositeur qui écrit avec Jean-Loup Dabadie la bande originale du film "Anna*" dans lequel il joue même avec Jean-Claude Brialy. Il préparera ensuite la sortie de son album "Initials B.B." avec la chanson éponyme enregistrée à Londres, dédiée à sa muse d'un temps, Brigitte Bardot. Et dans cette faste période musicale, il signe entre autres cette chanson, paroles et musique, pour Claude François: "Hip hip hip hurrah"

Toujours en 1967, Serge Gainsbourg qui n'a jamais caché ses origines et qui disait: "Je suis né sous une bonne étoile... jaune", s'est trouvé sollicité lors de la guerre des six jours en Israël par l’attaché culturel de l’ambassade, pour composer une marche militaire nouvelle. L'enregistrement intitulé "Le sable et le soldat" partira par une navette diplomatique à Tel-Aviv, mais le conflit-éclair étant résolu, la bande magnétique sera rangée aux archives de "Radio Kol Israël". Un collectionneur retrouve l'hymne trente ans plus tard. En 2002, il sera diffusé en France sur la radio de la communauté juive (RCJ) et sera également adapté en hébreu et interprété par la chorale de l'armée de défense d'Israël... Une reconnaissance certes posthume, mais bien un titre de plus répertorié à l’œuvre de l'artiste.

*"Anna", mise en scène et adaptation d'Emmanuel Daumas: aux Nuits de Fourvière (69) du 29 juin au 2 juillet 2013.

Encore l'Eurovision! Tout au long de sa carrière, les talents de composition de Serge Gainsbourg auront été sollicités pour ce concours. Avec France Gall victorieuse pour le Luxembourg en 1965, puis Minouche Barelli en 1967 pour Monaco. En 1990, c'est la chanteuse guadeloupéenne Joëlle Ursull, ancienne membre de Zook Machine, qui représente la France à l'Eurovision. Elle termine en deuxième position, un des meilleurs scores depuis la victoire de Marie Myriam. Beau cadeau de la part de Serge Gainsbourg qui, quelques mois avant sa disparition, écrit les paroles de cette chanson, sur une musique de Georges Ougier de Moussac. Il rend hommage au continent africain qu'il adore et prône le brassage des cultures. Retrouvons en vidéo à l'Eurovision l'interprétation de Joëlle Ursull: "White and black blues"

Pour la grande danseuse et chanteuse Zizi Jeanmaire, Serge Gainsbourg écrira plusieurs célèbres revues musicales. Il y eut en 1972 "Zizi je t'aime" qui a fait vibrer le Casino de Paris, puis en 1977 "Zizi à Bobino", en 1995 "Zizi au Zenith" et pour Radio Fil et le Podcast Journal c'est sur un titre de 1969 crée spécialement pour un show télé avec Jean-Claude Brialy que l'on écoute Zizi Jeanmaire: "Notre dernière chance"

Mai 68, sous les pavés la plage, selon la formule consacrée, et sur un 45 Tours une chanson: "Bonnie and Clyde" avec un duo inoubliable qui porte la griffe Gainsbourg. Le titre est inspiré du film éponyme sorti en 1967, écrit par cet amoureux fou qui vit une passion avec une des plus belles actrices françaises du moment, Brigitte Bardot. Leur idylle sera de courte durée, 86 jours très précisément, comme aime à le rappeler fièrement celui qui se surnomme "l'homme à la tête de chou". Reste alors l'empreinte de ce duo mythique, Brigitte Bardot et Serge Gainsbourg: "Bonnie and Clyde"

C'est sous la bonne étoile de Serge Gainbourg que la comédienne Isabelle Adjani s'est essayée à la chanson. Il l'introduit dans un show télévisé de Maritie et Gilbert Carpentier dès 1974, mais le succès arrive neuf ans plus tard avec un album complet. Sur onze chansons, Adjani et Gainsbourg co-écrivent les textes de sept d'entre elles, tandis que lui compose toutes les musiques. Il s'ensuivra la fameuse chanson "Pull Marine". Cette même année, Isabelle Adjani interprète un autre succès issu du même 33 Tours: "Et moi chouchou"

En 1982 Serge Gainsbourg co-signera avec le chanteur Alain Bashung, à l'occasion de son quatrième opus intitulé "Play Blessures" sur treize titres tous composés par Alain Bashung. Huit d'entre eux ont un texte écrit de la plume de Serge Gainsbourg. On écoute une de ces chansons d'Alain Bashung: "Lavabo"

Pour la petite histoire, l'album aurait dû se nommer "Apocalypso" mais il fut rebaptisé à la dernière minute "Play blessures" car un album du groupe The Motels venait de sortir avec le même nom. Il faut aussi préciser que les critiques ont accueilli froidement l'ensemble de cette collaboration Gainsbourg-Bashung, mais le grand public a su, au final, reconnaître son succès sur le long terme. "Play blessures" est ainsi considéré depuis 1995 comme l'un des meilleurs albums français, un vrai album "culte".

Le début des années 60 est la période "jazz" de Gainsbourg, une période d'ombre où il écrit déjà pour de nombreux artistes dans la lumière. Une de ses premières collaborations se fera avec Isabelle Aubret, qui connaît une période faste depuis sa victoire au 7e grand-prix Eurovision en 1962. L'année suivante, elle fait les premières parties de Jean Ferrat et de Jacques Brel à l'Olympia. Dans son répertoire se cachent quelques textes de Serge Gainsbourg, comme "No Man's Land", "Pour aimer il faut être trois", et la chanson que nous avons choisi date de 1963. Isabelle Aubret: "Il n'y a plus d'abonné au numéro que vous avez demandé"

Sur le 33 Tours de Jacques Dutronc de 1975 on trouve cette chanson aux paroles et musique signées Serge Gainsbourg. Lors d'un show télévisé, que vous pourrez voir en vidéo sur le Podcast Journal, il interprète ce titre en trio avec Serge Gainsbourg et Jane Birkin. Pour notre émission, c'est en solo (ou presque!) que nous allons écouter Jacques Dutronc: "Les roses fanées"

Serge Gainsbourg parolier également de Julien Clerc sur plusieurs titres, comme sur celui-ci de 1980 extrait de son album intitulé "Sans entracte" et dont vous pourrez aussi découvrir la vidéo où Julien Clerc chante en duo avec Coluche!... enfin plus exactement il l'accompagne sur scène. À ne pas manquer! Julien Clerc: "Mangos"

Nous ne pouvions pas réaliser cette émission Gainsbourg sans évoquer la plus anglaise de ses compagnes et égéries, Jane Birkin. Ils se rencontrent sur le tournage du film "Slogan" de Pierre Grimblat en 1968, et forment pendant dix ans un couple très médiatique, avec le célèbre "Je t'aime moi non plus". Ne ratez surtout pas la belle vidéo de la chanson qui vient, un portrait immaculé et poignant que Serge Gainsbourg dresse de sa muse de vingt ans plus jeune que lui. Il la regarde chanter, passionné autant qu'on peut l'être à l'écoute de Jane Birkin qui interprète: "Jane B."

L'heure avance, c'est déjà le dernier titre de nos pérégrinations "Gainsbourg". Les années 80, période reggae après la Marseillaise, inaugurent tous les excès du personnage de "Gainsbarre", poète maudit, mal rasé, aigri et quelque peu alcoolisé, tel qu'il le décrit dans la chanson "Ecce homo" enregistrée en 1981 aux Bahamas. Il faut savoir que Gainsbourg en a aussi enregistré une version restée inédite jusqu'en 2003, avec des textes alternatifs où il évoque le déclin de sa santé et sa mort dans un lit d'hôpital. Conscient que la mort l'attend au tournant, car il a été victime de plusieurs crises cardiaques (la cinquième lui sera fatale en 1991), il compose et interprète sur ce sujet avec poésie et authenticité. Quand Gainsbourg regarde le bout du tunnel, écoutons: "Ecce homo"

"De l'ombre à la lumière" tombe ainsi le rideau de cette programmation des chansons de Serge Gainsbourg, non sans citer quelques unes de ses entités éternelles qui auraient pu aussi être de la sélection telles "La Javanaise" de Juliette Gréco, "Les p'tits papiers" de Régine, "Comment te dire adieu" de Françoise Hardy, ou encore cet album de Vanessa Paradis "Variations sur le même t'aime" qui est la référence de sa carrière, et "Poupée de cire, poupée de son" de France Gall, reprise d'ailleurs en ce printemps 2013 par la chanteuse Jennifer Bartoli sur son nouveau CD... Nous arrêterons là l'énumération! Et il y aurait aussi tant à ajouter à sa carte de visite: scénariste, metteur en scène, écrivain, artiste-peintre, acteur et cinéaste.

Ce génie avant-gardiste de la rime et de la mélodie a gravé dans le XXe siècle une belle partie du patrimoine de la chanson et le personnage continue à passionner les générations, dans la controverse ou l'adulation, Serge Gainsbourg n'est pas prêt d'être oublié.

Si pour les voyantes la destinée de Gainsbourg était déjà écrite dès sa naissance, lui né à deux pas de la SACEM à Paris, qui quelques décennies plus tard en devenant un des sociétaires, confiait avoir arpenté cette rue Chaptal toute son enfance en remarquant: "Il y avait Beethoven qui me narguait de la hauteur de son génie". Influence ou pas?

Et quand Gainsbourg devenu Gainsbarre s'interrogeait encore, avec son humour, sur sa citation: "Rendre l'âme? D'accord, mais à qui?"... Il semble que la réponse il l'a donnée... À personne!... tant il reste présent!

Merci de nous avoir suivi sur ce rendez-vous mensuel "De l'ombre à la lumière", les précédents étaient consacrés à Jean Renard, Luc Plamondon, Jean-Jacques Debout, Alice Dona, Jean-Loup Dabadie, Pierre Delanoë, Vline Buggy, Didier Barbelivien, Francis Lai. Vous savez que vous avez tout loisir de pouvoir réécouter cette émission soit sur Radio fil soit sur Podcast Journal avec ces liens en rappel à communiquer... Sans modération!

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