Photo © D. Jaussein
Présentée pour la première fois en France, cette production d’Elektra importée du Théâtre Marinsky de Saint-Petersbourg a clôturé, tel un électro choc la brillante saison de l’Opéra de Nice.
Volons à l’essentiel. Voulue par Jonathan Kent voici une Elektra de Richard Strauss hors des temps et des mondes dans sa modernité, qui nous plonge dans un espace pourri, putride, abject, au cœur d’un cauchemar sublime et terrifiant, en un mot aux Enfers... Ici, le palais d’Aegisth devient le lieu de tous les vices, de toutes les décadences, depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours. Dans cette poubelle concentrationnaire de fin de monde, Elektra est en fait la seule à rester lucide et à voir clair même à travers sa folie vengeresse et meurtrière…
Nous sommes chez les Atrides, soit, mais aussi dans un Palais miteux et mité, les sous-sols avec son amas d’objets hétéroclites servant de refuge au rôle-titre. La plus sanguinaire des personnages de la tragédie grecque retrouve (dans le huis-clos étouffant et les costumes très bling-bling de Paul Brown) une dimension certes mythologique mais aussi terriblement actuelle, simplement humaine. Un spectacle noir, violent, sauvage, barbare. Jamais depuis Wieland Wagner, un tel mythe n’est apparu aussi clairement dans sa force et sa splendeur primitive.
Habituée du rôle, Larissa Gogolevskaia prouve encore une fois, avec le même bonheur, qu’elle a une incontestable présence vocale et scénique et une compréhension du rôle incomparable. Véritable bête de scène, bloc de lave en fusion, des attitudes, des gestes de tous les jours, une danse finale simplifiée à l’extrême certes mais aussi des silences dans le regard qui en disent long… La soprano russe, grâce à une interprétation finalement dépouillée de toute surcharge mélodramatique, confère avec éclat l’authentique pureté de l’héroïne antique. Plaisir extrême de retrouver un chant aux décibels amplement phrasés, des aigus puissants dardés tels des javelots, un médium chaleureux à l’extraordinaire richesse expressive.
Intense confrontation - on s’en doutait un peu - avec la Klytemnestre d’Ewa Podles (belle mais délabrée dans son hermine, hautaine, d’une déchéance plus morale que physique, loin des matrones ménopausées à la Varney, donc possible rivale en tout), la névrose hantée, le rêve hantant, qui cherche un peu de compréhension auprès de sa fille. En vain.
Face à ces deux monstres sacrés, ces deux chanteuses hors format, sans doute la révélation de la soirée, Manuela Uhl, Chrysothémis craintive et exaltée dans ses bouffées de chaleur, hyperlyrique dans ses montées hormonales et qui n’a rien à envier au niveau sonore à ses illustres consœurs.
Donald Litaker (Aegisth inquiétant dans sa désinvolture et qui court inconscient mais satisfait à l’abattoir) et Vadim Kravetz (Oreste à la mezza voce accablée de tendresse) sont plus que convaincants malgré la brièveté de leur partie.
Très percutante et bien en place aussi la flopée de petits rôles…
Il serait injuste de ne pas associer à cette soirée désormais historique la rigueur de la direction raffinée de Michael Güttler qui distille sang, angoisse et haine, telle une navigation dans les méandres de la psychanalyse, et pour finir, la beauté, dans le murmure comme dans l’ivresse sonore, d’un Orchestre Philharmonique de Nice comme porté à l’incandescence. Vous avez-dit soirée miraculeuse ?
Volons à l’essentiel. Voulue par Jonathan Kent voici une Elektra de Richard Strauss hors des temps et des mondes dans sa modernité, qui nous plonge dans un espace pourri, putride, abject, au cœur d’un cauchemar sublime et terrifiant, en un mot aux Enfers... Ici, le palais d’Aegisth devient le lieu de tous les vices, de toutes les décadences, depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours. Dans cette poubelle concentrationnaire de fin de monde, Elektra est en fait la seule à rester lucide et à voir clair même à travers sa folie vengeresse et meurtrière…
Nous sommes chez les Atrides, soit, mais aussi dans un Palais miteux et mité, les sous-sols avec son amas d’objets hétéroclites servant de refuge au rôle-titre. La plus sanguinaire des personnages de la tragédie grecque retrouve (dans le huis-clos étouffant et les costumes très bling-bling de Paul Brown) une dimension certes mythologique mais aussi terriblement actuelle, simplement humaine. Un spectacle noir, violent, sauvage, barbare. Jamais depuis Wieland Wagner, un tel mythe n’est apparu aussi clairement dans sa force et sa splendeur primitive.
Habituée du rôle, Larissa Gogolevskaia prouve encore une fois, avec le même bonheur, qu’elle a une incontestable présence vocale et scénique et une compréhension du rôle incomparable. Véritable bête de scène, bloc de lave en fusion, des attitudes, des gestes de tous les jours, une danse finale simplifiée à l’extrême certes mais aussi des silences dans le regard qui en disent long… La soprano russe, grâce à une interprétation finalement dépouillée de toute surcharge mélodramatique, confère avec éclat l’authentique pureté de l’héroïne antique. Plaisir extrême de retrouver un chant aux décibels amplement phrasés, des aigus puissants dardés tels des javelots, un médium chaleureux à l’extraordinaire richesse expressive.
Intense confrontation - on s’en doutait un peu - avec la Klytemnestre d’Ewa Podles (belle mais délabrée dans son hermine, hautaine, d’une déchéance plus morale que physique, loin des matrones ménopausées à la Varney, donc possible rivale en tout), la névrose hantée, le rêve hantant, qui cherche un peu de compréhension auprès de sa fille. En vain.
Face à ces deux monstres sacrés, ces deux chanteuses hors format, sans doute la révélation de la soirée, Manuela Uhl, Chrysothémis craintive et exaltée dans ses bouffées de chaleur, hyperlyrique dans ses montées hormonales et qui n’a rien à envier au niveau sonore à ses illustres consœurs.
Donald Litaker (Aegisth inquiétant dans sa désinvolture et qui court inconscient mais satisfait à l’abattoir) et Vadim Kravetz (Oreste à la mezza voce accablée de tendresse) sont plus que convaincants malgré la brièveté de leur partie.
Très percutante et bien en place aussi la flopée de petits rôles…
Il serait injuste de ne pas associer à cette soirée désormais historique la rigueur de la direction raffinée de Michael Güttler qui distille sang, angoisse et haine, telle une navigation dans les méandres de la psychanalyse, et pour finir, la beauté, dans le murmure comme dans l’ivresse sonore, d’un Orchestre Philharmonique de Nice comme porté à l’incandescence. Vous avez-dit soirée miraculeuse ?
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