Dépaysement
Déjà depuis l’otogar tout neuf d’Antakya, le dépaysement est total, tout y semble moderne, propre, organisé. Les femmes portent des tenues légères, ou quand elles sont voilées, c’est un voile assez « soft », noué négligemment et porté parfois avec des tee-shirts à manches courtes. Impensable en Egypte où les filles voilées se couvrent les bras jusqu’aux poignets ! Même les paysages sont différents, ils paraissent très verts après toutes les routes désertiques traversées au Moyen-Orient… A cet instant il me semble que l’Europe commence à l’otogar d’Antakya. La langue reste le seul lien ténu avec le monde arabe, à Antakya les gens comprennent et parlent l’arabe en plus du turc. Une large part de la population de la ville est en effet ethniquement arabe ; la province d’Antakya a en effet longtemps appartenu à la Syrie et continue d’être une revendication territoriale syrienne. L’arabe est donc bien utile pour obtenir tous les renseignements sur place, d’autant que la pratique de l’anglais ne semble pas très développée en Turquie. Et on arrive finalement à nos fins : deux billets de bus de nuit pour la ville d’Antalya sur la côte Sud de la Turquie, où l’on a décidé de passer un jour ou deux. Le départ précoce à 17h45 annonce un voyage et une nuit interminables jusqu’au lendemain matin 9h, ce qui nous fera totaliser une bonne quinzaine d’heures de bus. Le trajet s’avèrera en effet très pénible : arrêts innombrables pour déposer/embarquer des voyageurs, pas de place pour les jambes, routes de montagnes toute la nuit avec des virages serrés qui nous donnent des haut-le-cœur alors qu’on pensait qu’en longeant la côte, on aurait à faire à une route tranquille toute droite… Encore nous ça va, si ce n’est nos pieds qui ont doublé de volume, mais les pauvres enfants présents se mettent à vomir un par un… Seul un « stewart » de bus en costume-cravate qui passe régulièrement pour servir eau, thé et café, égaye quelque peu le voyage.
Bienvenue à Antalya
Enfin arrivées à l’otogar d’Antalya, on retrouve un peu hagards sur un banc Marion et Cyril, deux amis de Jeanne qui voyagent en Turquie pour les vacances, et qui sont aussi épuisés que nous. Ils descendent quant à eux d’un bus de nuit en provenance de la Cappadoce. Les retrouver était plus ou moins prévu à l’avance mais c’est tout de même un bon concours de circonstances que nos deux bus arrivent à quelques minutes d’intervalle au même endroit. Après une petite errance dans la ville d’Antalya en quête de la vieille ville, on débarque tous ensemble à la pension « Senem » tenue par une petite grand-mère bavarde qui tient sa pension aux petits oignons, mollement assistée par un mari qui, lui, peu affable, semble ne parler que par grognements inaudibles. Tous les matins elle prépare avec amour les petits-déjeuners en prenant soin de varier la confiture maison qu’elle va servir : un jour marmelade d’oranges, un jour confiture aux goûteux petits abricots turcs… En plus, la terrasse de la pension jouit d’une vue charmante sur la baie d’Antalya et ses montagnes nimbées de nuages. En descendant vers le vieux port d’Antalya, c’est un nouveau choc, on se retrouve dans une paisible ambiance de station balnéaire avec un charmant petit port de plaisance baigné d’une eau limpide, ses vacanciers en goguette, ses glaciers et ses boutiques de souvenirs partout (pleines du fameux œil bleu turc censé protéger contre le mauvais œil). La vieille ville d’Antalya est complètement rénovée, parsemée de cafés, restos et hôtels de charme, mais à tel point qu’elle en perd un peu. Les maisons ottomanes ne tombent pas en ruine comme j’ai l’habitude de les voir à Alexandrie mais elles sont souvent repeintes ou « replâtrées » d’une façon qui fait perdre quelque peu la saveur de la bâtisse originale…
Sortie en mer
Dans le port, on entreprend de démarcher les armateurs qui proposent à peu près tous la même excursion en bateau mais à des prix fantaisistes qui varient du simple au double à seulement cinq mètres d’intervalle… On arrive finalement à se mettre d’accord avec l’un d’eux qui parle un peu mieux anglais que les autres, il promet du poisson frais au menu pour une excursion à la journée le lendemain à un prix raisonnable. Au programme : une trentaine de plaisanciers de toutes nationalités un peu entassés dans un bateau, arrêt à l’île du rat, et enfin arrêt à proximité d’une autre petite plage. L’île du rat n’est qu’un gros caillou posé dans la mer mais l’avantage c’est qu’on peut plonger dans ses eaux vert émeraude depuis le bateau. Les nageurs s’amusent à plonger depuis le bateau et c’est à qui fera le plus gros « plouf ». Finalement on s’adapte en plongeant avec bonheur et on joue nous aussi aux vacancières d’un jour à Antalya…