Les quelques jours alloués à notre séjour à Istanbul devaient donc prendre fin, à regret, tant il y a à explorer dans cette grande métropole. On s’est en effet accordé plus de temps que d’habitude dans cette ville pivot, à cheval sur deux continents, avant d’affronter l’Europe… Affronter est bien le mot, en raison du saut du coût de la vie et d’une accélération brutale de notre rythme car il ne nous reste plus que dix jours pour relier la Grèce à la France ! Istanbul est reliée à Thessalonique par un train de nuit grec très pratique, avec de confortables couchettes. Je m’effondre littéralement sur la mienne. Un mauvais rhume-angine que je traîne depuis plusieurs jours, contracté sous l’effet d’une climatisation glaçante, a raison de moi tant le mal de tête atteint cette nuit-là son paroxysme. Heureusement, Jeanne est là pour gérer les contrôles de passeports au beau milieu de la nuit…
Thessalonique : la crise
Notre arrivée matinale à Thessalonique est assez pénible, on est fatigué, malade (moi l’angine, Jeanne le ventre) et on atterrit dans un hôtel à déprimer le plus joyeux des voyageurs. Il n’est pas cher, mais on comprend vite pourquoi, les chambres sont rudimentaires et les sanitaires communs sont tellement décrépis et glauques qu’une simple douche peut suffire à donner des idées suicidaires… Pas étonnant que dans ce contexte Jeanne me lance la phrase fatidique « j’ai pas envie d’aller visiter et de me repérer sur une carte, j’ai juste envie d’être chez moi et de regarder un DVD ». A vrai dire, moi j’en n’ai pas une folle envie non plus, surtout que quand on est malade, on a plutôt envie de rester dans son lit…. C’est tout de même fatigant de voyager, de bouger tout le temps et cette lassitude est un peu normale, d’autant qu’on a l’impression d’avoir mangé notre pain blanc au Moyen-Orient, en pouvant se permettre de prendre notre temps à moindre frais. Et le plus dur nous attend avec la traversée des Balkans… Finalement poussées par la faim et par notre raison qui nous dit qu’on a quand même de la chance d’être là, on se décide à explorer Thessalonique, et à se diriger une fois de plus, plan à la main, dans une ville inconnue. Mais la deuxième ville de Grèce ne nous aide pas à retrouver quelque peu d’enthousiasme touristique. Sa corniche de bord de mer, pourtant prometteuse, est dépourvue de charme, et ses monuments byzantins semblent perdus au milieu d’immeubles modernes, notamment les petites églises byzantines aussi encastrées que désassorties à leur environnement. La ville semble en revanche être le paradis des terrasses de cafés, il y en a pour tous les goûts, de branché à cosy. Et quand on s’assoit quelque part, c’est un vrai spectacle : il semble que la mode des minijupes et des bustiers batte son plein et qu’ici les filles osent beaucoup plus qu’en France ! Pas de quoi nous remonter le moral, surtout que depuis plusieurs semaines on tourne avec les quelques mêmes tee-shirts de la garde-robe limitée de notre sac à dos…
Havre de beauté aux Météores
Le lendemain, on se retrouve à devoir attendre plusieurs heures le bus qui doit nous mener à Kalampaka. Je décide de ne plus croire les Offices de Tourisme, celui de Thessalonique nous avait assuré que ces bus étaient très fréquents en été… Après quelques heures de bus et un changement, on arrive enfin dans le petit village de Kalampaka, au pied des Météores. Ceux-ci sont des énormes pitons rocheux qui se dressent hors de la terre tels des menhirs géants par quelques miracles géologiques. Les hommes sont allés construire à leurs sommets des monastères de l’extrême, idéalement situés entre la Terre et le Ciel… Déjà trop tard pour aller les visiter mais le temps passé à Kalampaka nous réconcilie avec le tourisme et la Grèce du Nord. Il fait bon vivre dans ce petit village où l’on peut manger une fraîche salade grecque sous une tonnelle sur la place, où les enfants jouent dans l’eau des fontaines et les retraités se promènent et prennent le frais un peu plus haut dans le village. L’Eglise byzantine semble ici être en harmonie avec son environnement, en plus de posséder de magnifiques fresques intérieures du Moyen Age. Quant à la visite des monastères des Météores le jour suivant, c’est encore plus impressionnant. Ce site n’est pas très connu et beaucoup moins visité que le Péloponnèse mais cela en vaut pourtant le détour ! La visite de l’intérieur des monastères est une plongée au cœur de la Grèce orthodoxe. Et l’ascension jusqu’aux sommets des colosses rocheux ainsi que les panoramas sur le site sont tout bonnement époustouflants…