Les universitaires béninois semblent avoir été entendus par les autorités (photo DR)
Depuis le 15 février, les enseignants du supérieur disposent d’un statut qui leur octroie d’importants avantages financiers. Le gouvernement a fini par fléchir face à une grève déclenchée au début de la rentrée d’octobre 2009. Une rentrée académique qui avait très mal commencé. C’étaient d’abord les étudiants qui avaient ouvert le bal des débrayages en se soulevant contre l’inscription en ligne dans les universités publiques. Cette nouvelle forme d’inscription avait engendré quelques couacs révélant combien l’accès à l’outil informatique et à l’Internet reste problématique dans le pays.
Puis les enseignants du supérieur entrèrent en scène le 14 novembre 2009 avec une plaque revendicative assez fournie : le bilan à mi-parcours de l’équipe rectorale, le respect des franchises universitaires, la création des services hospitaliers dans les hôpitaux de l’espace CHU accompagnée de l’affectation en leur sein de médecins et pharmaciens universitaires sans poste hospitalier, le paiement intégral des frais d’examen, des heures supplémentaires et de vacation et leur révision à la hausse.
Mais, pour les enseignants, la revendication la plus importante concerne la signature et la publication sans délai du nouveau décret portant statut particulier des enseignants du supérieur avec modalités de prise d’effets administratifs et financiers immédiats.
C’est désormais chose faite. Le décret pris mi-février par le gouvernement octroie à l’enseignant du supérieur une série d’indemnités (logement, risque, résidence, expertise) et de primes (qualification, publication, bibliothèque). Par exemple, la prime de qualification mensuelle «non soumise à retenue pour pension et non imposable» culmine de 30 à 60% selon les catégories d’enseignant. Le costume académique leur est désormais offert ainsi qu’une allocation d’incitation à la fonction enseignante.
Les grévistes réunis, en assemblée générale le 17 février, se sont léchés les babines, en étudiant le texte du décret. La décision issue des assises s’en ressent : la grève est suspendue et le gouvernement est invité à réaménager le calendrier universitaire pour le démarrage des cours.
Puis les enseignants du supérieur entrèrent en scène le 14 novembre 2009 avec une plaque revendicative assez fournie : le bilan à mi-parcours de l’équipe rectorale, le respect des franchises universitaires, la création des services hospitaliers dans les hôpitaux de l’espace CHU accompagnée de l’affectation en leur sein de médecins et pharmaciens universitaires sans poste hospitalier, le paiement intégral des frais d’examen, des heures supplémentaires et de vacation et leur révision à la hausse.
Mais, pour les enseignants, la revendication la plus importante concerne la signature et la publication sans délai du nouveau décret portant statut particulier des enseignants du supérieur avec modalités de prise d’effets administratifs et financiers immédiats.
C’est désormais chose faite. Le décret pris mi-février par le gouvernement octroie à l’enseignant du supérieur une série d’indemnités (logement, risque, résidence, expertise) et de primes (qualification, publication, bibliothèque). Par exemple, la prime de qualification mensuelle «non soumise à retenue pour pension et non imposable» culmine de 30 à 60% selon les catégories d’enseignant. Le costume académique leur est désormais offert ainsi qu’une allocation d’incitation à la fonction enseignante.
Les grévistes réunis, en assemblée générale le 17 février, se sont léchés les babines, en étudiant le texte du décret. La décision issue des assises s’en ressent : la grève est suspendue et le gouvernement est invité à réaménager le calendrier universitaire pour le démarrage des cours.
Ils n’ont pas tout eu
En raison de la «clochardisation» de l’enseignant du supérieur, le point sur l’adoption du statut était non négociable, avaient martelé les syndicats. Mais ces derniers n’ont pas tout obtenu. Ils espéraient un texte dont les incidences financières seraient immédiates ; mais le gouvernement les a différées jusqu’à la prochaine rentrée (octobre 2010). Et les arrêtés interministériels devant fixer les taux et modalités d’octroi des avantages financiers ne sont pas encore pris. Ils le seront dans les tous prochains mois, a rassuré le gouvernement dont le silence pendant des mois a poussé les grévistes à bout.
On se souvient, les syndicats, suite aux Assemblées générales du 30 novembre et du 4 décembre 2009, avaient décidé de la radicalisation du mouvement. Ce dernier, parti de 96 heures de grève par semaine, s’était transformé en une paralysie totale «jusqu’à satisfaction totale des revendications».
La pression avait même gagné la rue avec une marche «historique» des universitaires tous vêtus de leurs toges, une tenue qu’ils ont l’habitude de porter seulement lors de grandes sorties académiques comme les soutenances.
Quelques jours après, les étudiants avaient aussi chauffé le macadam, pour mettre en garde enseignants et autorités gouvernementales contre une éventuelle année blanche. Ce jour-là, le ministre en charge de l’Enseignement supérieur, François Abiola a reconnu la «justesse des revendications» des enseignants, mais n’approuve pas «l’intransigeance et le jusqu’auboutisme» des grévistes ; il a promis que son ministère fera tout pour éviter l’invalidation de l’année. Selon le Comité africain et malgache de l’enseignement supérieur (CAMES), il faut vingt cinq semaines, soit environ six mois de cours pour que l’année soit validée. Selon les spécialistes, ce délai expirait cette semaine.
Le 25 janvier, une commission mise en place par le gouvernement et composée des cadres des ministères des Finances, de l’enseignement supérieur, et des représentants des trois syndicats, avait démarré ses travaux pour trouver une issue. Même si ces assises ont été jugées un peu tardives, elles ont eu le mérite de permettre aux différentes parties de s’entendre sur les stipulations du texte à adopter.
L’attitude jugée «attentiste» du gouvernement dans le processus d’adoption du décret portant statut de l’enseignant du supérieur a commencé dès le début du régime actuel, il y a trois ans. Le président Boni Yayi avait demandé et obtenu un moratoire de trois mois. Un moratoire qui n’en finissait plus. Pour beaucoup d’observateurs, c’est sans doute le caractère salé de l’ardoise de la prise du décret qui refroidit les autorités gouvernementales. En effet, selon les cadres du ministère en charge des Finances, la sortie du décret aura un impact financier trop important : l’enseignant du supérieur aura son salaire actuel multiplié par deux ou même par trois. «En cette période de crise économique internationale ayant durement touché des pays comme le Bénin, il sera difficile au gouvernement de faire face à l’application immédiate, telle que l’exigent les trois syndicats», souligne un cadre du ministère de l’Economie et des Finances sous le couvert de l’anonymat.
Dans un dernier sursaut, le chef de l’Etat avait reçu les grévistes le vendredi 5 février. Au sortir de cette rencontre où Boni Yayi a insisté sur les difficultés de l’Etat béninois dues à la crise économique internationale, les responsables syndicaux s’étaient dit «optimistes». Mais à l’assemblée générale du lundi 8 février, la grève avait été reconduite «jusqu’à la satisfaction intégrale des revendications». Le spectre d’une année blanche fortement agité par les uns et les autres n’a pas semblé effrayer les syndicats. La suite des événements leur a donné raison.
On se souvient, les syndicats, suite aux Assemblées générales du 30 novembre et du 4 décembre 2009, avaient décidé de la radicalisation du mouvement. Ce dernier, parti de 96 heures de grève par semaine, s’était transformé en une paralysie totale «jusqu’à satisfaction totale des revendications».
La pression avait même gagné la rue avec une marche «historique» des universitaires tous vêtus de leurs toges, une tenue qu’ils ont l’habitude de porter seulement lors de grandes sorties académiques comme les soutenances.
Quelques jours après, les étudiants avaient aussi chauffé le macadam, pour mettre en garde enseignants et autorités gouvernementales contre une éventuelle année blanche. Ce jour-là, le ministre en charge de l’Enseignement supérieur, François Abiola a reconnu la «justesse des revendications» des enseignants, mais n’approuve pas «l’intransigeance et le jusqu’auboutisme» des grévistes ; il a promis que son ministère fera tout pour éviter l’invalidation de l’année. Selon le Comité africain et malgache de l’enseignement supérieur (CAMES), il faut vingt cinq semaines, soit environ six mois de cours pour que l’année soit validée. Selon les spécialistes, ce délai expirait cette semaine.
Le 25 janvier, une commission mise en place par le gouvernement et composée des cadres des ministères des Finances, de l’enseignement supérieur, et des représentants des trois syndicats, avait démarré ses travaux pour trouver une issue. Même si ces assises ont été jugées un peu tardives, elles ont eu le mérite de permettre aux différentes parties de s’entendre sur les stipulations du texte à adopter.
L’attitude jugée «attentiste» du gouvernement dans le processus d’adoption du décret portant statut de l’enseignant du supérieur a commencé dès le début du régime actuel, il y a trois ans. Le président Boni Yayi avait demandé et obtenu un moratoire de trois mois. Un moratoire qui n’en finissait plus. Pour beaucoup d’observateurs, c’est sans doute le caractère salé de l’ardoise de la prise du décret qui refroidit les autorités gouvernementales. En effet, selon les cadres du ministère en charge des Finances, la sortie du décret aura un impact financier trop important : l’enseignant du supérieur aura son salaire actuel multiplié par deux ou même par trois. «En cette période de crise économique internationale ayant durement touché des pays comme le Bénin, il sera difficile au gouvernement de faire face à l’application immédiate, telle que l’exigent les trois syndicats», souligne un cadre du ministère de l’Economie et des Finances sous le couvert de l’anonymat.
Dans un dernier sursaut, le chef de l’Etat avait reçu les grévistes le vendredi 5 février. Au sortir de cette rencontre où Boni Yayi a insisté sur les difficultés de l’Etat béninois dues à la crise économique internationale, les responsables syndicaux s’étaient dit «optimistes». Mais à l’assemblée générale du lundi 8 février, la grève avait été reconduite «jusqu’à la satisfaction intégrale des revendications». Le spectre d’une année blanche fortement agité par les uns et les autres n’a pas semblé effrayer les syndicats. La suite des événements leur a donné raison.