On ne sort jamais indemne à l’issue d’une symphonie de Gustav Mahler. Même si c’est la Première (Titan) supposée plus facile d’accès que les autres. Le concert donné ce dimanche au Grimaldi Forum en est la preuve flagrante.
Dernier grand représentant du romantisme allemand, Mahler nous livre ici sa première oeuvre majeure. Composée autour de 1888, "en deux actes et plusieurs tableaux" pour reprendre une expression célèbre, la Titan est le manifeste d’un musicien aux colossales ambitions créatrices, comme un élan vital, une poussée semblable à une éruption sonore longtemps contenue. La fontaine des sons comme bâillonnée en lui depuis longtemps se libère, coule, jaillit, inonde et emporte tout sur son passage.
Le premier acte décrit le réveil de la nature dans une sorte de danse florale. La partie suivante est un scherzo où l’orchestre paraît gonfler ses voiles.
Le second acte débute lui par une marche funèbre inspirée des gravures du célèbre nancéen Jacques Callot. Mahler y fait déjà entendre sa prédilection pour le macabre et l’ironique, particulièrement sensible dans le traitement du canon de Frère Jacques.
Le finale impétueux est annoncé par les sept cors avant de voir son tutti littéralement écrasé par le fracas des quatre timbaliers.
Dans cette œuvre, novatrice, audacieuse, gorgée de pathos et d’ironie qui offre à l’orchestre l’occasion de déployer tous ses moyens, la générosité lyrique de Yakov Kreizberg explose au grand jour.
Sa direction rigoureuse, sobre, avec quelques touches de tendresse et de nostalgie vire parfois à la caricature (mais dans le bon sens du terme) dans la fameuse Marche, le morceau le plus étonnant de la partition. Tout vit, tout respire, tout brûle avec une intensité visionnaire à laquelle il n’est pas question de résister. C’est brillant, plein de souffle, somptueux de pâte avec cette touche de mystère et de magie sans laquelle Mahler ne serait pas Mahler.
En première partie de ce concert dominical, sans doute le plus célèbre, le plus achevé de la série des concertos pour violon de Mozart : le numéro 5.
Ici point de virtuosité ostentatoire ou inutile. L’orchestration est plus soignée qu’ailleurs. L’entrée de la soliste, particulièrement originale, se révèle être contre toute attente un adagio à l’esprit très proche de l’opéra.
Viviane Hagner a donc le premier rôle, l’orchestre se cantonnant dans un simple rôle d’accompagnement. Son violon adamantin (un Stradivarius Sasserno de 1717, excusez du peu !) s’inscrit dans le cadre léger et quelque peu frivole du style galant, très en vogue à l’époque.
Yakov Kreizberg, qui boit de l’œil et de l’oreille sa jolie soliste nous entraîne loin des phrasés habituels. Cette élégance, ce plaisir de jouer ensemble, ce son caressé ont apporté à ce concerto un souffle neuf, une couleur originale.
Si l’adagio central aura paru un tantinet plus berceuse sensuelle que nature, l’autorité de l’archet et le brio affiché dans le rondeau final ne pouvaient que dérider les plus atrabilaires.
Une image pour finir : la longue, formidable et chaleureuse standing ovation donnée par le public subjugué d’un Grimaldi Forum bourré à craquer.
Inouïe, incroyable, intense preuve d’affection et d’admiration sans borne des monégasques à leur Orchestre et son Chef ! Un grand moment d’émotion. Quand le public a lui aussi du talent…
Dernier grand représentant du romantisme allemand, Mahler nous livre ici sa première oeuvre majeure. Composée autour de 1888, "en deux actes et plusieurs tableaux" pour reprendre une expression célèbre, la Titan est le manifeste d’un musicien aux colossales ambitions créatrices, comme un élan vital, une poussée semblable à une éruption sonore longtemps contenue. La fontaine des sons comme bâillonnée en lui depuis longtemps se libère, coule, jaillit, inonde et emporte tout sur son passage.
Le premier acte décrit le réveil de la nature dans une sorte de danse florale. La partie suivante est un scherzo où l’orchestre paraît gonfler ses voiles.
Le second acte débute lui par une marche funèbre inspirée des gravures du célèbre nancéen Jacques Callot. Mahler y fait déjà entendre sa prédilection pour le macabre et l’ironique, particulièrement sensible dans le traitement du canon de Frère Jacques.
Le finale impétueux est annoncé par les sept cors avant de voir son tutti littéralement écrasé par le fracas des quatre timbaliers.
Dans cette œuvre, novatrice, audacieuse, gorgée de pathos et d’ironie qui offre à l’orchestre l’occasion de déployer tous ses moyens, la générosité lyrique de Yakov Kreizberg explose au grand jour.
Sa direction rigoureuse, sobre, avec quelques touches de tendresse et de nostalgie vire parfois à la caricature (mais dans le bon sens du terme) dans la fameuse Marche, le morceau le plus étonnant de la partition. Tout vit, tout respire, tout brûle avec une intensité visionnaire à laquelle il n’est pas question de résister. C’est brillant, plein de souffle, somptueux de pâte avec cette touche de mystère et de magie sans laquelle Mahler ne serait pas Mahler.
En première partie de ce concert dominical, sans doute le plus célèbre, le plus achevé de la série des concertos pour violon de Mozart : le numéro 5.
Ici point de virtuosité ostentatoire ou inutile. L’orchestration est plus soignée qu’ailleurs. L’entrée de la soliste, particulièrement originale, se révèle être contre toute attente un adagio à l’esprit très proche de l’opéra.
Viviane Hagner a donc le premier rôle, l’orchestre se cantonnant dans un simple rôle d’accompagnement. Son violon adamantin (un Stradivarius Sasserno de 1717, excusez du peu !) s’inscrit dans le cadre léger et quelque peu frivole du style galant, très en vogue à l’époque.
Yakov Kreizberg, qui boit de l’œil et de l’oreille sa jolie soliste nous entraîne loin des phrasés habituels. Cette élégance, ce plaisir de jouer ensemble, ce son caressé ont apporté à ce concerto un souffle neuf, une couleur originale.
Si l’adagio central aura paru un tantinet plus berceuse sensuelle que nature, l’autorité de l’archet et le brio affiché dans le rondeau final ne pouvaient que dérider les plus atrabilaires.
Une image pour finir : la longue, formidable et chaleureuse standing ovation donnée par le public subjugué d’un Grimaldi Forum bourré à craquer.
Inouïe, incroyable, intense preuve d’affection et d’admiration sans borne des monégasques à leur Orchestre et son Chef ! Un grand moment d’émotion. Quand le public a lui aussi du talent…