iTELE: un soutien qui pose question


Par Rédigé le 10/02/2017 (dernière modification le 09/02/2017)

Quelques mois après une grève destructrice qui a vu partir deux tiers de la rédaction, iTELE tente de se relever. Une question demeure: doit-on soutenir la chaine française, et à travers elle, ce type de journalisme de l’instantanéité?


Plateau d'iTELE. Photo (c) Bapti

iTELE CNews.mp3  (129.38 Ko)

L’annonce a été faite début janvier 2017, la date est maintenant officielle. Le 27 février 2017, iTELE sera renommée CNews. Signe d’un nouveau départ pour une chaine meurtrit. Une seule question s’impose, doit-on pour autant défendre cette forme de journalisme de l’instantanéité?

"Priver un journaliste de son rôle d'analyse c'est l'amputer d'une partie fondamentale de sa mission".


Un soutien à deux vitesses

À iTELE l’information donnée au public doit se faire au plus vite. Être le premier à divulguer l’information dans un monde où celle-ci est partout, et transmise par tous. Cette information qui se fait dans la fulgurante est propre au journalisme 2.0. Elle se base plus sur la forme d’un sujet, que sur le fond.

Ainsi les sujets évoqués sur ces chaines d’information en continu, sont formatés et ne durent en moyenne que deux minutes chacun. Que faut-il alors comprendre d’un sujet si court sur les récents conflits dans la ville d’Alep ? L’information donnée nous permet-elle de comprendre les causes du conflit, ou simplement les dernières conséquences de celui-ci?

Car informer et s’informer, c’est être citoyen. Mais si le simple but d’informer se réduit à débiter des faits sans donner les clés de compréhension à son public, est-ce alors vraiment nécessaire? N’est-ce pas là un manquement au devoir qui régit la profession de journaliste?

Quel avenir pour la chaine?

Dernièrement, une étude réalisée par l’institut Kantar pour le quotidien La Croix faisait état d’une dégradation croissante des relations entre le grand public et les organes de presse. Ainsi, que ce soit à la radio, à la télévision, dans les journaux ou sur le web, la confiance des Français envers ces médias est partout en baisse sur un an. Dans ce virage du numérique, le journalisme se doit d’évoluer et de réaffirmer son utilité et sa légitimité en société. Cela veut-il dire qu’il faut perdre en qualité de contenu pour plaire à un plus large audimat?

Car un journaliste qui se prive de son rôle d’analyse, s’ampute d’une partie fondamentale de sa mission. Ce type de journalisme partage des informations brutes qui sont de moins en moins échancrées par l’analyse du professionnel de l’information. Or, permettre à son public de distinguer la partie immergée de l’iceberg du fait informationnel, c’est permettre à celui-ci de comprendre ce fait sans mal interpréter sa cause. iTELE (et plus généralement le modèle BFMTV) peut-il dès lors nuire à l’intérêt journalistique et a sa légitimité auprès du grand public?

À l’heure ou la profession est en pleine redéfinition de son identité, la capacité à fournir une valeur ajoutée analytique à l’information semble primordiale pour porter la profession. Ce qu’iTELE (et prochainement CNews) semble parfois mettre de côté. Cette grève avait pour but celui de faire valoir le droit à l’indépendance et la liberté d’une rédaction face à ses patrons. Tachons maintenant de faire vivre les devoirs déontologiques du journalisme. À commencer par ne pas censurer une information pendant plusieurs heures durant comme ce fut le cas sur iTELE avec l’affaire du "Pénélope Gate".







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