Yaoundé attend le pape


Par Max Dominique Ayissi Rédigé le 08/03/2009 (dernière modification le 08/03/2009)

Le souverain pontife est en visite au Cameroun, du 17 au 20 mars prochain. Yaoundé, la capitale et l’Eglise locale se préparent à l’accueillir, dans une effervescence qui ne fait pas que des heureux.


Visite d’Etat et pastorale

Photo: Ricardo Stuckert/PR (Source: wikipedia)
C’est en ses qualités le chef de l’Etat du Vatican et de primat de l’Eglise catholique romaine que Benoît XVI vient au Cameroun. L’évènement est exceptionnel, à plus d’un titre. Puisqu’il s’agit de sa toute première sortie en terre africaine, depuis son élection, en 2005. Ce sera aussi la troisième fois que Cameroun accueillera un pape, après les deux précédentes visites de sa sainteté Jean Paul II, en 1985 et 1996. Mais la venue, à Yaoundé, de Benoît XVI, est surtout pastorale. Le souverain pontife vient en effet lancer le deuxième synode des évêques africains qui aura lieu à Rome, le … de cette année.
Il n’échappe non plus à personne que c’est à Yaoundé que son illustre prédécesseur proclamait, il y a 13 ans, l’exhortation post-synodale « Ecclésia in africa ». Venir lancer, sur les mêmes lieux, cet autre synode des évêques africains, est, pour nombres des observateurs, un signe de continuité, après les réhabilitations houleuses, d’il y a quelques jours. Le lancement officiel aura lieu au cours de la messe pontificale que sa sainteté présidera au stade Omnisport Ahmadou Ahidjo, le dimanche … Le pape aura une rencontre avec le collège des évêques africains, à la paroisse Christ Roi de Tsinga, au cœur de la capitale du Cameroun et une autre avec le clergé local et les laïcs, en la basilique Marie reine des apôtres de Mvolyé.

Préparatifs et mobilisation

C’est donc la totalité de la seigneurie catholique romaine africaine que la capitale du Cameroun va accueillir, dès le 17 mars prochain. Et elle s’y prépare activement. Certes, personnes ne voudrait vraiment y voir une conséquence de ceci, mais l’électrification urbaines a pris un coup de neuf, notamment la route reliant le centre ville à l’aéroport international de Yaoundé-Nsimalen, dont le souverain pontife devrait fouler le sol, dans la mi-journée du 17 mars. L’opération s’assainissement de la ville en a également pris un coup d’accélérateur, avec le déguerpissement des vendeurs à la sauvette, dont les achalandages encombrent les bordures des principales artères de la ville. Le gouverneur de la région du centre a réuni, il y a quelques jours, ses collaborateurs de tous les départements environnant le Mfoundi, siège des institutions. Avec l’objectif de faire de cette visite une grande fête.
L’effervescence est aussi perceptible chez les clercs. Depuis quelques semaines, il est organisé des conférences sur des thématiques ayant trait à la visite du pape. Comme à l’accoutumée, un tissu pagne a été confectionné, pour la circonstance, qui sera dévoilé dans les prochains jours. Le Cameroun, qui compte les catholiques, pour la moitie de ses 16 millions officiels d’habitants, attend cette visite comme une bénédiction. Surtout dans le contexte de délabrement moral et même de recul de la foi et des bonnes mœurs, que dévoile la situation politique, économique et religieuse du pays.

Les sujets qui fâchent

Dans la catégorie des questions qui fâchent, l’évêque métropolitain de Yaoundé, Mgr Victor Tonyè Bakot défraie, une fois de plus la chronique. Contournant l’interdiction canonique de l’organisation d’une quête pendant les offices célébrés par le pape, l’archevêque de Yaoundé aurait demandé que soit tenue une collecte sournoise de fonds, pendant la messe de lancement du synode. L’information, qui est relayée par des sources intérieures au presbyterium local, indique de graves dissensions, entre l’évêque et son clergé. Le fait n’est pas nouveau, puisque le diocèse est officiellement en faillite, avec une dette de plus de onze milliards de francs Cfa, soit environ … milliards d’euros. En sa qualité de président de la Conférence Episcopale Nationale du Cameroun (CENC), il est soupçonné de vouloir se servir de la visite de pape, pour renflouer ses caisses. Nombres d’observateurs pensent d’ailleurs que, si cette visite était entièrement consacrée à l’Eglise camerounaise, l’archevêque de Yaoundé n’échapperait pas à l’œil inquisiteur de sa sainteté Benoît XVI.
Comme un mauvais présage, la cathédrale Notre dame des victoires de Yaoundé, la paroisse de l’archevêque, n’accueillera pas le souverain pontife, comme ce fut le cas lors des deux précédentes visites papales. Aucune explication officielle n’a été donnée, à cette esquive pontificale. Mais l’on sait que l’édifice est en piteux état. Avant l’accident de la circulation quia failli lui couter la vie, il y a un an, l’archevêque de Yaoundé avait fait de nombreuses collectes de fonds, pour la construction de deux clochers, dans la perspective justement de cette visite du pape. C’est finalement la communauté urbaine de Yaoundé et le conseil pastoral paroissial qui s’occupe, en ce moment même, de faire le ménage et sauver la face. Après que le plus haut lieu cultuel de l’archidiocèse soit devenu un chantier abandonné.





Autres articles dans la même rubrique ou dossier: