Voyager en Mongolie


Par Rédigé le 21/04/2020 (dernière modification le 08/04/2020)

En ces temps de confinement, il est agréable de rêver d’évasion ou même de se plonger dans celle des autres. Aussi, pourquoi pas se rendre en Mongolie?


Alexis Léger à Saint John Perse (c) Filo gèn Wikipedia

Mongolie.mp3  (3.2 Mo)

Comme nous y invitait du 21 juin au 9 novembre 2019 l’exposition présentée par la Fondation Saint-John Perse d’Aix en Provence, "Voyager en Mongolie en 1920: Alexis Leger, Gustave-Charles Toussaint, Jean-Augustin Bussière, Henri Picard-Destelan", elle permettait de revivre cette aventure insolite avec les documents d’époque de la Fondation aidée par les descendants des participants. Créée en 1975, immédiatement après la mort du poète, le 20 septembre 1975, grâce à la donation de tous les documents lui ayant appartenu, environ 14.000, la Fondation a pour mission de conserver, de communiquer ce fonds et de mettre en valeur l’œuvre poétique du prix Nobel de littérature 1960.
Il y a donc cent ans qu’était entrepris ce voyage, Alexis Léger, son véritable nom, âgé alors de 33 ans, né le 31 mai 1887 à Pointe-à-Pitre, était depuis fin 1916 secrétaire à la Légation de France à Pékin, il y restera jusqu’en avril 1921. Par la suite, il sera directeur des Affaires politiques du ministère des Affaires étrangères avant d’en être le secrétaire général de 1933 à 1940. Il effectua ce voyage du 10 au 22 mai 1920 en compagnie de trois personnes exceptionnelles, Gustave-Charles Toussaint, initiateur du voyage, ce magistrat était un explorateur habitué de ces contrées assez méconnues et un éminent spécialiste du bouddhisme, Jean-Augustin Bussière, médecin de la Marine et des Colonies, en poste de la Légation de France à Pékin, il a exploré le Sahara, et les déserts de Perse, le journal qu’il a tenu a été publié pour la première fois en juin 2019, à l'occasion de l’exposition. Les photos inédites qu’il a prises pendant l’expédition sont aussi visibles. Henri Picard-Destelan en faisait également partie, passionné de cheval et d’explorations il était alors directeur des Postes en Chine, il avait préparé le tracé à travers le désert de Gobi, en suivant les fils télégraphiques.
Les quatre hommes s’étaient rencontrés en Chine au début du XXe siècle. Le voyage avait commencé à Pékin et les conduisait à Ourga, l’actuelle Oulan-Bator, plus d’un millier de km à l’aller, dans une Buick découverte, une douzaine de jours d’aventure, dans ce qu’on appelait alors la Mongolie extérieure, coincée entre les empires russe et chinois et cible des convoitises des Occidentaux et des Japonais, au moment où le Parti Populaire de Mongolie établit des liens avec le mouvement communiste international. On imagine ce qu'ont pu connaître les quatre voyageurs habillés à l’européenne, vêtus de costumes et cravate avec un feutre mou que parfois sous de grand vent ou la bise, il faudra remplacer par un foulard. Ils traversent la steppe, rencontrent des nomades, et parviennent à la capitale mongole aux nombreux temples, la ville compte alors 20.000 habitants dont 15.000 moines. Ces vastes étendues inspireront à Saint-John Perse son oeuvre majeure "Anabase" qu’il publiera en 1924 dans la Nouvelle revue française. Cette même année, le pays deviendra la République populaire de Mongolie.





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