Vers la création d’un Fonds d’Urgence Humanitaire


Par Max Dominique Ayissi Rédigé le 03/05/2009 (dernière modification le 03/05/2009)

La Croix Rouge Camerounaise a engagé une collecte, pour doter le pays d’un fonds d’urgence, en cas de catastrophe civile ou humanitaire.


Photo : CRC
Ce que le président de la CRC qualifie de « appel pressant » est officiellement motivé par un passif riche en situations d’urgences. Il s’agit entre autres de la catastrophe du Lac Nyos, qui a vu, en 1986, des villages entiers décimés dans le Nord-ouest du Cameroun, après l’émanation d’un gaz toxique. Il y a aussi la catastrophe de Nsam, au cœur de la ville de Yaoundé, où des dizaines de personnes ont perdu la vie, après l’explosion d’une citerne d’essence. Des populations avaient pris d’assaut un camion tombé en panne, le vidant de son contenu, avant qu’une étincelle ne vienne les passer à la grille.
Plus près de nous, en 2007, le crash d’un avion de la Kenyan Airways, quelques minutes seulement après son décollage de l’aéroport international de Douala, avait révélé l’inexistence cruelle d’un dispositif d’urgence, dans la machine sécuritaire camerounaise. L’avion avait été recherché à plus de 400 kilomètres, au sud du pays, alors qu’il était tombé à quelques pieds de là, dans les marécages de Mbanga Pongo.

Une vraie poudrière

Photo : CRC
Le potentiel catastrophe du Cameroun est immense. Les conflits armés, dans les pays voisins, en font une terre de refuge. Les inondations y sont favorisées, à la fois, par ses reliefs et le non respect systématique des normes, en matière d’urbanisation et de construction. Le pays est outre soumis à des épidémies récurrentes de méningite ou de choléra. Le Mont Cameroun, une de ses fiertés touristiques, est en regain d’activité avec des irruptions qui, comme en 1999 et 2001, sont plus que jamais une menace pour les populations environnantes.
A chacune de ces occasions, la solidarité nationale a souffert de l’indisponibilité financière et matérielle, qui hypothèque fortement les capacités de réaction, à l’échelle locale, avant l’assistance internationale. Il faut très souvent des « aides personnelles » du chef de l’Etat ou de son épouse, pour cacher la forêt du vide structurel en la matière.
Même si les autorités de la Croix Rouge Camerounaise ne l’évoquent pas, il y a surtout que, à la façon dont il est gouverné, le Cameroun est une vraie poudrière. La résurgence des conflits ethniques et sociaux, tels que les émeutes de février 2008, qui ont embrasé nombre de grandes villes camerounaises ; un régionalisme de plus en plus exacerbé ; le fossé grandissime, entre les riches et les pauvres ; les problèmes de gouvernance politique et économique ; la contestation récursive des résultats des élections ; la lutte des barrons au sommet de l’Etat, dans la perspective de la succession, en 2011, de l’actuel président de la République ; le cambriolage des édifices publics, dont des garnisons militaires ; l’insécurité, avec la circulation des armes de guerre sont autant d’indicateurs qui font planer, sur le Cameroun, le spectre de la déstabilisation.
Selon William Aurélien Etéki Mboumoua, « la Croix Rouge Camerounaise a la capacité et le savoir-faire nécessaire, pour intervenir avec efficacité et célérité dans tous les champs qui sollicitent et interpellent un devoir d’humanité». Les fonds collectés devraient lui permettre d’avoir une plus grande autonomie, pour faire face aux situations de vulnérabilité les plus urgentes.






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