A Rabastens, Nicolas Mirroir entame un long combat administratif pour sensibiliser à la cause du handicap. Dans le but de recevoir sa mère handicapée en vacances, le Tarnais achète, en 2011, une voiture d'occasion aménagée. "Sans ce type de véhicule, toute sortie est impossible pour ma mère. Je vous laisse imaginer sa vie" témoigne Nicolas Mirroir. Neuf ans après, ce véhicule utilitaire est toujours fonctionnel et en bon état. "Tous les deux ans, la voiture a passé le contrôle technique avec succès" poursuit-il. Cette fois-ci, la visite ne se passe pas comme prévu. Pour valider son contrôle technique, Nicolas doit changer trois lettres sur sa carte grise. "Sur la carte grise, il n'est pas noté que c'est un véhicule aménagé pour handicapés" déclare t-il. "Pour faire la modification, il est nécessaire de justifier des aménagements sur le véhicule." A cette étape administrative, Nicolas n'avance plus. Des documents introuvables lui sont demandés. "Le garage où on a acheté la voiture d'occasion en 2011 n'a pas ces documents. Le constructeur garde les archives 10 ans. La voiture datant de 1998, ces documents sont irrécupérables" témoigne le Rabastinois. Actuellement son dossier est toujours au point mort. "Le véhicule ne peut plus rouler alors qu'il est impeccable. Il est bon pour la casse" conclut-il dépité.
Des nouvelles réglementations rarement utilisées
Cette situation hors du commun surprend de nombreux garagistes. Souvent délaissées, les nouvelles réglementations ne leur servent pas quotidiennement. "Il faut que la mention handicap soit indiquée car il y a une modification de la carrosserie" déclare le centre de contrôle technique albigeois Rapide Controle. "Avant la carrosserie était considérée comme un défaut mineur. Depuis les nouvelles réglementations de 2019, tout changement à ce niveau là doit apparaître sur la carte grise." Cette réglementation concerne donc tout type de véhicule aménagé. Fourgonnettes, voitures modifiées, caravanes, les centres de contrôle technique n'accepteront plus les cartes grises n'indiquant pas les modifications effectuées. Les démarches administratives en revanche doivent être réalisables pour pouvoir homologuer les voitures. Dans le Tarn, ces démarches sont gérées par la DREAL (Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement). C'est à cette étape là que Nicolas Mirroir ne peut plus avancer. Malgré plusieurs sollicitations, le service territorial n'a pas souhaité répondre à nos questions.
Plus de 40.000 partages sur les réseaux sociaux
Membre actif sur les réseaux sociaux, sa publication sur Facebook n'est pas passée inaperçue. Sensibilisant à la cause du handicap son post a dépassé les 40.000 partages. "Je ne veux pas être larmoyant mais ce genre d'injustice me dégoute" s'indigne Nicolas Mirroir. "Peut-être qu'avec la magie du partage mon message arrivera dans les hautes sphères". Cette initiative lui a permis de réunir de nombreux soutiens partout en France. Quelques personnes suggèrent de contacter différents médias, comme Julien Courbet sur RTL, tandis que d'autres conseillent de rouler sans contrôle technique. Plusieurs messages de soutien se mélangent à de l'indignation. "Envoyez un courrier au ministre des Transports. Il faut viser plus haut. C'est une honte" déclare Mandy Coco. "Essayez de contacter l'APF France Handicap. Ils ont du poids et un grand réseau pour peut-être vous aider à trouver une solution", propose Laurie Togépixx. Actuellement sans résultat, il a essayé de contacter l'Elysée par le biais d'une lettre. "On ne peut plus utiliser la voiture. Ma mère ne peut plus nous rendre visite. On ne sait plus comment faire", conclut Nicolas Mirroir.