Une journée avec les étudiants en grève de l'université de Rennes 2


Par Rédigé le 29/03/2016 (dernière modification le 28/03/2016)

Reportage à Rennes sur la journée de mobilisation du jeudi 24 mars 2016 contre le projet de loi El Khomri sur la réforme du code du travail. Étudiants, lycéens et salariés se sont fortement mobilisés. Entre 3 et 10.000 personnes selon les sources ont défilé dans les rues de la capitale bretonne.


Les étudiants de Rennes 2 se préparent pour la manifestation

Les étudiants de Rennes 2 réunis devant les marches du hall B. Photo (c) Alice Dutray.

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"Rennes 2 la rouge is back" peut-on lire dans le hall du bâtiment de langue ce jeudi 24 mars. La veille, une assemblée générale avait réuni 1200 étudiants dans ce même hall. Une présence record qui présage une mobilisation sur la durée du campus de Rennes 2, à l’image des luttes passées contre le CPE en 2006 ou la réforme des universités (LRU) en 2008 et 2009.

Il est 9h sur le campus rennais. Le blocage total annoncé est finalement remplacé par un barrage filtrant, car les étudiants ont obtenu la banalisation des cours et la levée des contrôles continus pour les journées du 24 et du 31 mars 2016.

Les grévistes préparent la manifestation qui doit partir de Rennes 2 à 11h. Ils organisent des groupes pour aller débrayer les lycées des alentours afin de former un cortège étudiants et lycéens pour se rendre au rendez-vous fixé par l’intersyndicale à 12h place du parlement. Les grévistes, prévenus par sms par des camarades, savent déjà que de nombreux camions de CRS les attendent dans le centre ville de la capitale bretonne. Cette après-midi, le ministre de la Défense et président de la région Bretagne Jean-Yves Le Drian sera à la préfecture de Rennes.

La tension monte, les étudiants savent que la répression policière risque d’être au rendez-vous. Ils accrochent des matelas derrière les banderoles de tête pour les renforcer: "Les CRS visent la banderole avec leurs flashballs" confie une étudiante. "Ils nous chargent et nous gazent sans sommation. Certains nous provoquent en pointant leurs flashballs vers nos visages" explique un autre. "L’autre jour, nous étions en manifestation dans le centre-ville, ils ont commencé à faire usage de lacrymogènes alors qu’il y avait des enfants autour".


Une manifestation sous haute tension

Étudiants, lycéens et salariés défilent dans les rues de Rennes. Photo (c) Alice Dutray.
Peu après 11h, un cortège de plusieurs milliers de jeunes quitte le campus en direction de la place du parlement. Un manifestant distribue des tracts sur la marche à suivre en cas d’arrestation. Sur la route, un groupe de personnes tente de s’attaquer à un magasin alimentaire sous les huées des manifestants. Les forces de l’ordre interviennent, mais le calme revient très vite et le cortège poursuit sa route vers le centre-ville.

Les salariés sont venus nombreux au rendez-vous. Des syndicalistes de la FSU, de Solidaires, et de la CGT viennent grossir le cortège. Des étudiants de Rennes 1, de Sciences Po Rennes et de nombreux lycées de la ville sont également présents. Un groupe de personnes profite du rassemblement pour dévaliser un magasin de vêtements situé sur la place du parlement. Les forces de l’ordre, occupées à sécuriser le périmètre de la préfecture n’interviennent pas. Des manifestants tentent en vain d’empêcher le pillage.

Peu après midi, la manifestation quitte la place en direction de la gare. 3000 personnes d’après la police, 10.000 selon l’Unef ont défilé pendant plusieurs heures dans les rues de Rennes. Le cortège a tenté à plusieurs reprises de rejoindre la préfecture afin de perturber l’après-midi du ministre de la défense. Finalement, la police tente de disperser la foule à l’aide de gaz lacrymogène rue des Fossés. Après un court moment de panique, les grévistes se rassemblent et décident de rentrer en cortège à Rennes 2. Les manifestants qui rentraient dans le calme ont été chargés par les CRS à plusieurs reprises à proximité de l’hôpital Pontchaillou. Ils étaient encore plusieurs milliers de personnes à rejoindre le campus de Villejean aux alentours de 16h.

De retour sur le campus, étudiants et lycéens improvisent une assemblée générale

Étudiants et lycéens rentrent en cortège à Rennes 2. Photo (c) Alice Dutray.
Étudiants et lycéens se sont ensuite rassemblés dans un amphithéâtre du campus pour une assemblée générale et un "débrief" de la journée de mobilisation.

Bilan: une personne arrêtée et une autre blessée par un tir de flashball. Après plus de quatre heures de marche, les grévistes ont encore de l’énergie pour organiser les prochaines journées de mobilisation. Les interventions se succèdent. Comment réagir face aux forces de l’ordre, multiplier les manifestations, organiser des actions "coup de poing" de blocage des flux pour perturber l’économie, se coordonner avec les lycées et avec les salariés... Les thèmes abordés sont nombreux. Finalement, les étudiants annulent la manifestation nocturne prévue pour le soir même par crainte de débordements.

Si les chiffres annoncés au niveau national pour cette journée de mobilisation du 24 mars sont en baisse par rapport à ceux de la semaine dernière (43.000 le 24 mars contre 69.000 le 17 selon la police), le nombre de manifestants rennais a quant à lui augmenté, et la forte affluence lors de la dernière assemblée générale de Rennes 2 annonce une journée de grève suivie pour le 31 mars 2016. La prochaine assemblée générale de l'université se tiendra le mercredi 30 mars pour organiser la suite du mouvement. Rennes n’a donc pas fini de vibrer au son des slogans des manifestants qui entendent bien être à la hauteur de la réputation de fer de lance du mouvement social de la capitale bretonne.

Manifestation anti loi El Khomri du 24 mars 2016 à Rennes






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